Exode massif depuis Gaza : à pied ou entassés dans des camionnettes, des milliers de Palestiniens fuient
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Des Palestiniens déplacés évacuent la ville de Gaza vers le sud à pied et en véhicule le long de la route côtière à Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza, le 13 septembre 2025. .
Le long d’une artère poussiéreuse parsemée de débris, un cortège sans fin de familles palestiniennes se dirige vers le sud de Gaza.
Ces déplacés, entassés dans des véhicules de fortune ou marchant à pied avec leurs maigres possessions, fuient l’intensification des opérations militaires israéliennes dans la principale agglomération du territoire.
Le déplacement forcé d’un million de personnes
L’armée israélienne multiplie les ordres d’évacuation tout en poursuivant son offensive contre Gaza-ville, qu’elle décrit comme l’une des dernières places fortes du Hamas. Tel-Aviv prévoit le déplacement d’environ un million de personnes depuis le nord vers le sud du territoire palestinien, où vivent déjà près de deux millions d’habitants ayant subi de multiples déplacements depuis le début du conflit, déclenché par l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023.
Cependant, cette nouvelle vague d’évacués s’inquiète de ne trouver aucun lieu sûr, Israël ayant déjà bombardé à plusieurs reprises des secteurs désignés comme zones de refuge pour les civils.
Un exode dans la détresse
Parmi les fuyards, on aperçoit des personnes à mobilité réduite : un homme en fauteuil roulant tenant un nourrisson, un autre avançant péniblement sur ses béquilles. Le long de l’axe côtier près de Nousseirat, au centre de ce territoire ravagé par près de deux années de guerre, des familles épuisées progressent difficilement, transportant leurs affaires sur la tête ou entassées avec des matelas dans des camionnettes surchargées.
Des Palestiniens transportent leurs effets personnels alors qu’ils évacuent la ville de Gaza vers les zones sud de la bande côtière de Gaza, le 11 septembre 2025. (EYAD BABA/AFP via Getty Images)
Mohammed Ghazal, 32 ans, originaire du quartier de Choujaiya, témoigne de l’intensité des bombardements dans son secteur. « Nous sommes dans un état de terreur absolue. Les frappes se succèdent sans interruption depuis l’aube, avec des explosions d’une violence inouïe et des tirs constants », confie-t-il.
Des chiffres controversés
L’état-major israélien annonce que plus de 250 000 résidents ont quitté Gaza-ville depuis l’intensification de ses opérations militaires samedi. De son côté, Mahmoud Bassal, représentant de la Protection civile gazaouie, évoque plutôt 68 000 départs. L’impossibilité d’accès indépendant au terrain et les restrictions médiatiques empêchent toute vérification de ces données contradictoires.
« Mes enfants hurlaient d’épouvante »
Dans le quartier de Tel al-Hawa, au sud-ouest de Gaza-ville, Oum Alaa Chaaban, 45 ans, raconte une nuit blanche rythmée par les bombardements incessants. « Les détonations et explosions ne se sont pas arrêtées.
Des Palestiniens déplacés portent leurs affaires alors qu’ils passent devant les décombres d’un bâtiment, rasé lors d’une frappe israélienne nocturne qui a également endommagé les tentes environnantes utilisées comme abris temporaires, dans le quartier de Rimal de la ville de Gaza, le 13 septembre 2025. (OMAR AL-QATTAA/AFP via Getty Images)
L’aviation israélienne a visé de nombreux immeubles d’habitation. Nous étions terrorisés, mes enfants hurlaient d’épouvante », relate cette mère de famille.
Escalade destructrice
Les forces armées israéliennes ont rasé plusieurs tours résidentielles ces derniers jours à Gaza-ville, justifiant cette action par leur volonté d' »accélérer le rythme des frappes ciblées pour endommager les installations terroristes du Hamas et réduire les risques pour nos soldats ».
Dimanche, elles ont revendiqué la destruction d’une nouvelle tour, assurant qu’elle abritait des « postes d’observation du Hamas pour surveiller les mouvements de nos unités dans la zone ».
« Avertissement d’urgence » pour évacuation immédiate
La Défense civile palestinienne fait état d’au moins 20 victimes dans l’ensemble de la bande de Gaza depuis l’aube de dimanche. Le colonel Avichay Adraee, porte-parole militaire israélien arabophone, a diffusé un « avertissement d’urgence » exhortant les résidents du port de Gaza et du quartier de Rimal à évacuer immédiatement vers le sud.
Des tracts israéliens continuent par ailleurs d’être largués, alertant une nouvelle fois les habitants de Gaza-ville qu’ils se trouvent dans une « zone de combat à haut risque ».