Après la condamnation de Nicolas Sarkozy, Marine Le Pen et Gérard Larcher s’en prennent à l’exécution provisoire

Photo: Bastien Ohier / Hans Lucas via AFP
La condamnation jeudi de l’ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, à une peine de prison ferme dans l’affaire du financement libyen de sa campagne de 2007 a relancé les critiques contre l’exécution provisoire des peines, à droite comme au Rassemblement national.
Marine Le Pen, directement concernée par ce sujet, a été la première à dégainer, quelques heures après l’annonce de la décision de justice.
Marine Le Pen dénonce une « négation » de la présomption d’innocence
« La négation du double degré de juridiction par la voie de la généralisation de l’exécution provisoire par certaines juridictions représente un grand danger, au regard des grands principes de notre droit, au premier rang desquels se trouve la présomption d’innocence », a écrit la dirigeante du RN sur X.
Elle-même a été condamnée en mars à cinq ans d’inéligibilité avec exécution provisoire dans l’affaire des assistants parlementaires européens. Ayant fait appel, un nouveau procès doit se tenir en 2026. Mais cette disposition l’expose à une incertitude politique majeure : sa capacité à se présenter à la prochaine élection présidentielle.
Dans le cas de Nicolas Sarkozy, l’exécution provisoire prive son appel de tout effet suspensif et l’expose ainsi à la prison dans l’attente d’une condamnation définitive.
Marine Le Pen, invitée sur LCI dans la soirée, a établi un parallèle entre sa situation et celle de l’ancien chef de l’État, mettant en cause l’impartialité de la justice. « Un certain nombre de magistrats ont une sorte de tableau de chasse où ils essayent d’épingler un maximum de politiques », a-t-elle lancé, en accusant le Parquet national financier d’être « devenu en réalité un parquet politique ».
Gérard Larcher et la droite s’interrogent
Quelques heures plus tôt, Gérard Larcher, président du Sénat et figure des Républicains, avait lui aussi exprimé ses doutes, disant « partager » le « questionnement grandissant au sein de la société sur l’exécution provisoire d’une condamnation alors que les voies de recours ne sont pas épuisées ».
Une position dont s’est aussitôt félicitée Marine Le Pen, y voyant le « signe que la lepénisation des esprits commence à être efficace, quel que soit le domaine ».
L’ancien président Nicolas Sarkozy a, pour sa part, été condamné à cinq ans d’incarcération par le tribunal pour association de malfaiteurs. Il devrait devenir le premier ex-chef de l’État à purger une peine de prison. Le parquet doit le convoquer le 13 octobre pour lui signifier sa date d’incarcération.
Éric Ciotti, ancien président des Républicains rallié au RN en 2024, a affirmé avoir « une pensée amicale pour Nicolas Sarkozy », qu’il juge « condamné à une peine extrêmement sévère ».
Droite et gauche se déchirent autour du jugement
Ces marques de solidarité ont suscité de vives réactions à gauche. Le coordinateur de La France insoumise, Manuel Bompard, a dénoncé le « deux poids deux mesures » d’une droite prompte à critiquer le prétendu laxisme judiciaire mais qui conteste ici la fermeté des juges.
De son côté, Éric Ciotti avait déjà plaidé, après la condamnation de Marine Le Pen, pour la suppression de l’exécution provisoire des peines d’inéligibilité – une réforme qui ne concernerait pas Nicolas Sarkozy. Selon un sondage Ifop publié en avril, les Français s’opposent toutefois largement à un tel changement législatif (64%).
Bruno Retailleau, patron des Républicains et ancien ministre de l’Intérieur, a préféré prendre de la distance avec le débat sur l’exécution provisoire, assurant simplement son « amitié » et son « soutien » à Nicolas Sarkozy, qu’il espère voir « faire prévaloir son innocence en appel ». L’ancien Premier ministre Édouard Balladur a lui aussi réagi, saluant « le courage » de l’ex-président dans « une épreuve tellement injuste ».
À gauche, le ton était plus acerbe. L’eurodéputée LFI Manon Aubry a ironisé en reprenant une formule restée célèbre de Nicolas Sarkozy : « Vous en avez assez de cette bande de racailles ? On va vous en débarrasser ! » La députée insoumise Anaïs Belouassa-Cherifi a pour sa part tourné en dérision les déboires judiciaires de l’ancien président : « Finalement, c’est Nicolas qui paie », moque-t-elle, reprenant une expression devenue virale dans les cercles de droite face à la pression fiscale.

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