Les États-Unis s’allient à leurs partenaires arabes pour mettre fin au conflit au Soudan, selon la Maison-Blanche
Le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, a appelé à une action urgente pour protéger les civils et mettre fin à la violence.
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Des habitants d’Omdourman participent à une manifestation pour dénoncer les « atrocités » attribuées aux Forces de soutien rapide à el-Fasher, dans l’ouest du Soudan, le 31 octobre 2025.
Les États-Unis œuvrent avec leurs partenaires arabes pour mettre un terme au conflit au Soudan, a affirmé la porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, le 4 novembre, qualifiant la situation de « très compliquée ».
Lors d’un point presse, Mme Leavitt a précisé que Washington était « activement engagé » dans des efforts de médiation et restait « déterminé à travailler avec ses partenaires internationaux, notamment les membres du Quad – Égypte, Arabie saoudite, Émirats arabes unis – ainsi qu’avec d’autres, pour mener un processus de paix négocié répondant à la crise humanitaire immédiate et aux défis politiques de long terme ».
Le Quad désigne un groupement diplomatique informel réunissant les États-Unis et trois pays arabes pour coordonner leurs intérêts régionaux.
La semaine dernière, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’est déclarée consternée par des informations selon lesquelles les Forces de soutien rapide (RSF), un groupe paramilitaire soudanais, auraient tué plus de 460 personnes dans un hôpital de la ville d’el-Fasher, à l’ouest du pays. Les RSF nient ces accusations.
Selon le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, les patients et leurs accompagnants auraient été tués le 29 octobre à l’hôpital saoudien d’el-Fasher par des membres des RSF.
Avant cette attaque, M. Tedros a précisé que l’OMS avait validé 285 attaques contre des établissements de santé au Soudan depuis le début de la guerre en 2023, causant au moins 1.204 décès et plus de 400 blessés parmi le personnel soignant et les patients.
Le département d’État américain a condamné ces atrocités présumées et appelé les RSF à « cesser tout acte de représailles et toute violence à caractère ethnique ».
« Les États-Unis continueront à travailler avec leurs partenaires pour trouver une issue pacifique. Il n’existe pas de solution militaire viable, et tout soutien extérieur ne fait que prolonger le conflit. Les États-Unis invitent les deux parties à emprunter la voie des négociations pour mettre fin aux souffrances du peuple soudanais », a déclaré le Département d’État le 1er novembre dans un communiqué publié sur X.
Mme Leavitt a souligné un regain d’attention médiatique autour du conflit et affirmé qu’elle s’était entretenue à ce sujet avec le secrétaire d’État Marco Rubio dans la journée. Elle a ajouté que l’administration demeurait en « communication assez fréquente » avec ses partenaires arabes sur le dossier soudanais.
La guerre au Soudan a dévasté la troisième nation d’Afrique par sa superficie.
Les combats opposant les Forces armées soudanaises aux RSF ont déjà coûté la vie à plus de 61.000 personnes dans l’État de Khartoum seul, selon une étude publiée en 2024 par le Sudan Research Group de la London School of Hygiene and Tropical Medicine (École d’hygiène et de médecine tropicale de Londres).
Les Nations unies ont indiqué qu’en octobre 2025, plus de sept millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur du Soudan, aggravant une crise humanitaire déjà critique.
Des abris de fortune érigés par des Soudanais déplacés qui ont fui El-Fasher après la chute de la ville aux mains des Forces de soutien rapide (RSF) composent le camp d’Um Yanqur, situé à la limite sud-ouest de Tawila, dans la région du Darfour occidental, déchirée par la guerre, au Soudan, le 3 novembre 2025. (/AFP via Getty Images)
Offensive diplomatique pour un cessez-le-feu
En septembre, Washington et ses partenaires du Quad – Égypte, Arabie saoudite et Émirats arabes unis – ont proposé conjointement une trêve humanitaire de trois mois au Soudan, suivie d’un cessez-le-feu permanent et d’une transition vers un pouvoir civil sur neuf mois. Le gouvernement soudanais a rejeté la proposition à l’époque.
Deux semaines plus tard, le 24 octobre, les États-Unis ont réuni à Washington les membres du Quad pour relancer les efforts collectifs en faveur de la paix et de la stabilité au Soudan.
Le groupe a réaffirmé son engagement envers le plan de septembre et décidé de créer un Comité opérationnel conjoint chargé de priorités urgentes : accès humanitaire, cessez-le-feu et fin du soutien extérieur aux belligérants.
Le président américain Donald Trump « veut la paix, et nous sommes unis dans notre volonté de mettre fin aux souffrances du peuple soudanais », a insisté Massad Boulos, conseiller principal pour les affaires arabes et africaines, après la réunion.
M. Boulos pilote la diplomatie américaine dans la région. Pendant le week-end, il s’est entretenu avec le chef de la diplomatie égyptienne, Badr Abdelatty, puis avec les représentants de la Ligue arabe au Caire.
Il a déclaré que les discussions en Égypte portaient sur « l’élargissement de l’accès humanitaire et le règlement du conflit soudanais », ainsi que sur la coopération en matière de lutte antiterroriste et de migration régionale.
M. Boulos a également précisé avoir abordé « les défis les plus urgents de la région » lors de sa rencontre avec le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit.
«Nous avons condamné les crimes atroces commis contre les civils à El-Fasher et appelé à une action immédiate pour protéger les populations et mettre fin à la violence », a-t-il affirmé.
Un étudiant soudanais fait le signe de la victoire alors que les écoles de la région du Nil oriental de la capitale se rassemblent lors d’une manifestation contre les violations commises par les Forces de soutien rapide (RSF) à l’encontre de la population d’El-Fasher, à Khartoum, le 3 novembre 2025. (EBRAHIM HAMID/AFP via Getty Images)
Exactions accrues et réactions internationales
L’attaque d’el-Fasher fin octobre a suscité la réprobation mondiale. Des organisations humanitaires et des habitants ont fait état de massacres, de violences sexuelles et d’agressions contre les travailleurs humanitaires lors de l’offensive.
« Nous sommes profondément bouleversés par cette escalade de violences et d’attaques contre les civils à el-Fasher », a déploré M. Boulos le 29 octobre. « Le ciblage délibéré de populations vulnérables par la violence ou la vengeance est révoltant et inacceptable. » Il a estimé que les responsables « devront rendre des comptes », exhortant les chefs des RSF à traduire sur le terrain leurs engagements en faveur de la protection des civils.
Lors d’un forum au Qatar le 4 novembre, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a appelé les parties soudanaises à « s’asseoir à la table des négociations » pour faire cesser ce « cauchemar de violence ».
Les chefs de la diplomatie d’Allemagne, de Jordanie et du Royaume-Uni ont réclamé, le 1er novembre, un cessez-le-feu immédiat au Soudan.
« Pendant trop longtemps, ce terrible conflit a été négligé, tandis que les souffrances n’ont fait qu’augmenter », a déclaré la ministre britannique des Affaires étrangères, Yvette Cooper, lors du sommet sur la sécurité Manama Dialogue, qui s’est tenu à Bahreïn le 1er novembre.
Elle a annoncé une nouvelle aide humanitaire de 6,5 millions de dollars en réponse aux violences d’el-Fasher.
Evgenia Filimianova est une journaliste basée au Royaume-Uni qui couvre un large éventail de sujets nationaux, avec un intérêt particulier pour la politique britannique, les procédures parlementaires et les questions socio-économiques.