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Rodéos agricoles dans le Val-d’Oise : victimes, les agriculteurs attendent une réponse du gouvernement

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Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau et la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard s'adressent à la presse après une visite de lutte contre les rodéos agricoles au Chemin du Genetet près de Condecourt, au nord de Paris, le 23 juillet 2025.

Photo: Crédit photo THOMAS SAMSON/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 9 Min.

Tous les ans, avec l’arrivée des beaux jours, les rodéos sauvages refont surface. Ce phénomène, souvent accompagné d’incivilités, ne touche pas seulement les villes : il sévit aussi dans les campagnes partout en France, au grand désespoir des agriculteurs, déjà confrontés à de nombreuses difficultés.
Parmi les départements de plus en plus exposés aux rodéos agricoles figure le Val-d’Oise. Lorsque des individus, à bord de motocross, de quads ou même de voitures, traversent les champs de certains agriculteurs, les dégâts peuvent être considérables. Face à ce fléau qu’aucune assurance ne couvre, les agriculteurs concernés se sentent parfois impuissants, même si les forces de l’ordre sont désormais plus mobilisées pour l’enrayer.
Assurés « pour les aléas climatiques et non pas pour les dégradations »
Au micro de France Info, Laurent Chatelain, agriculteur pépiniériste du Val-d’Oise, a expliqué ce mercredi avoir retrouvé des traces de roues dans l’un de ses champs de blé. « Ils sont passés là, ils sont revenus, ils ont fait leur tour », a-t-il fait remarquer. En conséquence, de nombreux épis sont couchés et il estime que les dégâts représentent une perte de 500 euros.
Et ce n’est pas la première fois qu’il est victime de rodéos. En effet, deux semaines plus tôt, des quads et des voitures s’étaient déjà introduits sur cette parcelle agricole et le cultivateur avait même retrouvé des morceaux de tôle en plein milieu du champ. De même, au printemps dernier, trois quads s’étaient introduits sur ses terres pour y faire des courses sauvages. L’agriculteur avait d’ailleurs réussi à filmer les auteurs.

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Un autre problème se pose, la difficulté pour les agriculteurs de se faire dédommager. « On assure nos cultures pour les aléas climatiques et non pas pour les dégradations », précise de son côté à France Info Frédéric Picard, un autre agriculteur du Val-d’Oise. « Si on ne trouve pas les auteurs, on ne peut pas leur infliger des dommages », regrette-t-il.
« Ils venaient parfois à deux ou trois motos, parfois à dix »
Nos confrères soulignent que, pour se rendre sur les lieux du rodéo, certains dissimulent leurs motos dans des camionnettes, ce qui rend les contrôles plus difficiles pour les forces de l’ordre.

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Mathieu Hardy – un jeune agriculteur basé à Condécourt qui a reçu ce mercredi après-midi la visite du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau et de la ministre de l’Agriculture Annie Genevard – a expliqué dans les colonnes du Parisien avoir dû, par le passé, supporter des rodéos « tous les week-ends ». « Ils venaient parfois à deux ou trois motos, parfois à dix, pour rouler sur des terres en jachère ou semées en blé », a-t-il détaillé, constatant qu’il n’est « pas possible de communiquer avec ces personnes ». « Si on s’approche, elles prennent la fuite. Ce sont souvent les mêmes, les mêmes bandes qui reviennent », a-t-il affirmé, indiquant avoir un jour été « filmé par un groupe ». « On ne se sent pas à l’aise. On a peur. Je suis seul contre 15 ! » Le 4 mai dernier, un mineur de 17 ans, roulant sans casque sur sa moto de cross, avait dévasté son champ de luzerne, causant près de 2000 euros de dégâts.
Vol de bétail, de matériel agricole, rodéos, partys, incivilités, dépôts sauvages…
Cependant, Mathieu Hardy reconnaît que, depuis que « les gendarmes ont mis en place des opérations pour les dissuader de venir par ici », la situation s’est « stabilisée ». « Au printemps, nous avons constaté qu’il y avait moins de dégâts. C’est une vraie satisfaction pour les agriculteurs », renchérit Guillaume Moret, le président de la FDSEA d’Île-de-France, soulignant qu’auparavant « les plaintes et les mains courantes n’étaient pas suivies d’effet », ce qui « n’est plus le cas ».

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Bruno Retailleau a avancé auprès du quotidien francilien que « la moitié des rodéos ont lieu dans nos campagnes ». Et Annie Genevard de poursuivre en indiquant que chaque année, dans les exploitations agricoles en France, « 15.000 faits délictueux sont commis ». « C’est du vol de bétail, de matériel agricole. Ce sont des rodéos, des partys, des incivilités en tout genre, des dépôts sauvages », a-t-elle ajouté, pointant un « problème majeur » qui « rend la vie impossible » aux agriculteurs, « alors même qu’ils travaillent dur ».
Dénonçant également une « délinquance mafieuse internationale qui s’approprie les GPS des matériels agricoles », la ministre de l’Agriculture a évoqué une future proposition de loi qui caractérisera « un délit d’entrave à l’exercice du métier ».
« On ne va pas dans le Val-d’Oise »
« Depuis le début de l’année, 173 engins ont été saisis en six mois dans le département, avec une forte augmentation en zone rurale », a annoncé à nos confrères Philippe Court, le préfet du Val-d’Oise, précisant que lorsque cela est possible, les motos sont détruites.
Saluant la « rapidité d’action » des forces de l’ordre dans le Val-d’Oise, Paul Debray, président de la FDSEA du département, a demandé ce mercredi au micro de BFMTV davantage de moyens pour renforcer la lutte contre ces rodéos agricoles. Il réclame également « des sanctions disciplinaires », observant que ces rodéos, qui se sont intensifiés depuis environ deux à trois ans, se sont désormais déplacés des villes vers les campagnes.
Le colonel Denis Mottier, qui dirige le groupement de gendarmerie du Val-d’Oise a lui aussi salué la réactivité des gendarmes dans ce type d’affaire. « Sur les réseaux sociaux, on peut lire maintenant : on ne va pas dans le Val-d’Oise », s’est-il félicité auprès du Parisien avant de conclure : « Il y a eu un impact psychologique. »
France Info stipule qu’en cas d’interpellation, les auteurs de rodéos risquent, outre la confiscation de leur véhicule, une amende pouvant aller jusqu’à 15.000 euros.