Accusé de 26 empoisonnements, l’anesthésiste reste silencieux face à la juge

Photo: by ARNAUD FINISTRE/AFP via Getty Images
Il clame son innocence mais a choisi le silence face à la juge d’instruction : mercredi, l’anesthésiste Frédéric Péchier a été mis en examen à Besançon pour deux nouveaux empoisonnements présumés de patients et se trouve désormais soupçonné de 26 cas au total, dont 10 mortels.
M. Péchier, 51 ans, était jusqu’alors mis en examen pour 24 empoisonnements dont neuf mortels. Mercredi, il l’a été « pour deux cas » nouveaux, dont un mortel, et placé sous le statut de témoin assisté pour un troisième, a indiqué lors d’un point presse le procureur de la République Étienne Manteaux. Ils pourraient donc venir alourdir encore plus le dossier de Frédéric Péchier, pour l’heure mis en examen pour 26 empoisonnements présumés, dont dix mortels.
Mercredi, la magistrate a interrogé le praticien pendant plusieurs heures à la lumière de nouvelles contre-expertises médicales récemment remises à la justice et qui vont faire l’objet d’un recours de la défense. Face à la juge, M. Péchier a toutefois gardé le silence, a indiqué Me Schwerdorffer. Un « paradoxe », selon M. Manteaux, étonné que l’anesthésiste, mécontent de ne pas avoir été interrogé depuis longtemps, fasse valoir « son droit au silence ».
Empoisonner des patients pour démontrer ses prouesses de réanimateur
Frédéric Péchier est soupçonné d’avoir pollué, entre 2008 et 2017, les poches de perfusion de patients dans deux cliniques privées de Besançon pour provoquer des arrêts cardiaques puis démontrer ses talents de réanimateur, mais aussi pour discréditer des collègues avec lesquels il était en conflit.
L’affaire avait débuté lorsqu’une anesthésiste d’une clinique de Besançon avait donné l’alerte après trois arrêts cardiaques inexpliqués de ses patients en pleine opération. En janvier 2017, une information judiciaire avait été ouverte et deux mois plus tard, Frédéric Péchier, qui exerçait dans cette clinique, avait été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire pour sept premiers cas d’empoisonnements présumés de patients, puis pour 17 nouveaux cas en 2019, portant alors à 24 les nombre de patients concernés, âgés de quatre à 80 ans.
L’avocat de l’accusé conteste une interdiction d’exercer la médecine
Du fait du silence de M. Péchier, la juge a pu boucler ses trois premiers jours d’audition en une seule journée, a précisé M. Manteaux. Frédéric Péchier, qui vit dans la Vienne, a vu son contrôle judiciaire récemment allégé et peut désormais revenir dans le Doubs voir sa famille. Une récente ordonnance de la juge d’instruction lui interdit toutefois d’exercer la médecine, décision que va contester la défense, a expliqué Me Schwerdorffer, évoquant un Frédéric Péchier « très fragile » et « très éprouvé ».
Pointant une instruction « à charge », le pénaliste a également questionné la « partialité » de la juge d’instruction dans un dossier qui ne repose selon lui que sur des « constructions intellectuelles ».

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