Logo Epoch Times

Gaza : sans bateau, les pêcheurs transforment des portes de frigo en paddles

top-article-image

Un Palestinien se tient sur la porte d'un réfrigérateur qu'il utilise comme embarcation de fortune, alors qu'il jette son panier de pêche à la mer dans le port de Gaza City, le 9 mars 2025.

Photo: BASHAR TALEB/AFP via Getty Images

Partager un article

Durée de lecture: 5 Min.

L’armée israélienne a détruit son bateau, alors Khaled Habib a eu une idée : prendre une vieille porte de réfrigérateur pour en faire une planche de paddle et pêcher dans le port de la ville de Gaza.
Comme dans tout le territoire palestinien assiégé et dévasté par quinze mois de guerre entre Israël et le Hamas, le port a été sévèrement endommagé par les bombardements, laissant les pêcheurs sans moyens de subsistance.
« On ne peut plus pêcher comme avant »
« La situation actuelle est très difficile et nous, les pêcheurs, nous souffrons. On ne peut plus pêcher comme avant, il n’y a plus de bateau, ils ont été détruits ou restent sur le sable », explique Khaled Habib.
Car malgré la trêve, en vigueur depuis le 19 janvier, « il est interdit de pêcher au large et la Marine israélienne nous tire dessus si nous sortons du port », dit-il alors que la pêche est une source importante de nutrition et de revenus pour les 4.000 pêcheurs professionnels de la bande de Gaza, une zone qui a toujours été très poissonneuse.
Selon l’ONU, le volume moyen des captures quotidiennes à Gaza a chuté depuis le déclenchement de la guerre le 7 octobre 2023 pour s’établir à seulement 7,3% des niveaux de 2022.
Une porte de frigo remplie de liège
Pour continuer à nourrir sa famille et ses proches, Khaled Habib a eu « une nouvelle idée ». Il a pris la porte d’un vieux réfrigérateur, l’a rempli de liège pour la flottaison, puis l’a recouvert de bois pour pouvoir tenir dessus et d’une toile plastique fixée par des rivets pour que sa planche de paddle soit étanche.
Il a aussi cloué des pales sur un long bout de bois pour en faire une double pagaie et fabriqué un casier à poisson en fil de fer, avec de la pâte à pain en guise d’appât.
Avec cette planche, sur laquelle il installe parfois une chaise en plastique, Khaled Habib peut naviguer dans les eaux du port et pêcher de la friture.

Le pêcheur Munir Murad utilise une porte de réfrigérateur comme embarcation de fortune dans le principal port de pêche de la ville de Gaza, le 7 septembre 2024. (OMAR AL-QATTAA/AFP via Getty Images)

Une partie de la pêche pour la famille et l’autre vendue au marché
« Je pêche assez de poissons pour nourrir ma famille, j’aide aussi les blessés en leur vendant du poisson pour pas cher », dit-il.
Il divise ainsi sa pêche dans deux sacs plastique pour en vendre une partie au marché du port où les produits de la mer sont hors de prix.

Un Palestinien nourrit un chat errant avec sa prise après avoir utilisé la porte d’un réfrigérateur comme embarcation de fortune pour pêcher dans le port de Gaza City, le 9 mars 2025. (BASHAR TALEB/AFP via Getty Images)

Son invention adoptée par d’autres pêcheurs
Plusieurs autres pêcheurs, notamment des jeunes, ont adopté son invention, et ont fabriqué leur propre planche, avec plus ou moins de succès en terme de flottaison.

Le pêcheur Munir Murad lance une cage pour piéger les crabes sur une porte de réfrigérateur qu’il utilise comme bateau de fortune dans le principal port de pêche de la ville de Gaza, le 7 septembre 2024. (OMAR AL-QATTAA/AFP via Getty Images)

« Tout le monde pourrait apprendre à nager, à pagayer et à naviguer » 
Mais pour Khaled Habib, ces planches ont une autre utilité. « Si on veut que la nouvelle génération sache nager, les bateaux devraient être faits à partir de porte de frigo et tout le monde pourrait apprendre à nager, à pagayer et à naviguer. »

Le pêcheur Munir Murad (à dr.) utilise une porte de réfrigérateur comme embarcation de fortune alors qu’il se prépare à partir dans le principal port de pêche de la ville de Gaza, le 7 septembre 2024. (OMAR AL-QATTAA/AFP via Getty Images)

« Grâce à Dieu, ils savent maintenant nager », affirme le pêcheur en regardant autour de lui les enfants tenter de rester en équilibre sur l’eau.