L’Assemblée rejette la taxe Zucman sur les hauts patrimoines proposée par la gauche
L’Assemblée nationale a largement rejeté vendredi la « taxe Zucman » sur les hauts patrimoines, défendue par la gauche. Anticipant ce revers, le Parti socialiste continue d’appeler à l’instauration de mesures alternatives pour renforcer la justice fiscale dans le projet de budget.

L'hémicycle de l'Assemblée nationale, à Paris, le 27 octobre 2025.
Photo: STEPHANE DE SAKUTIN/AFP via Getty Images
Inspiré des travaux de l’économiste Gabriel Zucman, le PS, La France insoumise, les communistes et les écologistes proposaient un impôt minimum de 2% sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros. Cette initiative, ainsi qu’une version de compromis portée par le seul PS – instaurant une taxation de 3% à partir de 10 millions d’euros, tout en exonérant les entreprises innovantes et familiales –, a été rejetée par l’Assemblée.
Un vote sans appel
La « taxe Zucman » a été définitivement écartée par 228 voix contre 172, tandis que sa déclinaison « allégée » n’a récolté que 171 suffrages favorables contre 228 oppositions.
Dans la foulée du scrutin, Laurent Wauquiez, président du groupe Les Républicains, s’est félicité de ce rejet : « Je suis très content (…) que la droite républicaine ait fait ce pour quoi on est là : on est contre les augmentations d’impôts qui vont tuer de l’emploi et tuer de l’activité économique. »
Mathilde Panot, cheffe de file des députés LFI, a dénoncé une absence totale de dialogue avec « un pouvoir macroniste qui, depuis sa défaite électorale, s’obstine à appliquer son programme ». Sur X, elle a vivement réagi au rejet de la taxe Zucman : « Il n’y a rien à négocier. La seule issue : la censure de Lecornu et le départ du forcené de l’Élysée. »
Des inquiétudes persistantes sur la justice fiscale
Le député socialiste Arthur Delaporte a exprimé son inquiétude quant à la trajectoire budgétaire empruntée : « La pente prise n’est pas la bonne », a-t-il estimé. Toutefois, il a souligné que « le débat sur les recettes potentielles n’est pas fini », rappelant la possibilité d’autres amendements, en particulier sur le rétablissement de l’ISF.
Le Premier ministre Sébastien Lecornu, présent dans l’hémicycle vendredi après-midi, devrait revenir ultérieurement sur les suites à donner à ce débat, selon son entourage.
L’impôt des ultra-riches au cœur du débat
Les députés de gauche ont insisté lors des débats sur la part croissante, en proportion du PIB, des plus grandes fortunes ainsi que sur « la plus faible imposition des ultra-riches par rapport à la moyenne des Français ». Boris Vallaud, président du groupe PS, a indiqué que « le patrimoine des 500 premières fortunes de France représentait l’équivalent de 6% du PIB en 1993, contre 43% aujourd’hui ». Il a poursuivi : « le taux d’imposition des milliardaires est de 30% quand celui des Français est en moyenne de 50% ».
Ces chiffres ont été contestés par la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, qui s’est appuyée sur la World Inequality Data Base pour préciser que « les 1% les plus aisés détenaient 26% du patrimoine en 2025 et 27% en 2023 ». Elle a alerté sur le risque d’exil fiscal et sur l’inconstitutionnalité potentielle de la taxe Zucman, plébiscitée par les Français.

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