Logo Epoch Times
plus-icon

Après un « record » de 2024, la Grande Barrière de corail retrouve‑t‑elle une santé inattendue ? Un expert estime que le récif est en « excellent état »

top-article-image

En 2024, la Grande Barrière de Corail a atteint un niveau record en termes de population corallienne.

Photo: AndriiSlonchak/iStock

author-image
Partager un article

Durée de lecture: 7 Min.

Tristes records, taux de mortalité élevés des coraux, blanchissement massif : chaque été, on pourrait conclure des titres de presse que la Grande Barrière de Corail est en voie de disparition irréversible. Un déclin, souvent mentionné, qui serait attribué au réchauffement climatique, lequel élève aussi la température des océans. L’appel à poursuivre les efforts mondiaux de décarbonation s’en trouve renforcé.
Située sur la côte nord-est de l’Australie, avec une longueur d’environ 2300 kilomètres, elle est le plus grand système corallien au monde. Dans le débat sur le changement climatique, elle occupe une place centrale.
Le récif en « excellent état »
Mais tous les scientifiques ne partagent pas ce pessimisme. Parmi eux, Peter Ridd. Physicien australien, auteur et ancien professeur à l’université James Cook, il a déclaré à Epoch Times : « La Grande Barrière de corail est en excellent état. Au cours des cinq dernières années, sa couverture corallienne a été supérieure à celle de chacune des 35 années précédentes, c’est‑à‑dire depuis le début des mesures. »
Comment expliquer une conclusion aussi divergente par rapport à de nombreux autres reportages ? Peu de spécialistes connaissent la Grande Barrière aussi bien que lui. Le physicien étudie le récif depuis 1984. En 41 ans, il a publié plus de 100 articles scientifiques sur cet écosystème marin.
Peter Ridd étaye son affirmation par un graphique montrant la couverture corallienne de 1985 à 2025. Celui‑ci illustre une baisse marquée du nombre de coraux depuis l’été 2024. Toutefois, ce recul fait suite à un pic historique sur toute la période. Même aujourd’hui, la couverture corallienne reste supérieure à celle observée entre 1985 et 2022. Le point le plus bas a été atteint en 2012. Entre 2012 et 2024, la couverture corallienne de la Grande Barrière a presque triplé.
L’ancien professeur précise que ce graphique est basé « exclusivement sur des données officielles ». « Les données proviennent de l’Institut australien des sciences marines. » Chaque année, cet organisme examine environ 100 des 3000 récifs de la Grande Barrière de Corail. Il suit également les collectes de données du Réseau mondial de surveillance des récifs coralliens (Global Coral Reef Monitoring Network).
Les coraux préfèrent‑ils les eaux plus chaudes ?
Les récifs peuvent effectivement subir un stress thermique, explique le physicien, ce qui vaut pour tous les écosystèmes terrestres également.
« Les coraux aiment généralement une eau plus chaude et y croissent plus rapidement », affirme M. Ridd. « Par exemple, toutes les espèces coralliennes de la Grande Barrière vivent aussi dans des eaux plus chaudes, près de l’équateur, où elles croissent beaucoup plus vite. Chaque degré supplémentaire de réchauffement climatique permet aux coraux de croître au moins 20 % plus vite. »
Lors d’étés exceptionnellement chauds, certains coraux peuvent néanmoins mourir par « blanchissement », précise encore le chercheur. Mais cela a toujours été un phénomène fréquent chez les coraux. « Les coraux se rétablissent et repoussent. »
Le blanchissement survient lorsque le corail expulse ses algues symbiotiques internes, ce qui peut poser problème lors de périodes de chaleur anormale. « En réalité, le blanchissement est un mécanisme pour faire face aux variations de température », explique Peter Ridd.
Le physicien reconnaît le réchauffement en cours, estimant que la température des océans a augmenté « un peu, peut‑être d’un degré Celsius ». Il ajoute : « Mais l’idée qu’une si faible augmentation détruirait les coraux est absurde. Quel autre organisme réagit si sensiblement à un si faible changement de température moyenne ? » Selon lui, les données ne soutiennent pas l’idée que ce réchauffement entraîne une perte de coraux.
Peter Ridd va plus loin : « En général, un climat plus chaud est toujours meilleur pour les coraux. On va dans les tropiques pour voir des coraux, pas en Allemagne, même si certaines espèces vivent dans des eaux très froides — même en Écosse. Mais elles poussent si lentement qu’elles ne forment pas de ‘récifs’. »
Vue aérienne d'une partie de la barrière de corail sud de la Grande Barrière de Corail près de l'île Lady Musgrave, au large de la côte est du Queensland, en Australie. (Rani Zerafa/iStock)
« Pas de blanchissement observé récemment » déclare l’agence de surveillance australienne
La Grande Barrière de corail fait en outre l’objet d’une surveillance régulière par la Great Barrier Reef Marine Park Authority, une agence du gouvernement australien. Dans son dernier rapport de juillet 2025, ses équipes ont relevé des températures légèrement élevées. « Les températures de surface de la mer au‑dessus de la Grande Barrière de corail restent supérieures à la moyenne. Juin 2025 est ainsi le quatrième mois le plus chaud enregistré dans les eaux du parc marin », indique le rapport.
Sur la santé du récif, les données proviennent de 338 relevés réalisés du 1er juin au 20 juillet sur 44 récifs. Durant cette période, l’agence déclare n’avoir « observé aucun blanchissement corallien ».
Entre le 14 avril et le 31 mai, 342 relevés avaient été effectués, lors desquels l’agence australienne a noté un faible blanchissement corallien. Celui‑ci est apparu sur 3 des 34 récifs inspectés, soit 8 %. De plus, la majorité des blanchissements observés se situaient à un faible niveau, entre 1 et 10 %.
S’agit‑il d’alarmisme ?
Au vu des données compilées, le chercheur déclare : « Cela prouve que l’alarmisme concernant la Grande Barrière de corail est totalement infondé. J’aimerais que le monde sache que le récif n’est pas dans un état aussi catastrophique que le décrivent les médias. »
D’après le physicien australien, la Grande Barrière est l’un des écosystèmes les plus intacts de la planète. « Oui, parfois certains coraux meurent, mais quel être vivant ou quel écosystème n’a pas de morts ? », fait‑il remarquer.
Il conclut : « La Grande Barrière de corail est l’emblème des conséquences du changement climatique. Si plus de gens savaient dans quel bon état elle se trouve, ils regarderaient avec plus de scepticisme bien d’autres affirmations exagérées sur le changement climatique. »
Maurice Forgeng est spécialisé dans les questions liées à la transition énergétique. Il a acquis une expertise dans le domaine des énergies renouvelables et du climat et possède une formation en génie énergétique et en technique du bâtiment.

Articles actuels de l’auteur