Un enseignant, chercheur au CNRS, a été viré de l’école de police après avoir critiqué les violences contre les « gilets jaunes »

Photo: Shutterstock | Kristi Blokhin
Un sociologue, qui a critiqué la gestion du maintien de l’ordre pendant la crise des « gilets jaunes », s’est vu retirer son enseignement à l’Ecole nationale supérieure de la police (ENSP), l’école des commissaires où il intervenait depuis 1993, a-t-on appris mercredi.
Sebastian Roché, chercheur au CNRS et spécialiste des rapports police-population, a été informé par la direction de l’ENSP qu’il n’y enseignerait plus en raison d’« une refonte des orientations et de certains contenus pédagogiques », selon un courrier daté du 20 août, consulté par l’AFP et révélé par le Parisien et Libération.
Son cours dédié à « L’analyse de l’insécurité » a été confié « à un autre intervenant qualifié, en l’occurrence à un docteur de la police nationale », selon cette cette lettre, ponctuée de « vifs remerciements ».
Ce nouvel intervenant n’a « pas encore été recruté » et « M. Roché peut très bien faire de nouvelles demandes d’intervention à partir de novembre », a indiqué à l’AFP le service communication de la police nationale (Sicop), selon qui « dans une formation de haut niveau, les enseignements sont amenés à évoluer régulièrement ».
M. Roché évoque, lui, « une décision politique ». « Cela montre la difficulté de la police à s’ouvrir à la société à un moment où elle se recroqueville de plus en plus sur elle-même, à son détriment », a-t-il affirmé à l’AFP.
Depuis plusieurs mois, le sociologue a remis en cause dans les médias et sur les réseaux sociaux la stratégie du maintien de l’ordre pendant la crise des « gilets jaunes », responsable selon lui des nombreux blessés parmi les manifestants.
Le chercheur, auteur notamment de « De la police en démocratie », a également appelé à cesser l’usage du lanceur de balles de défense (LBD), accusé d’avoir provoqué une vingtaine d’éborgnements, et a dénoncé des « violences policières », un terme récusé par le gouvernement.
La semaine dernière, le chef de l’État Emmanuel Macron a toutefois appelé à « repenser certaines méthodes d’intervention », au vu des « blessures inacceptables » chez les policiers et les manifestants.
Le sociologue avait aussi pointé du doigt le manque d’indépendance de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), chargée de contrôler l’action des policiers et dont la direction est nommée par le ministère de l’Intérieur.
Fondée en 1941, l’École nationale supérieure de la police (ENSP), située à Saint-Cyr-au-Mont-d’Or près de Lyon, assure la formation initiale et continue des commissaires de la police nationale, qui alternent cours théoriques et stages dans différents services.

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