Retraites: camps irréconciliables et interrogations sur la suite du quinquennat

Photo: ALAIN JOCARD/AFP via Getty Images
La gauche qui juge le gouvernement « mort aux yeux des Français », le RN qui réclame la démission d’Élisabeth Borne, et une majorité qui veut tourner la page de cette séquence : la suite du quinquennat occupe tous les esprits lundi à l’Assemblée.
En défense de la motion de censure transpartisane portée par son groupe indépendant Liot, Charles de Courson a estimé que la réforme des retraites « n’a pas de légitimité démocratique », après une élection d’Emmanuel Macron l’année dernière « au second tour par défaut ». Et Élisabeth Borne a « échoué à rassembler, échoué à convaincre ». Face au « déni de démocratie » dans l’examen du texte, et aux « injustices » qu’il contient, il a demandé la censure du gouvernement, repoussée à seulement neuf voix.
La porte-parole du groupe RN Laure Lavalette a dénoncé le « marasme » et « l’enlisement » de l’exécutif sur la réforme, une « injustice sociale sans commune mesure ». « Alors chiche, Monsieur Macron ! Allons à la dissolution » pour donner un « groupe plus puissant, voire majoritaire à Marine Le Pen », a réclamé la députée d’extrême droite en défendant la motion du RN, très largement rejetée.
Après le résultat très serré sur l’autre motion, Marine Le Pen a estimé qu’Élisabeth Borne « doit partir » ou le « président doit la démissionner ». Mathilde Panot, patronne des députés LFI, a jugé que le jour du déclenchement du 49.3, jeudi, était « le premier jour de la fin du quinquennat d’Emmanuel Macron ». Le gouvernement, qui se maintient à seulement neuf voix, est « d’ores et déjà mort aux yeux des Français ».
« Un coup de force politique » contre la « nécessité d’une réforme »
Le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon a appelé à « passer à la censure populaire », « en tout lieu et en toute circonstance ». Et Boris Vallaud, patron du groupe PS, a dénoncé « un coup de force politique ». « Retirez cette réforme (…) il en va désormais de l’intérêt général, de la concorde civile et de l’avenir de notre démocratie ».
« Oui, nous assumons la nécessité d’une réforme », a affirmé le président des députés LR Olivier Marleix. « Nous ne serons pas les témoins de ces noces barbares entre ceux qui assument vouloir mettre le chaos et ceux qui, silencieux, espèrent tirer profit de ce chaos », à l’extrême droite. Selon lui, « le problème aujourd’hui ce n’est pas la réforme des retraites, c’est le président de la République », à l' »exercice isolé, parfois narcissique et souvent arrogant du pouvoir ». « À lui d’entendre les avertissements, y compris le nôtre, s’il veut aller au bout de son mandat ».
Une majorité divisée face à une opposition à l’union impossible
19 LR ont voté la motion de censure Liot, dont Aurélien Pradié et ses proches. « Une ligne rouge » déplorée par le député Alexandre Vincendet, qui a reconnu une « fracture » chez LR.
La cheffe du groupe Renaissance Aurore Bergé a dénoncé les motions de censure, sans « majorité alternative », visant « à mettre à l’arrêt notre pays, à créer du blocage ». Et d’ironiser sur l’impossible « programme commun » de LFI au RN. Elle a estimé que la mainmise de Jean-Luc Mélenchon sur la gauche était un « marchepied pour l’extrême droite ».
Le patron des députés Modem Jean-Paul Mattéi a critiqué « le manque de responsabilité de certaines oppositions » et leur « violence verbale ». Il a rappelé que son groupe souhaitait « très majoritairement aller au vote », plutôt qu’un 49.3. « Toujours difficile », la réforme des retraites est « nécessaire », a estimé le président du groupe Horizons Laurent Marcangeli. « Les torts sont partagés, des erreurs ont été commises de part et d’autre. Nous devrons nous livrer à une introspection approfondie sur l’ensemble de ces bancs, sans exception ».

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