Opinion
« Faire bloc avec Taïwan pour la paix et la prospérité mondiales »

Des visiteurs flânent dans un marché de nuit à Keelung, Taïwan, le 26 juin 2025.
Photo: I-Hwa Cheng/AFP via Getty Images
Aujourd’hui, le monde affronte une série de défis et d’incertitudes croissantes — des conflits qui s’éternisent, un recul des régimes démocratiques, jusqu’à la coercition économique et la prolifération des campagnes de désinformation. Les régimes autoritaires privilégient de plus en plus des tactiques d’influence hybrides pour fragiliser l’ordre international fondé sur le respect des règles.
Dans cet environnement aussi fragile et volatil, la paix ne saurait être tenue pour acquise. Les démocraties sont invitées à s’unir pour renforcer leur résilience et protéger les valeurs qui fondent notre mode de vie.
Taïwan s’impose comme un acteur central et un partenaire incontournable dans la région indo-pacifique, œuvrant sans relâche à la stabilité, la paix et la prospérité mondiales. Placée à l’avant-poste de la première chaîne d’îles de l’Indo-Pacifique, Taïwan défend la démocratie et la liberté face à l’expansionnisme autoritaire.
Sur le front économique, Taïwan joue également un rôle décisif pour la stabilité et la prospérité internationales, notamment grâce à son industrie des semi-conducteurs. Vingt-et-unième économie mondiale, Taïwan est à la pointe de l’intelligence artificielle (IA) et des semi-conducteurs — elle produit plus de 60 % des puces mondiales et 90 % des plus avancées. Cette puissance économique alimente la croissance et place Taïwan au cœur du développement international dans nombre de secteurs.
Résolue à défendre la démocratie, tant sur son territoire qu’à l’international, Taïwan s’engage fermement. Le président Lai Ching-te a présenté l’an dernier le plan d’action des « Quatre Piliers de la Paix », qui entend augmenter le budget de la défense et renforcer la résilience de la société dans son ensemble. Taïwan n’a aucune intention d’entrer en conflit avec la Chine, ni de la provoquer. Taipei appelle d’ailleurs Pékin à renouer le dialogue sur la base de l’égalité et du respect mutuel.
En complément, le ministère des Affaires étrangères a adopté une stratégie de « diplomatie intégrée » pour valoriser les atouts diplomatiques, militaires, technologiques et économiques du pays. Grâce à cette approche « smart power », Taïwan navigue avec habileté dans les relations internationales complexes, consolide sa présence mondiale et contribue à bâtir un monde plus stable et prospère.
À travers la chaîne mondiale des valeurs démocratiques, Taïwan tisse des partenariats avec les démocraties confrontées à des risques géopolitiques, afin de résister aux pressions autoritaires, promouvoir les droits humains, favoriser la gouvernance numérique et défendre un ordre international fondé sur les règles. L’exemple taïwanais montre que la démocratie peut endurer et prospérer même sous pression.
Puissance économique florissante, Taïwan domine la production de semi-conducteurs et de technologies de pointe. Cette force alimente l’innovation et la croissance, y compris dans les domaines de l’IA, de la numérisation et de la santé. Pour consolider sa position, Taïwan a lancé une diplomatie économique fondée sur des chaînes d’approvisionnement « non rouges », c’est-à-dire indépendantes du régime chinois, afin de bâtir des réseaux fiables et transparents qui protègent les industries clés des ingérences autoritaires.
Taïwan promeut également activement le projet « Prospérité des alliés diplomatiques », qui s’appuie sur la collaboration entre les secteurs public et privé pour consolider les ressources gouvernementales et tirer parti des atouts industriels de Taïwan afin de favoriser un développement mutuellement bénéfique. Parmi les initiatives mises en place, citons la collaboration avec le Paraguay pour développer un système d’information hospitalier intégré afin d’améliorer la gestion des informations médicales à l’échelle nationale, le partenariat avec l’Eswatini, anciennement Swaziland, dans le cadre d’un projet de réserve pétrolière visant à renforcer la sécurité énergétique et à stimuler l’industrie locale, et l’aide apportée aux Palaos pour devenir une nation insulaire intelligente et durable, illustrant ainsi l’engagement de Taïwan en faveur d’une coopération internationale durable.
Pourtant, en dépit de ses apports, Taïwan demeure exclue de la majeure partie des instances internationales et se voit empêchée d’accéder au système des Nations unies. Cette exclusion arbitraire découle de la campagne de désinformation orchestrée par la Chine au sujet de la Résolution 2758 de l’Assemblée générale de l’ONU (AGNU). Ce texte est abusivement associé au fameux « principe d’une seule Chine » et détourné pour bloquer l’accès de Taïwan à la scène internationale.
Cependant, la Résolution 2758 ne fait aucune mention de Taïwan : elle règle uniquement le dossier de la représentation de la Chine à l’ONU. Nulle part ce texte n’établit que Taïwan ferait partie de la République populaire de Chine (RPC), ni n’octroie à Pékin la représentation de Taïwan au sein du système onusien. Néanmoins, l’ONU s’est laissé influencer par la pression politique exercée par Pékin, prétextant cette résolution pour exclure Taïwan.
Face à cette injustice, Taïwan se mobilise et rallie un soutien grandissant à l’international. Le nombre de pays exprimant publiquement leur appui à Taïwan, notamment lors de rencontres bilatérales ou multilatérales comme le sommet du G7, ne cesse d’augmenter. Les autorités exécutives et législatives de nombreux États clarifient ouvertement que la Résolution 2758 ne détermine en rien le statut de Taïwan, ni n’interdit sa participation aux organisations internationales, y compris les Nations unies.
Alors que l’ONU célèbre son 80e anniversaire — et qu’il ne reste que cinq ans pour atteindre les Objectifs de développement durable — il est temps de concrétiser sa promesse de « ne laisser personne de côté » et de bâtir un monde « unis dans la diversité » en ouvrant ses portes à Taïwan.
Taïwan invite le monde à « faire bloc » et à l’aider en reconnaissant sa place légitime sur la scène internationale et en accueillant ses contributions. Ensemble, il sera possible de façonner un avenir meilleur et plus serein, tant pour la région indo-pacifique que pour l’ensemble du globe.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

Lin Chia-lung est un homme d'État taïwanais.
Depuis 2024, il occupe le poste de ministre des Affaires étrangères.
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