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159 députés appellent à soutenir les forces démocratiques en Iran face à la « dictature sanglante des mollahs »

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Photo: crédit photo ATTA KENARE/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 13 Min.

Réunis autour du Comité parlementaire pour un Iran démocratique (CPID), 159 députés français condamnent les exécutions d’opposants politiques et appellent à soutenir une alternative démocratique à la République islamique dans une déclaration transpartisane rendue publique mardi. Cet appel intervient alors que le régime des mollahs détient toujours deux ressortissants français sur la base d’accusations jugées fantaisistes par Paris et qu’un jeune Bisontin de 18 ans, qui traversait l’Eurasie à vélo avant d’entamer ses études supérieures, vient d’être arrêté à son tour en Iran, accusé d’espionnage. Un motif régulièrement utilisé par Téhéran pour exercer un chantage diplomatique sur le gouvernement français, lui-même régulièrement critiqué pour sa diplomatie jugée trop timorée.
« Nous ne pouvons pas rester les bras croisés à regarder ces massacres se perpétuer. » Par ces mots, la députée écologiste Christine Arrighi a donné le ton du rassemblement organisé mardi devant l’Assemblée nationale pour alerter sur la recrudescence des « exécutions contre ceux qui contestent la dictature sanglante des mollahs ». « Nous ne pouvons pas assister passivement à la poursuite, par ce régime sanguinaire, de ses offensives contre la démocratie, contre l’expression populaire, contre les femmes qui s’élèvent en Iran », s’est-elle exclamée.
C’est dans cet esprit que 159 parlementaires français ont signé une déclaration transpartisane appelant à soutenir une transition vers une république démocratique « sans Shah ni Mollah ». « Cette alternative est possible », a affirmé Christine Arrighi, également présidente du Comité parlementaire pour un Iran démocratique, à l’origine de l’initiative. « Le régime des mollahs est, de notre point de vue, en pleine déliquescence. Il ne tient plus que par la répression exercée contre son propre peuple. »
Jean-Pierre Brard, ancien député et figure historique du CPID, a cependant rappelé que « la solution ne viendra jamais de l’extérieur, mais du peuple d’Iran lui-même ». Une position partagée par Philippe Gosselin (LR), membre du CPID, qui a expliqué que cette déclaration vise à « envoyer un message clair au peuple iranien : les parlementaires français que nous sommes souhaitent tout faire pour soutenir l’émergence d’une véritable démocratie ».
« L’Occident trop souvent complaisant vis-à-vis de Téhéran »
Interrogée par Epoch Times sur les réseaux d’influence du régime islamiste en France analysés dans l’enquête journalistique La Pieuvre de Téhéran, Christine Arrighi a rappelé que le CPID collabore avec la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale. Invitée à réagir aux « liens troublants » qu’établissent les auteurs de l’ouvrage entre certains vecteurs d’entrisme iranien et la rhétorique de La France insoumise, la députée a souhaité plutôt insister sur le caractère transpartisan de l’action menée par le comité. « Les parlementaires s’y engagent à titre individuel », a complété de son côté Jean-Pierre Brard, en citant le soutien du député LFI Hadrien Clouet.
L’occasion pour lui de souligner que le CPID est en lien avec la présidence de la République pour pousser le gouvernement à rompre avec « la politique de complaisance » des États occidentaux « qui ont trop souvent ignoré les intérêts du peuple iranien pour ne voir que des intérêts économiques ».
Christine Arrighi a aussi profité de ce rassemblement pour réitérer le soutien du CPID à Cécile Kohler et Jacques Paris, deux otages français détenus en Iran. « Les mollahs se servent d’otages comme instruments de chantage vis-à-vis de nos diplomaties », a-t-elle dénoncé.
Les touristes français, victimes de la « diplomatie des otages »
Selon le Quai d’Orsay, l’arrestation et la détention arbitraire par le régime islamiste de touristes occidentaux remplissent deux objectifs. Tout d’abord, obtenir l’échange de prisonniers iraniens. Ensuite, aider le régime à prouver auprès de la population l’existence de complots étrangers, particulièrement depuis le soulèvement populaire de l’automne 2022 déclenché par la mort de Jina Mahsa Amini, jeune femme tuée par la police des mœurs pour un port jugé non conforme du voile.
Plusieurs Français ont fait les frais de cette politique, à commencer par Cécile Kohler, professeure de français dans un lycée, et Jacques Paris, professeur de mathématiques à la retraite, arrêtés à Téhéran en mai 2022 alors qu’ils effectuaient un voyage touristique dans ce pays.
Accusés d’« espionnage » pour le compte des services de renseignement français, les deux enseignants ont disparu plusieurs mois avant de réapparaître le 6 octobre 2022 à la télévision d’État iranienne (IRIB), en pleine vague de protestation après la mort de Jina Mahsa Amini. Dans une vidéo de propagande tournée sous la contrainte, ils affirment être des agents de la DGSE venus « préparer une révolution » en Iran.
Le 2 juillet dernier, à la suite de la guerre de douze jours entre Israël et l’Iran, les autorités iraniennes ont annoncé que Cécile Kohler et Jacques Paris étaient désormais inculpés d’« espionnage pour le Mossad », de « complot contre le régime » et de « corruption sur terre », un chef d’accusation religieux issu de la charia, passible de la peine de mort.
Critiqué par ses opposants de droite pour son ambiguïté, voire son manque de fermeté face à l’Iran pendant la guerre de douze jours, au cours de laquelle il avait surtout appelé à la désescalade, Emmanuel Macron a cette fois dénoncé une « provocation » et « un choix inacceptable d’agressivité », menaçant l’Iran de « mesures de rétorsion » si les accusations étaient maintenues.
Parmi les autres Français victimes d’un traitement similaire figure Louis Arnaud, arrêté en septembre 2022 alors qu’il se rendait à un escape game à Téhéran durant un tour du monde entamé après la crise du Covid. Accusé d’avoir pris part aux manifestations de l’automne 2022, selon le régime islamique, il a été condamné pour « atteinte à la sécurité de l’État » puis libéré en février 2024. Olivier Grondeau, également en tour du monde, a été interpellé le mois suivant dans le sud du pays, condamné en février 2024 pour « complot contre la République islamique » et relâché en mars 2025. Bernard Phelan, professionnel du tourisme, a été, lui, interpellé en octobre 2022 dans le nord-est de l’Iran, avant d’être libéré en mai 2023.
Quant à Benjamin Brière, globe-trotteur qui documentait son périple en van de pays en pays sur Instagram depuis 2018, il avait été arrêté en mai 2020 avant d’être libéré en mai 2023, après une grève de la faim.
Un cycliste français de 18 ans tout juste arrêté pour « espionnage »
Ce jeudi, le ministère iranien des Affaires étrangères a annoncé l’arrestation pour « délit » d’un nouveau Français, Lennart Monterlos, un jeune de 18 ans qui effectuait un voyage de « 400 jours, 35.000 km », à travers « 35 pays » jusqu’au Japon, la réalisation d’un « rêve » avant d’entamer ses études après avoir obtenu son baccalauréat en 2024. Selon les informations du Point, il serait emprisonné à Bandar Abbas, dans le sud du pays, sur des accusations d’espionnage.
Le touriste avait cessé de donner signe de vie le 16 juin. La veille, il ironisait encore sur les mises en garde de ses proches sur Instagram : « Si tu veux te délester de ta richesse d’Européen, tout est trop peu cher, les gens sont trop accueillants. […] Surtout, écoute les médias, c’est un pays super dangereux et ne viens pas en Iran. »
Une naïveté qui a ému Mahnaz Shirali, sociologue et spécialiste de l’Iran, ce vendredi sur France info : « Je ne comprends pas que des Français prennent encore leur vélo ou leur billet d’avion pour se rendre dans un pays comme l’Iran, alors que l’on sait très bien que les dirigeants de ce pays sont dangereux ».
Évoquant le cas du jeune homme ce lundi sur RTL, le ministre des Français de l’étranger, Laurent Saint-Martin a de nouveau rappelé que « l’Iran a une politique délibérée de prise d’otages des Occidentaux ».
Otages français : la diplomatie de Paris sous le feu des critiques
Une situation qui inquiète, alors même que la politique étrangère d’Emmanuel Macron dans sa gestion des prises d’otages en Iran, mais aussi en Algérie, suscite régulièrement des critiques pour son manque de fermeté. « N’importe quel État digne de ce nom se bat pour sortir ses ressortissants des geôles, notamment lorsqu’ils sont retenus de manière totalement illégale et scandaleuse. On est incapable de faire sortir nos otages en Iran, on est incapable de faire sortir nos otages en Algérie », dénonçait le journaliste Éric Revel, invité sur Europe 1 le 30 juin.
Une accusation faisant écho à un reproche de Bernard Phelan, ex-otage français détenu en Iran, qui regrettait publiquement un attentisme de l’exécutif : « En France, pendant ma détention, les autorités disaient à mes proches de ne pas faire de vagues. Alors que c’est justement ce qu’il fallait faire ! », déplorait-il en avril dernier, sur les ondes de France Bleu.
Le cas iranien trouve un écho dans celui de Boualem Sansal, écrivain algérien naturalisé français, aujourd’hui emprisonné en Algérie, un pays soutien du régime iranien. Là encore, Paris est accusé de timidité excessive.
« Le gouvernement français estime qu’il ne faut pas irriter les autorités algériennes et utiliser les canaux diplomatiques pour les amadouer pour qu’elles puissent in fine faire preuve de clémence à l’égard de notre compatriote scandaleusement incarcéré », analysait auprès d’Epoch Times Arnaud Benedetti, fondateur du comité de soutien à Boualem Sansal, le mois dernier. Et de conclure, cinglant : « Force est de constater que cette politique n’a pas porté ses fruits. »
Dans un entretien à Epoch Times le 28 juin, le journaliste Ivan Rioufol, lui, pointait du doigt une ligne diplomatique à géométrie variable, marquée par un contraste entre la posture de fermeté affichée face à la Russie et une attitude jugée complaisante à l’égard de l’Iran et de l’Algérie : « À la posture de hard power adoptée par Emmanuel Macron face à Moscou répond, de manière schizophrénique, une attitude capitularde de soft power vis-à-vis de Téhéran. »