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Pressions à la BBC

Une présentatrice de la BBC préfère dire « femmes enceintes » que « personnes enceintes » et se retrouve dans la tourmente

Une présentatrice de la BBC, devenue virale après avoir remplacé en direct l’expression « pregnant people » par « pregnant women », a été rappelée à l’ordre par la direction, qui a estimé qu’elle avait exprimé « un point de vue personnel sur un sujet controversé ».

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La présentatrice de la BBC Martine Croxall, à son arrivée devant le tribunal du travail de London Central, à Kingsway, dans le centre de Londres, le mercredi 1ᵉʳ mai 2024. Photo d’archives.

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Durée de lecture: 6 Min.

Jeudi, la BBC a confirmé avoir retenu les plaintes visant la journaliste Martine Croxall. Celle-ci n’a toutefois pas été sanctionnée plus sévèrement par l’audiovisuel public, déjà sous pression après la fuite d’un rapport interne mettant en cause ses biais présumés.

L’incident est survenu au moment où Mme Croxall introduisait un court sujet sur les décès liés aux vagues de chaleur. À la lecture de l’expression « pregnant people » (personnes enceintes), la présentatrice a esquissé une grimace, manifestant une forme d’exaspération, avant de corriger aussitôt par : « pregnant women » (les femmes enceintes).

Saisies, les instances de contrôle ont estimé que l’expression faciale de la présentatrice pouvait laisser penser qu’elle exprimait une opinion personnes sur un sujet controversé touchant à l’identité de genre.

La séquence lui avait pourtant valu une salve de messages enthousiastes, notamment de l’autrice de Harry Potter, J. K. Rowling, qui a écrit sur X : « Je me suis trouvé une nouvelle présentatrice préférée à la BBC. »

Selon la rédaction de BBC News, Mme Croxall réagissait à des tournures « mal intégrées dans le script », parmi lesquelles « the aged » (les âgés), qui ne correspond pas au style maison, ou encore « pregnant people », qui ne reflétait pas la formulation utilisée dans le reportage diffusé ensuite.

L’instance de surveillance a néanmoins estimé que la journaliste avait donné « l’impression forte de faire part d’un avis personnel sur un sujet controversé — même involontairement — ce qui ne répond pas aux attentes de la BBC en matière d’impartialité ».

L’organisme a ajouté que les critiques relevées dans les plaintes, de même que les nombreux messages de soutien reçus par Mme Croxall sur les réseaux sociaux, confirmaient que « l’impression d’une prise de position personnelle était largement partagée, toutes opinions confondues ».

La décision a été transmise à la direction de BBC News.

La présentatrice n’a pas réagi publiquement depuis ce rappel à l’ordre, mais avait remercié ses nouveaux abonnés sur X : « Merci infiniment à tous ceux qui ont choisi de me suivre aujourd’hui, pour une raison ou pour une autre. Quelle journée ! » a-t-elle écrit.

Parallèlement, la BBC a été sommée par la commission parlementaire chargée de la culture, des médias et du sport de s’expliquer sur ses pratiques éditoriales, après la publication dans The Telegraph d’un rapport interne particulièrement critique rédigé par l’un de ses propres conseillers.

Le mémo de 8000 mots, signé par l’ancien journaliste Michael Prescott et adressé au conseil d’administration, évoque de multiples dérives et un biais manifeste dans la couverture de sujets variés : soupçons infondés de racisme chez les assureurs automobiles, traitement jugé partial de l’actualité américaine, ou encore influence de certaines sensibilités internes sur la couverture des questions trans.

M. Prescott, qui a démissionné en juin 2025 de son poste d’expert indépendant auprès du comité des lignes éditoriales, affirme notamment que l’émission Panorama a « trafiqué » un discours de Donald Trump pour laisser penser qu’il avait explicitement appelé à la violence lors de l’attaque du Capitole, le 6 janvier 2021.

Ancien responsable politique au Sunday Times, il pointe aussi de nombreuses insuffisances dans le traitement du débat sur le sexe biologique et l’identité de genre.

Alerté par une présentatrice, il dit avoir interrogé un journaliste et un producteur de la BBC, qui lui auraient confié que, « à maintes reprises », les membres spécialisés du service LGBT refusaient de traiter tout sujet posant des questions sensibles sur le débat trans.

« L’accusation formulée était claire : ce service avait été capté par un petit groupe militant (…). Les émissions ne disposaient plus de leurs propres reporters pour contrebalancer cette influence », écrit-il.

Son mémo mentionne également un rapport de David Grossman présenté en octobre 2024 au comité éditorial, dénonçant « un flux constant de sujets à sens unique, souvent des reportages mettant en valeur l’expérience trans sans réel équilibre ni rigueur », y compris lorsque des athlètes masculins s’identifiant comme femmes étaient célébrés pour avoir battu des sportives.

Des voix absentes du débat

Le rapport souligne aussi l’absence de témoignages clés : par exemple les personnes ayant détransitionnées, et qui disent regretter les transformations irréversibles de leur corps, ou encore ceux des professionnels alertant sur la prise en charge de mineurs questionnant leur genre, seraient rarement entendus dans les programmes de la BBC.

La BBC a déjà fait l’objet de nombreuses plaintes pour son traitement des questions trans. En 2020, elle avait été accusée de propagande auprès des enfants après la diffusion sur CBBC de First Day, une fiction centrée sur un garçon de 12 ans affirmant être une fille.

Son service de contrôle interne avait également estimé qu’elle avait enfreint les règles d’exactitude en ne mentionnant pas l’identité trans d’un meurtrier, Scarlet Blake, présenté comme une femme lors de sa condamnation en février 2024.

La BBC est financée par une redevance obligatoire versée par tous les foyers recevant la télévision en direct.