Les militaires contrôlaient strictement l’accès au camp, vérifiant les identités et fouillant les personnes. Seuls ceux dont les maisons figuraient sur la liste des démolitions ont été autorisés à passer.
Récupérer les fragments d’une vie ordinaire
Dans une atmosphère tendue, certains ont pu récupérer de grands réservoirs d’eau, d’autres des photos de famille, un matelas ou un radiateur – les fragments d’une vie ordinaire devenue extraordinaire par la force des événements.
Un paysage de désolation
« Le camp est détruit », témoigne Mahmoud Abdallah, ancien résident de Nour Chams. Autour de lui, ses voisins s’affairent, chargeant dans de petites camionnettes des meubles, des jouets d’enfants, ou même un cadre de fenêtre. « Je n’ai vu aucune maison encore debout, peut-être une ou deux partiellement, mais elles n’étaient plus habitables », décrit-il, la voix chargée d’émotion.
Éradiquer les groupes armés palestiniens
Cette destruction massive s’inscrit dans une vaste opération militaire lancée début 2025 par l’armée israélienne. L’objectif annoncé : éradiquer les groupes armés palestiniens, particulièrement dans les camps de réfugiés du nord de la Cisjordanie occupée, comme ceux de Jénine, Tulkarem et Nour Chams. Au cours de cette opération, des centaines de maisons ont été rasées, officiellement pour faciliter le passage des troupes.
Une crise humanitaire sans précédent
Les chiffres traduisent l’ampleur du désastre humain. Plus de 32 000 personnes restent déplacées, selon l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA). Roland Friedrich, responsable de l’UNRWA en Cisjordanie, ne mâche pas ses mots : « Il n’y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions. »
Pour ce responsable onusien, ces destructions s’inscrivent « dans une stratégie plus large visant à modifier la géographie sur le terrain », une situation qu’il qualifie de « tout simplement inacceptable ». Il estime qu’environ 1 600 habitations ont été totalement ou partiellement détruites dans les camps de la région de Tulkarem, provoquant « la crise de déplacement la plus grave que la Cisjordanie ait connue depuis 1967 ».
« Nous reconstruirons, même si les maisons sont démolies »
Malgré la violence de cette épreuve, certains habitants refusent de céder au désespoir. « Nous reviendrons et, si Dieu le veut, nous reconstruirons, même si les maisons sont démolies, nous n’aurons pas peur », affirme avec détermination Ibtisam al-Ajouz, dont la maison figure parmi celles promises à la démolition.
Ces paroles de résilience résonnent comme un défi lancé à l’adversité, témoignant de la force d’un peuple qui, malgré les destructions répétées, continue d’espérer un retour à une vie normale.
Avec AFP