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« Steak végétal », « steak de soja »… Le Parlement européen interdit désormais l’usage de ces appellations pour les produits sans viande

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Des hamburgers à base de steak végétal - Illustration -

Photo: Fabrice COFFRINI / AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 4 Min.

Fini le burger végétarien ? Le Parlement européen a voté mercredi pour interdire l’usage de termes comme steak, saucisse ou hamburger pour des produits ne contenant pas de viande.

Les eurodéputés ont approuvé, par 355 voix contre 247, une proposition de la droite bannissant des appellations telles que « steak végétal », afin d’éviter toute « confusion » avec les produits carnés.

Une mesure encore à négocier

Le débat est toutefois loin d’être clos. La mesure devra encore être négociée avec les 27 États membres de l’Union européenne.

Selon l’eurodéputée de droite Céline Imart, à l’origine du texte adopté, « il s’agit de transparence et de clarté pour le consommateur et de reconnaissance pour le travail de nos éleveurs ». Il n’est « aucunement question d’interdire les alternatives végétales, mais je suis attachée à la valorisation des termes, à leur sens véritable », précise cette élue française, également exploitante céréalière.

À l’inverse, des organisations de consommateurs ont exprimé leur « déception » après ce vote. « Près de 70% des consommateurs européens comprennent ces noms tant que les produits sont clairement étiquetés comme véganes ou végétariens », fait valoir Irina Popescu, une responsable du Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC).

Selon cette organisation, la consommation de produits végétariens imitant la viande a quintuplé depuis 2011, portée par la recherche d’une alimentation plus saine, la défense du bien-être animal ou la volonté de réduire l’empreinte environnementale liée à l’élevage, important émetteur de CO₂.

Une controverse enflammée dans l’hémicycle

Le texte visant à interdire les dénominations comme « steak de soja » a donné lieu à des échanges houleux dans l’hémicycle strasbourgeois.

La droite s’est elle-même divisée. L’eurodéputé allemand Peter Liese regrette ainsi « que le Parlement européen consacre du temps à une telle bêtise ». « Nous ne devons pas prendre les consommateurs pour des imbéciles : si un emballage indique ‘burger végétarien’ ou ‘saucisse végétarienne’, chacun peut décider s’il veut l’acheter ou non », estime-t-il.

Les écologistes, eux, se sont vivement opposés à la mesure. La Néerlandaise Anna Strolenberg a dénoncé « le lobby de la viande » qui, selon elle, « tente d’affaiblir ses concurrents innovants dans le domaine alimentaire ».

À l’inverse, la filière Élevage et Viande française (Interbev) a salué le vote, jugeant que les alternatives végétales « brouillent les repères et affaiblissent la reconnaissance d’un produit brut et 100% naturel » en « s’appropriant les dénominations de la viande à des fins marketing ».

Un virage politique après 2024

En 2020, les eurodéputés avaient rejeté un texte similaire. Mais les élections européennes de 2024 ont rebattu les cartes, offrant davantage de sièges aux élus de droite et d’extrême droite, proches du monde agricole.

Pour Nicolas Schweitzer, PDG de la marque française La Vie — qui fournit Burger King en « bacon végétal » —, l’adoption du texte « est une vraie déception ». « Il s’agit uniquement d’une tentative de déstabilisation de la progression des alternatives végétales », estime-t-il, rappelant que ces produits « répondent à une vraie demande des consommateurs, de plus en plus préoccupés par les enjeux environnementaux, éthiques et de santé soulevés par l’élevage intensif ».

En Allemagne, la décision suscite également des inquiétudes parmi les distributeurs. Les chaînes Lidl et Aldi estiment que priver les produits de « termes familiers » permettant aux « consommateurs de faire un choix éclairé » compliquerait la commercialisation des gammes végétales. Une telle mesure « affecterait particulièrement l’Allemagne », premier marché européen pour ce type d’alternatives, affirment-elles.

Le dossier reste sensible en France. Un décret similaire interdisant l’usage d’appellations d’origine carnée avait été pris en 2024 pour tenter d’apaiser la colère des agriculteurs, avant d’être annulé par le Conseil d’État fin janvier 2025, dans la foulée d’une décision de la Cour de justice de l’Union européenne.