La Chine renonce à tirer profit du statut de pays en développement dans les nouveaux accords de l’OMC

Li Chenggang, négociateur international du commerce et vice-ministre du Commerce de la Chine, s’exprime lors d’une conférence de presse à Pékin le 18 juillet 2025.
Photo: Wang Zhao/AFP via Getty Images
Les autorités chinoises ont affirmé que le pays ne chercherait pas à obtenir un traitement spécial et différencié dans les nouveaux accords en invoquant son statut autoproclamé de pays en développement auprès de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), un changement réclamé depuis longtemps par les États-Unis.
À l’Assemblée générale des Nations unies du 23 septembre, le Premier ministre chinois Li Qiang a annoncé que Pékin ne demanderait plus « aucun nouveau traitement spécial ou différencié » dans les négociations actuelles et futures de l’OMC. Cette déclaration n’incluait pas les accords déjà en vigueur.
La dirigeante de l’organisation mondiale du commerce basée à Genève a remercié les responsables du régime et salué leur décision.
« C’est l’aboutissement de nombreuses années de travail acharné », a écrit la directrice générale de l’OMC, Ngozi Okonjo-Iweala, sur X le 23 septembre.
« La Chine n’aura plus accès au traitement spécial et différencié dans les nouveaux accords de l’OMC. »
La Chine a conservé depuis 2001 son statut autoproclamé de pays en développement, année de son adhésion à l’OMC en tant que 143ᵉ membre.
Si l’OMC ne définit pas officiellement ce que signifie être « développé » ou « en développement », laissant ses membres choisir leur propre statut, cette différenciation accorde aux économies autoproclamées « en développement » des obligations moindres et des exemptions à de nombreuses règles. Ce statut leur permet aussi de bénéficier de délais plus longs pour se conformer aux règles mondiales, notamment sur les économies dirigées par l’État et les subventions.
Depuis plusieurs années, Washington presse l’OMC de mettre fin à l’accès du régime chinois à ces avantages.
En 2019, lors de son premier mandat, le président Donald Trump déclarait que ces classements donnaient à la Chine et à d’autres économies un avantage « injuste » dans les règles du commerce international. Il avait averti que si l’OMC ne réalisait pas de « progrès substantiels » sur cette question dans les 90 jours, les États-Unis agiraient unilatéralement.
« Les États-Unis n’ont jamais accepté la revendication de la Chine à un statut de pays en développement, et pratiquement tous les indicateurs économiques actuels contredisent cette prétention », affirmait Trump dans une note adressée à son représentant au commerce Robert Lighthizer.
En dépit de sa propre étiquette de nation en développement, la Chine demeure la deuxième économie mondiale derrière les États-Unis.

La directrice générale de l’OMC, Ngozi Okonjo-Iweala, écoute le Premier ministre chinois Li Qiang (hors champ) lors d’une réunion bilatérale en marge du sommet annuel du Forum économique mondial des nouveaux champions à Tianjin, le 26 juin 2023. (Wang Zhao/Pool/Getty Images)
Les responsables du ministère chinois du Commerce ont indiqué lors d’un point presse le 23 septembre que la décision d’abandonner ce traitement spécial ne changerait pas la participation future de la Chine au bloc en tant que pays en développement.
« Je tiens à souligner que lors des négociations actuelles et futures à l’OMC… le statut de la Chine comme pays en développement ne changera pas », a déclaré Han Yong, directeur général des affaires de l’OMC au ministère du Commerce, aux journalistes à Pékin.
Li Chenggang, vice-ministre du Commerce et principal négociateur international, a décoché une critique implicite aux États-Unis, affirmant que cette décision avait pour but de défendre le système commercial multilatéral mis à mal par une « guerre commerciale et tarifaire amorcée par un certain pays ».
Dans la soirée, la directrice de l’OMC a salué l’action du régime chinois, estimant qu’elle envoie « un signal fort de soutien à la réforme de l’OMC et aidera à instaurer des règles du jeu plus équitables pour tous ».
« C’est un moment charnière pour l’OMC », a déclaré Mme Okonjo-Iweala dans une déclaration. « Cette mesure va sans doute dynamiser les discussions et nous permettre de progresser vers une organisation plus agile et efficace pour le XXIᵉ siècle. »
Cette annonce intervient alors que les États-Unis sont de plus en plus frustrés par l’incapacité du bloc à contraindre le régime chinois à honorer ses engagements.
Le Bureau du représentant américain au commerce (USTR) soulignait dans un rapport de 2018 que Washington avait, à tort, soutenu l’adhésion de la Chine à l’OMC, dans des conditions qui n’ont pas incité Pékin à ouvrir son économie.
« Il semble évident que les États-Unis ont commis une erreur en soutenant l’entrée de la Chine à l’OMC selon des modalités qui se sont révélées inefficaces pour obtenir une véritable adhésion de la Chine à un régime commercial ouvert, orienté vers le marché », notait l’USTR dans son rapport annuel au Congrès sur la conformité de la Chine aux engagements OMC (janvier 2018). « Il est désormais clair que les règles de l’OMC ne suffisent pas à contenir les comportements de distorsion du marché pratiqués par la Chine. »
En publiant le dernier rapport annuel en janvier 2025, la représentante au Commerce Katherine Tai expliquait dans un communiqué que « la Chine continue de représenter le principal défi pour le système commercial international ».
« Après 23 ans d’adhésion à l’Organisation mondiale du commerce, la Chine continue d’adopter une approche étatique et non marchande de l’économie et du commerce, ce qui va à l’encontre des normes et principes incarnés par l’OMC », précisait-elle.
Rita Li a contribué à la rédaction de cet article.

Dorothy Li est journaliste pour Epoch Times.
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