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Les dernières manœuvres commerciales du PCC révèlent des luttes internes

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Un porte-conteneurs est assisté par un remorqueur lors de son arrivée au port d’Oakland, le 10 octobre 2025.

Photo: Justin Sullivan/Getty Images

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Durée de lecture: 8 Min.

Lorsque le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, est apparu à la télévision lundi pour annoncer que la rencontre entre Donald Trump et Xi Jinping était de nouveau à l’ordre du jour, il a déclaré, dans une interview, que la Chine avait commis une « erreur de calcul » avec ses nouvelles restrictions sur l’exportation des terres rares.
Bessent a indiqué qu’au cœur de ce différend commercial, les États-Unis observaient deux factions du PCC se livrer bataille pour définir l’avenir des relations sino-américaines.
Des analystes ont confié à Epoch Times que les « durs » tentent de provoquer la tempête avant le Quatrième Plénum crucial du PCC, tandis qu’une autre faction, menée par les anciens cadres, espère apaiser les tensions avec Washington.
« [Bessent] comprend que le PCC traverse actuellement une lutte de pouvoir », a déclaré Shen Mingshi, chercheur à l’Institut taïwanais pour la recherche sur la défense et la sécurité nationale. « C’est pourquoi Trump a affirmé que Xi avait eu ‘un mauvais moment’. »

Un retournement de situation

Les nouvelles restrictions imposées le 9 octobre par le régime chinois ont été vivement condamnées par Washington. Le ministère chinois du Commerce a annoncé qu’une licence serait désormais exigée pour tout produit contenant plus de 0,1 % de composants issus des terres rares chinoises, interdisant leur utilisation dans les entreprises de semi-conducteurs et de défense.
Les responsables de l’administration Trump ont critiqué cette décision jugée « provocatrice » et contraire aux intérêts mondiaux. Ces mesures, ont estimé plusieurs experts, n’ont fait qu’isoler encore davantage Pékin.
Le président américain, rappelant que les États-Unis disposent encore de « nombreuses cartes à jouer » contre la Chine, a menacé de porter les tarifs douaniers à 100 % sur l’ensemble des importations chinoises, de restreindre les exportations de logiciels critiques, et de riposter à l’embargo chinois sur le soja américain en envisageant de faire de même pour l’huile de cuisson.
Washington a toutefois souligné qu’il appartenait désormais à Pékin de faire un pas vers la désescalade.

Qui a ordonné les restrictions sur les terres rares ?

L’annonce émanait du ministère du Commerce, réputé plus modéré envers les États-Unis que les services directement placés sous le contrôle de Xi Jinping, comme le ministère de la Sécurité d’État.
Bessent a déclaré que Donald Trump pensait qu’un responsable de rang inférieur, un « dur » opposé à tout compromis avec Washington, aurait pu agir sans l’aval direct de Xi.
Selon M. Shen, cette hypothèse pourrait aussi refléter une stratégie américaine visant à offrir à Xi une sortie honorable.
« Xi Jinping, afin de préserver son pouvoir, crée lui-même des problèmes pour consolider sa position », explique le chercheur.
Ce dernier observe que les « anciens » du PCC ont rapidement accusé des membres proches de Xi d’« entretenir délibérément le désordre » juste après l’annonce par Trump de nouveaux tarifs douaniers.
Ye Yaoyuan, professeur à l’Université de Saint-Thomas, estime pour sa part qu’« il est possible que quelqu’un tente de saboter le processus de l’intérieur, comme le suspecte Trump ».
Selon lui, certains au sein du PCC veulent utiliser le monopole des terres rares comme levier économique contre Washington, tandis que d’autres, inquiets pour la situation intérieure, préfèrent une approche négociée.
Mais officiellement, le PCC « parle d’une seule voix » et réprime toute expression de désaccord interne. « Ce genre de division n’a rien de nouveau », explique M. Ye. « Les propos de Bessent laissent simplement transparaître ces fractures. »
M. Shen, lui, estime que Xi, le vice-premier ministre He Lifeng et la Sécurité d’État ont pu forcer le ministère du Commerce à faire cette annonce, dans une tactique similaire à celle employée par l’armée chinoise en mer de Chine méridionale, où les garde-côtes ont déjà percuté des navires philippins pour influencer des négociations.
Selon M. Shen, ces nouvelles restrictions représentent un « risque énorme » dicté davantage par les luttes de pouvoir que par des considérations économiques.
M. Ye ajoute que certains cadres du PCC « ont perdu confiance dans la capacité du régime à rivaliser avec les États-Unis » et que la Chine se trouve désormais « à un tournant décisif ».

Le plénum décisif du PCC

Cette escalade intervient à la veille d’une réunion à huis clos de 370 hauts dirigeants du PCC, qui détermineront les grandes orientations du prochain plan quinquennal. Le Quatrième Plénum doit s’ouvrir le 20 octobre et durer quatre jours, selon les médias d’État.
Pour M. Ye, ces signes de fractures internes promettent un plénum « extrêmement tendu », marqué par un possible affrontement entre faucons et colombes. Certains responsables auraient provoqué les États-Unis pour influencer ses conclusions.
Les observateurs s’attendent à une nouvelle vague d’enquêtes après la réunion, pouvant déboucher sur la mise à l’écart de responsables d’une des factions.
« La Chine est dans une impasse », estime M. Ye. « Les modérés savent que l’économie chinoise frôle l’effondrement et qu’un dialogue constructif avec les États-Unis est indispensable. Les durs, eux, placent la réputation avant tout, quitte à perdre sur le fond. »
Le bras de fer entre ces deux camps, dit-il, « est désormais visible au grand jour » et pourrait se refléter dans les débats du plénum. Mais il rappelle que « depuis que Xi est au pouvoir, les discussions ont perdu toute portée réelle : il tranche seul dès qu’un avis diverge de sa ligne ».
« Xi Jinping reste positionné comme un faucon », estime M. Ye. « S’il présente la relation avec les États-Unis comme une rivalité ou une guerre froide, les voix modérées risquent d’être réduites au silence. »
Pour M. Shen, la gravité de la situation économique laisse penser que l’ancienne garde, plus favorable à une détente, a momentanément le dessus. Il note d’ailleurs que les médias chinois relaient de plus en plus de messages « peu flatteurs » pour Xi.
Les deux camps multiplient les manœuvres avant le plénum.
« L’issue pourrait bien redessiner l’équilibre du pouvoir à Pékin », conclut M. Shen.
Trump, fort de la position de force de Washington, pourrait en ressortir conforté.
« Il attend de voir si Xi Jinping sera affaibli ou destitué à l’issue de la réunion », conclut le chercheur.