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Opinion

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Le PCC a perdu sa capacité à se sauver lui-même

En tant qu’initiée familière des rouages internes du Parti communiste chinois (PCC), Cai Xia décrit le résultat du quatrième plénum comme un « équilibre de la terreur ».

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Le général Zhang Youxia, vice-président de la Commission militaire centrale, prend la parole lors de l’ouverture du Symposium naval du Pacifique occidental à Qingdao, en Chine, le 22 avril 2024. Selon des sources internes, Zhang et Xi ont divergé sur des questions politiques majeures ces dernières années.

Photo: Kevin Frayer/Getty Images

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Durée de lecture: 6 Min.

Lors de la récente quatrième session plénière, le dirigeant chinois Xi Jinping a conservé tous ses titres officiels – un résultat qui a surpris de nombreux observateurs de la Chine.
Pourquoi a-t-il pu le faire, alors que des signes indiquent que son emprise sur l’armée s’est considérablement affaiblie ?
Je pense que Cai Xia, dissidente chinoise et ancienne professeure à l’École centrale du Parti, offre une explication convaincante.
Comme Xi, Mme Cai est également une « princesse rouge » – un terme désignant les descendants des hauts responsables du PCC qui ont joué un rôle clé dans la fondation de la Chine communiste.

L’analyse de Cai Xia sur la lutte interne

Dans les jours précédant le plénum, l’armée chinoise a soudainement expulsé neuf généraux de haut rang du Parti. Parmi eux figuraient He Weidong, vice-président de la Commission militaire centrale (CMC), et Miao Hua, commissaire politique de la CMC.
Mme Cai estime qu’il s’agissait d’une frappe politique préventive lancée par Zhang Youxia, premier vice-président de la CMC, contre la faction de Xi.
Pendant le plénum, le protégé de Zhang Youxia, Zhang Shengmin, a été promu vice-président de la CMC, mais n’a pas obtenu de siège au sein du Bureau politique, le principal organe décisionnel de la Chine. Mme Cai interprète cette situation comme une forme d’« équilibre de la terreur » – aucune des deux parties ne pouvant vaincre complètement l’autre, elles sont contraintes à une coexistence fragile.
Pourquoi Zhang Youxia n’a-t-il pas profité de son avantage pour évincer Xi ? Mme Cai explique que Zhang est « anti-Xi, mais pas anti-Parti ». Il s’oppose à Xi pour protéger sa propre vie et sa position, mais n’a aucune intention de couler le navire du Parti communiste. Ses actions sont donc limitées par les anciens du Parti.
Mme Cai souligne que la situation actuelle de Xi n’est pas comparable à celle de l’ancien dirigeant Hua Guofeng, contraint de quitter le pouvoir. Après la mort de Mao Zedong en 1976, Hua fut désigné comme son successeur et, avec plusieurs hauts responsables, contribua à écraser la Bande des Quatre, mettant ainsi fin à la Révolution culturelle.
Cependant, Hua continua de suivre la ligne politique de Mao, notamment à travers son principe des « Deux quoi qu’il en soit » : « Quelles que soient les décisions du président Mao, nous les soutiendrons fermement ; quelles que soient ses instructions, nous les suivrons résolument. » Cela provoqua la colère de Deng Xiaoping, qui força finalement Hua à démissionner, invoquant son manque de compétences politiques et organisationnelles.
Aujourd’hui, Mme Cai souligne qu’il n’existe plus de figure dominante comme Deng. La génération actuelle des anciens du Parti est hésitante et craint qu’un affrontement entre Xi Jinping et Zhang Youxia ne déstabilise l’ensemble du Parti. Ils s’efforcent donc de contenir les deux camps.
Selon Mme Cai, Zhang Youxia, qui contrôle l’armée, et les anciens du Parti sont profondément insatisfaits de Xi. Au-delà de leurs intérêts personnels, ils craignent que son règne n’ait conduit le PCC au bord de l’effondrement, et ne peuvent le laisser poursuivre dans cette direction désastreuse.
En même temps, ils n’osent pas le renverser ni le critiquer publiquement, de peur de faire chavirer le Parti tout entier. Les deux camps se retrouvent ainsi piégés dans une impasse dangereuse.
Que peuvent-ils faire ? Les anciens du Parti et Zhang Youxia ne peuvent que rechercher la stabilité au milieu de la lutte, en procédant à de petits ajustements tactiques tout en maintenant le statu quo. Ils avancent prudemment, pas à pas, explique Mme Cai.

Pourquoi la crise actuelle est dévastatrice pour le PCC

À mon avis, cela montre qu’aujourd’hui, le PCC a complètement perdu sa capacité d’autocorrection et de résolution de crise.
Tout au long de son histoire, le PCC a affronté des crises répétées, mais a toujours réussi à survivre. La plus grave fut la Révolution culturelle, qui a presque détruit l’économie chinoise. Après la mort de Mao Zedong, le Parti a réhabilité les victimes de la persécution politique et lancé des réformes économiques, échappant de justesse à la catastrophe. Cette reprise fut rendue possible grâce à des dirigeants réformistes et consciencieux tels que Hu Yaobang et Zhao Ziyang, dont les efforts furent approuvés par le peuple chinois.
Aujourd’hui, après plus d’une décennie sous la direction de Xi Jinping, le PCC s’est enfoncé dans une crise encore plus profonde. Contrairement à la période post-révolution culturelle, il ne reste plus de réformateurs au sein du Parti. Les figures modérées – telles que feu le Premier ministre Li Keqiang et Wang Yang, ancien président de la Conférence consultative politique du peuple chinois – ont été écartées. Li est même décédé dans des circonstances suspectes.
Lors du XXᵉ Congrès du Parti, en octobre 2022, les fidèles de Xi ont consolidé un contrôle total. Les responsables en qui il a confiance ne sont que des opportunistes intéressés par le pouvoir et la richesse. De tels individus sont incapables d’engager une réforme politique.
Quant à ses factions rivales, y compris Zhang Youxia et les anciens du Parti, elles partagent avec Xi la même volonté de préserver avant tout le PCC.
Certains responsables souhaitent sincèrement une réforme, mais sans réel pouvoir ni influence, ils demeurent impuissants. Faute de dirigeants capables d’inverser la tendance, la crise du PCC est devenue un blocage total.
Que se passera-t-il ensuite ? Très probablement, le PCC restera enlisé dans de féroces luttes de pouvoir, aggravant une série de crises. Dans cette lutte prolongée, le Parti avancera inexorablement vers la désintégration et, finalement, vers son effondrement.
Avec la contribution d’Olivia Li.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.