Kennedy Center
Fin des drag shows et des célébrations de la diversité : Donald Trump rebat les cartes de la culture à Washington
Un nouveau genre de spectacle s’impose au Kennedy Center, prestigieuse institution culturelle de Washington. À l’affiche, une série de conférences d’inspiration politique où les invités d’extrême droite sont désormais conviés, sous le patronage omniprésent de Donald Trump.

Photo: Madalina Kilroy/Epoch Times
« Que Dieu le bénisse. » Les mains tournées vers le ciel, plusieurs dizaines de participants, élégamment vêtus, forment un chœur fervent à la gloire du président américain.
Redonner à la culture nationale sa « grandeur » supposée
Le thème du jour : un « sommet pour mettre fin à la persécution des chrétiens », orchestré par la Conservative Political Action Conference (CPAC), puissante organisation couvrant l’ensemble du spectre de la droite américaine, jusqu’à ses marges les plus extrêmes. C’est une rupture de taille pour le Kennedy Center, bâtiment emblématique qui, depuis 1971, proposait une programmation culturelle éclectique, ancrée dans une tradition de neutralité politique.
Depuis le mois de février, l’établissement vit au rythme de l’ère Trump. Le président a écarté plusieurs membres historiques du conseil d’administration, désormais remplacés par ses proches : Usha Vance, épouse du vice-président, et Susie Wiles, cheffe de cabinet de la Maison Blanche, en tête.
Le credo présidentiel est limpide : combattre la « propagande antiaméricaine », faire table rase de la « culture woke » pour restaurer le patriotisme et redonner à la culture nationale sa « grandeur » supposée. Exit, donc, les spectacles célébrant la diversité. Supprimés, les populaires drag shows du Kennedy Center et les événements liés au mois des fiertés.
Annulation de dizaines de spectacles
En signe de protestation, des dizaines de spectacles et artistes ont annulé leur venue, la célèbre comédie musicale « Hamilton » en tête. Et la vente de billets s’est écroulée, a révélé vendredi le Washington Post. Depuis septembre, 57% des billets disponibles pour les trois principales salles de spectacle ont été écoulés, contre 93% à l’automne 2024.
Sur scène, drapeau américain imposant à l’arrière-plan, Jennifer Korn, membre de l’administration Trump, entame la série de conférences en louant l’action du président. Elle salue la création, « avec la bonté de son cœur », d’un Bureau des affaires religieuses à la Maison Blanche, dont elle fait partie.
La suite de son intervention épouse la rhétorique présidentielle : écoles accusées de « forcer les élèves à lire des livres sur les transgenres », dénonciation de biais antichrétiens grandissants. Autant de propos qui, désormais, résonnent dans une enceinte traditionnellement préservée des discours partisans.
Donald Trump transforme peu à peu le Kennedy Center en « organisation artistique gouvernementale, à l’image de ce que l’on observe dans d’autres pays, totalement alignée sur le pouvoir en place », s’alarme Andrew Taylor, professeur d’arts à l’American University.
L’hymne national avant chaque concert
Le nouveau dirigeant du Kennedy Center et proche du président, Richard Grenell, a demandé à ce que l’hymne national soit joué avant chaque concert du National Symphony Orchestra, l’orchestre symphonique du pays, pour célébrer le 250e anniversaire des États-Unis.
Autre nouveauté, annoncée par Donald Trump, amateur de chantiers: le Kennedy Center va faire peau neuve, « notamment au niveau des sièges, de la moquette, des revêtements muraux, des plafonds, des lustres, des scènes, du chauffage et de la climatisation ».
Le milliardaire républicain, qui a démoli une aile de la Maison Blanche pour faire construire une vaste salle de bal, rêve maintenant d’accoler son nom à l’établissement. « Le nouveau Trump Kennedy, oups, je veux dire Kennedy Center », a-t-il récemment lancé sur son réseau Truth Social.
Ironie ou prophétie ? Un élu républicain a proposé devant le Congrès de rebaptiser le Kennedy Center au nom du président en exercice. Si la mesure a peu de chances d’aboutir, l’emprise du milliardaire sur ce symbole de la culture américaine ne fait désormais plus de doute.

Articles actuels de l’auteur
05 décembre 2025
Shein sera-t-il suspendu en France ?









