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Alexandre Loukachenko affirme que le Bélarus accueillerait Nicolás Maduro s’il quittait le pouvoir
Les deux dirigeants n’ont jamais évoqué une telle éventualité, a indiqué le président bélarussien dans un entretien à Newsmax.

Le président bélarussien Alexandre Loukachenko lors d’une rencontre avec le président russe au Kremlin, à Moscou, le 26 septembre 2025.
Photo: RAMIL SITDIKOV/POOL/AFP via Getty Images
Le dirigeant vénézuélien Nicolás Maduro serait le bienvenu au Bélarus s’il venait un jour à quitter le pouvoir, a déclaré le président bélarussien Alexandre Loukachenko dans un entretien récent.
Interrogé le 13 décembre dans l’émission « The Record » de la chaîne Newsmax pour savoir s’il offrirait l’asile à Nicolás Maduro en cas de départ de la présidence vénézuélienne, Alexandre Loukachenko a répondu que ce dernier serait accueilli à Minsk s’il le souhaitait, tout en précisant que les deux hommes n’avaient jamais évoqué une telle hypothèse.
« Maduro n’a jamais été notre ennemi ni notre adversaire. S’il souhaitait venir au Bélarus, nos portes lui seraient toujours ouvertes », a affirmé M. Loukachenko à la présentatrice Greta Van Susteren, selon un extrait diffusé le 15 décembre par son service de presse sur Telegram. « Mais, pour être franc, nous n’en avons jamais parlé. »
Alexandre Loukachenko a balayé l’idée que Nicolás Maduro puisse fuir son pays.
« Maduro n’est pas le genre d’homme à tout abandonner pour s’enfuir », a‑t‑il lancé.
Cet entretien intervient dans un contexte de montée des tensions entre Washington et Caracas, après une série d’opérations militaires américaines lancées en septembre contre des navires transportant de la cocaïne au large du Venezuela. L’administration Trump affirme que cette campagne vise à perturber l’action de cartels sud‑américains qui introduisent des drogues illicites aux États‑Unis.
Cette escalade a ravivé à Washington le débat sur l’avenir du régime de Nicolás Maduro, que les États‑Unis jugent illégitime et lié à la corruption ainsi qu’au narcotrafic. Si le président Donald Trump n’a pas appelé explicitement au départ de M. Maduro, il a laissé entendre que des opérations terrestres au Venezuela pourraient débuter « très bientôt ».
Nicolás Maduro est arrivé au pouvoir en 2013, après la mort de son prédécesseur socialiste Hugo Chávez, et a continué de diriger le pays au milieu d’un effondrement économique prolongé et de multiples accusations de fraude électorale. À l’instar de nombreux gouvernements d’Amérique du Sud, les États‑Unis ne reconnaissent pas ses victoires aux élections de 2018 et de 2024, et l’accusent de diriger un réseau narco‑terroriste s’appuyant sur des cartels de la drogue.
Nicolás Maduro rejette ces accusations et soutient que l’objectif réel des actions militaires américaines est de provoquer un changement de régime et de s’emparer des vastes réserves pétrolières du Venezuela.
Alexandre Loukachenko, lui, est au pouvoir depuis 1994. Il a décroché en janvier un septième mandat de cinq ans avec 87 % des suffrages, dans un contexte de vives accusations de manipulation électorale. Des soupçons similaires entourant le scrutin de 2020 avaient déclenché des manifestations d’ampleur nationale et entraîné de lourdes sanctions internationales.
Un important train de sanctions, imposé en 2021 par l’administration Biden contre l’industrie bélarussienne des engrais potassiques au motif d’une élection frauduleuse et d’abus de pouvoir, a été levé ce mois‑ci dans le cadre des efforts de l’administration Trump pour relancer le dialogue diplomatique avec Minsk. En contrepartie, Alexandre Loukachenko a libéré plus de 120 prisonniers politiques, dont des figures de l’opposition incarcérées après les manifestations de 2020.
Évoquant les tensions entre les États‑Unis et le Venezuela, Alexandre Loukachenko y voit un problème lié à la proximité géographique des deux pays, et dit comprendre pourquoi Donald Trump ne tolérerait pas un gouvernement hostile aussi proche de son territoire.
« Je comprends Donald Trump à bien des égards, parce que le Venezuela est proche, tout comme l’Ukraine l’est de la Russie », a‑t‑il expliqué. « Je suis absolument convaincu que toutes les questions, toutes les aspirations des États‑Unis d’Amérique peuvent aujourd’hui être réglées de manière entièrement pacifique. »
Interrogé sur l’extension par Donald Trump de la campagne militaire de lutte contre le narcotrafic, Alexandre Loukachenko a cependant estimé que la force ne pourrait, à elle seule, venir à bout du problème.
« Il faut combattre ce fléau, mais on ne vaincra pas la drogue avec des missiles », a‑t‑il déclaré. « Nous devons peut‑être chercher de nouvelles méthodes. Nous devons réfléchir, pas nous battre. »

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