Yvelines : une jeune femme et son père agressés dans une gare pour une tenue jugée trop courte

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Photo: Crédit photo MATTHIEU DELATY/Hans Lucas/AFP via Getty Images
Un père de famille et sa fille de 28 ans se sont fait lyncher par un couple, le 27 juillet dernier, à la gare de Meulan-en-Yvelines (Yvelines). Cette agression, gratuite, leur a valu plusieurs jours d’arrêt. Il semblerait qu’elle ait été déclenchée par la tenue vestimentaire de la jeune femme, jugée trop courte. Le procès des deux agresseurs présumés est prévu pour septembre.
Laurent et sa fille Ève (les prénoms ont été changés) se trouvaient sur le quai de la gare de Meulan-en-Yvelines lorsqu’un couple est passé non loin d’eux. Laurent accompagnait sa fille, qui devait assister à un concert de K-pop au Stade de France, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Cette dernière portait une jupe courte recouvrant un short, comme le rapporte Le Parisien. La tenue de la jeune femme serait la raison de cette agression.
« Je vais l’achever au couteau »
Si les blessures s’estompent, le traumatisme reste quant à lui bien présent, comme en témoigne auprès de nos confrères le père de famille âgé de 58 ans. Ce dimanche après-midi-là, sur le quai opposé, le père de famille voit passer un jeune couple. « Lui est costaud, sportif. Elle porte une djellaba noire. Elle regarde dans notre direction et glisse quelques mots à son compagnon. Il tourne la tête et se met à nous insulter », raconte Laurent, détaillant la bordée d’injures sexistes que lui et sa fille ont reçues, sans réagir.
Mais l’homme à l’allure d’athlète ne s’arrête pas là. Après avoir traversé les voies, il frappe violemment Laurent à la nuque. Sa fille tente de le repousser avec du déodorant, faute de bombe lacrymogène. Puis Laurent riposte en frappant à son tour l’agresseur au visage avec son casque, le blessant à l’arcade. Cette blessure déclenche un déchaînement de violence encore plus intense. « Ça l’a rendu complètement fou », explique Laurent, qui a ensuite reçu des coups de pieds et de poings au niveau des cuisses, du ventre, mais aussi au visage.
Pendant ce temps, la femme accompagnant l’agresseur rejoint ce dernier, frappant Ève avec tout autant de rage. Laurent entend l’homme proférer des menaces à son encontre : « Je vais l’achever au couteau. » L’agresseur, d’autant plus furieux que ses lunettes ont été cassées dans l’altercation, exige alors d’Ève qu’elle les lui rembourse et la force à retirer de l’argent à la banque. Le père de famille, cloué au sol et à demi conscient, voit sa fille quitter les lieux sans pouvoir réagir.
« Cette tenue est une tenue normale dans un monde normal »
Les agresseurs ont déposé la jeune femme aux urgences de l’hôpital de Meulan, qui s’en sort avec 27 jours d’arrêt de travail et neuf points de suture. Laurent, qui l’a rejointe un peu plus tard, s’est vu quant à lui prescrire dix jours d’incapacité de travail, nous apprend Europe 1.
Les agresseurs ont obligé la fille de Laurent à retirer 140 euros à un distributeur automatique, précise encore la station de radio auprès de laquelle le père est également revenu sur cette agression. « Elle était correctement vêtue. Cette tenue est une tenue normale dans un monde normal. Nous sommes en démocratie. La démocratie on l’accepte, c’est tout, sinon on va ailleurs », a-t-il déclaré, ajoutant que sa fille est depuis « marquée de partout ».
« J’en veux terriblement à tous ceux qui ont assisté à la scène sans intervenir »
Son agresseur – un homme ayant déjà été condamné pour des violences ayant entraîné une infirmité permanente – ainsi que sa compagne, ont été interpellés et placés en détention provisoire quelques jours plus tard.
Le couple sera jugé le 23 septembre prochain au tribunal judiciaire de Versailles, et Laurent attend de ce procès « des réponses ». « J’aimerais qu’ils s’expliquent. Moi, je ne suis pas là pour faire de la politique. Je ne confondrai jamais l’islam et la population musulmane avec le comportement de ces personnes », indique-t-il encore au quotidien francilien.
Et si Laurent remercie les forces de l’ordre pour avoir « accompli un travail remarquable », ainsi que pour leur présence et leur bienveillance, il déclare en revanche en vouloir « terriblement à tous ceux qui ont assisté à la scène sans intervenir, sans appeler la police ».

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