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Face aux menaces de la Russie, le Danemark appelle à une réponse forte de l’Europe

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La frégate danoise HDMS Esbern Snare (F342) patrouille à proximité de l'espace aérien de l'aéroport de Copenhague le 30 septembre 2025, Danemark.

Photo: Martin Sylvest Andersen/Getty Images

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Durée de lecture: 5 Min.

La capitale danoise s’est transformée en forteresse mercredi pour accueillir les vingt-sept dirigeants de l’Union européenne. Des milliers de policiers ont été déployés dans les rues de Copenhague, épaulés par des renforts militaires venus d’Allemagne, de Pologne, des pays scandinaves, de France et même d’Ukraine. Les États-Unis ont également apporté leur contribution en fournissant du matériel antidrone, témoignant de la gravité de la situation sécuritaire actuelle.
Ce sommet informel intervient dans un contexte particulièrement tendu, marqué par des intrusions répétées dans l’espace aérien européen et des incidents attribués à Moscou. La réunion des Vingt-Sept sera suivie le lendemain d’une rencontre européenne élargie, soulignant l’urgence des défis à relever.
« La pire crise depuis 1945 »
Mette Frederiksen, la Première ministre danoise, n’a pas mâché ses mots en ouverture du sommet. « Il n’y a qu’un seul pays prêt à nous menacer, et c’est la Russie », a-t-elle déclaré avec fermeté. Selon elle, l’Europe traverse actuellement « la situation la plus difficile et la plus dangereuse depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale ».
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, partage cette analyse alarmiste. Elle dénonce une stratégie russe visant à « tester » l’Europe tout en semant « la division et l’angoisse dans nos sociétés ». Un objectif que les dirigeants européens se sont engagés à contrecarrer par une réponse coordonnée et déterminée.
Emmanuel Macron a confirmé cette lecture des événements à son arrivée : « Nous sommes dans une confrontation avec la Russie », a affirmé le président français, résumant le sentiment général qui prévalait parmi les dirigeants présents.
Des drones fantômes paralysent le Danemark
Les semaines précédant le sommet ont été marquées par des signalements répétés de drones non identifiés survolant le territoire danois. Ces incursions ont provoqué la fermeture temporaire de plusieurs aéroports, y compris celui de Copenhague, le plus important d’Europe du Nord, perturbant gravement le trafic aérien régional.
Bien que l’origine de ces appareils n’ait pas été formellement établie, les autorités danoises pointent rapidement du doigt Moscou. La Russie est déjà soupçonnée d’avoir orchestré l’intrusion d’une vingtaine de drones dans l’espace aérien polonais début septembre, ainsi que la violation de l’espace aérien estonien par trois avions de combat quelques jours plus tard.
Quatre priorités pour la défense européenne
Face à cette menace hybride, les Vingt-Sept ont entamé des discussions concrètes sur le renforcement des capacités défensives du continent. Quatre projets prioritaires ont été identifiés : la défense spatiale, la consolidation du flanc oriental de l’Europe, le développement d’un système antimissile et la création d’un « mur antidrone ».
Pour financer ces ambitions, la Commission européenne a débloqué 150 milliards d’euros d’emprunts. Sur cette enveloppe, 100 milliards sont réservés aux pays de « première ligne », géographiquement exposés à la menace russe, notamment la Pologne et les États baltes. D’autres financements pourraient suivre, mais l’urgence est d’abord de définir une organisation efficace pour garantir la mise en œuvre opérationnelle de ces capacités.
Une feuille de route détaillée devrait être présentée par la Commission européenne fin octobre, après ces premières consultations.
Le soutien financier à l’Ukraine au cœur des préoccupations
Le sommet de Copenhague devait également aborder la question du soutien financier à long terme pour l’Ukraine, alors que les perspectives de paix s’éloignent et que l’aide américaine s’amenuise. Une proposition audacieuse a émergé : utiliser les 210 milliards d’euros d’avoirs russes gelés auprès d’Euroclear à Bruxelles pour garantir un prêt de 140 milliards d’euros à Kiev.
Cette idée se heurte toutefois à de fortes résistances. La France et l’Allemagne, craignant des répercussions sur les marchés financiers, s’opposent à une saisie pure et simple. La Belgique et le Luxembourg expriment également leur réticence, le Premier ministre luxembourgeois Luc Frieden évoquant « beaucoup de questions » en suspens.
L’adhésion de l’Ukraine à l’UE toujours bloquée
Sur le plan politique, l’adhésion de l’Ukraine à l’UE reste bloquée par le véto hongrois. Viktor Orban a confirmé mercredi son opposition catégorique, malgré la proposition d’Antonio Costa de contourner ce blocage par un vote à la majorité qualifiée. Le bras de fer diplomatique promet d’être long.
Avec AFP