Incendie du gymnase : le Blanc-Mesnil veut expulser les auteurs et leur couper les aides sociales

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Photo: PASCAL GUYOT/AFP via Getty Images
Derrière l’incendie qui a entièrement détruit un gymnase au Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis) dans la nuit du 13 au 14 juillet dernier se cache un couple dont l’objectif était d’obtenir frauduleusement l’indemnisation de leur véhicule en y mettant le feu. Mais l’opération a mal tourné, causant des dégâts considérables. Ce couple bénéficiait d’un logement social et la mairie entend les expulser, ce qui constituerait une première au Blanc-Mesnil.
L’incendie du gymnase Macé – Le Mansois, situé dans le quartier des Tilleuls au Blanc-Mesnil, qui s’est produit dans la nuit de la fête nationale, aurait démarré au niveau de véhicules stationnés à proximité du gymnase, selon les premiers éléments recueillis sur place. Cette hypothèse a été confirmée par l’enquête de la sûreté territoriale. Un homme, suspecté d’être responsable de cet acte criminel, a été mis en examen et placé en détention provisoire ce mercredi 30 juillet. Le procureur de la république a précisé dans un tweet publié le lendemain sur X que sa complice était quant à elle recherchée « à l’étranger ».
« Nous enjoignons le bailleur à résilier immédiatement leur bail »
« L’enquête a permis de recueillir des éléments matériels et téléphoniques établissant une mise en scène criminelle, dans le but d’obtenir frauduleusement l’indemnisation du véhicule incendié à l’origine de la propagation du feu », a stipulé dans un communiqué le procureur Éric Mathais.
Alors que les services de la Ville s’emploient à recenser « l’ensemble des prestations sociales » perçues par le couple de suspects, Thierry Meignen, sénateur (LR) et président de la majorité municipale, a indiqué dans un communiqué publié ce 1er août : « Nous enjoignons le bailleur à résilier immédiatement leur bail. »
« Nous nous réservons la possibilité de les suspendre dans leur intégralité », est-il encore précisé dans le texte, qui poursuit : « Il est inacceptable que des personnes qui portent atteinte à la collectivité continuent à en bénéficier comme si de rien n’était. »
« À force de laisser faire, ça sera le chaos »
Le préjudice, impactant les 2700 usagers qui fréquentaient le lieu, est en effet considérable. Pour le gymnase, on estime les dégâts à plus de 10 millions d’euros, auxquels s’ajoutent 245.000 euros pour le matériel sportif détruit, sans oublier une quinzaine de véhicules très endommagés, précisent nos confrères.
À propos de l’annonce de Thierry Meignen, on estime dans l’entourage du maire (DVD) Jean-Philippe Ranquet que « le message est clair : il n’y a pas d’impunité au Blanc-Mesnil », car « à force de laisser faire, ça sera le chaos ». « Cette famille n’a plus rien à faire dans la commune et cette mesure fera date si elle est suivie d’effets », est-il encore mentionné, sachant que l’objectif, « c’est d’avoir un caractère dissuasif ».
Fatiha, une retraitée habitant la cité des Tilleuls au Blanc-Mesnil, s’est montrée très satisfaite d’une telle mesure. « Je ne vois pas pourquoi quelqu’un qui met le feu à un bien public en pleine nuit continuerait à toucher normalement ses allocations », a-t-elle signifié auprès du quotidien francilien.
« Pour qui se prend M. Meignen ? Il n’est pas juge »
Marie, une ancienne fonctionnaire au tribunal de Bobigny, s’est montrée légèrement plus sceptique. « Je peux comprendre que la ville veuille montrer de la fermeté, même si je doute que cela puisse concrètement dissuader les délinquants potentiels », a-t-elle souligné de son côté.
Didier Mignot, ancien maire (PCF) du Blanc-Mesnil, estime en revanche que Thierry Meignen « n’est pas juge ». « Nous sommes encore dans un État de droit. Si la justice doit sanctionner les auteurs, et il faut le faire avec fermeté, c’est à elle d’en décider, et à personne d’autre », a-t-il déclaré, en ajoutant que « ces annonces ne règlent rien sur le fond » car « le mal est déjà fait ».
Dans son communiqué, Thierry Meignen a déclaré vouloir s’engager à reconstruire l’équipement sportif, indiquant à ce propos : « Il renaîtra, plus moderne et plus sûr, pour redonner aux habitants le lieu sportif qu’ils méritent. »

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