Un document, daté du 16 octobre, prévoit l’ouverture du programme Erasmus+ à dix pays du sud et de l’est méditerranéens : Algérie, Maroc, Tunisie, Égypte, Liban, Israël, Jordanie, Libye, Syrie et territoires palestiniens, rapporte
Le Figaro. Présenté conjointement par Ursula von der Leyen et la Haute Représentante pour les affaires étrangères Kaja Kallas, le nouveau dispositif entend faire de la Méditerranée « un environnement plus intégré et plus inclusif ».
« L’Europe et la Méditerranée ne peuvent exister l’une sans l’autre »
Ce pacte pour la Méditerranée reposera sur trois piliers : les peuples, l’économie, et le lien entre sécurité, préparation et migration. Une « nouvelle plateforme méditerranéenne sur l’enseignement supérieur » doit également voir le jour.
Le projet sera accompagné de la création d’une Université méditerranéenne, chargée de développer des diplômes et des programmes conjoints entre étudiants et établissements des deux rives de la Méditerranée.
D’après
Politico, ce partenariat euro-méditerranéen s’inscrit dans le cadre d’un vaste plan d’investissement de 42 milliards d’euros. Ce budget, qui doublerait les financements actuels, vise à appuyer plus de 100 projets destinés à moderniser les infrastructures, tels que le soutien aux réseaux 5G ou « les liaisons ferroviaires, routières et maritimes, ainsi que les câbles sous-marins transportant des données entre nos nations », a indiqué Kaja Kallas.
Ursula von der Leyen a résumé l’esprit de cette initiative en une formule : « La vérité est que l’Europe et la Méditerranée ne peuvent exister l’une sans l’autre. »
« Faciliter la délivrance de visas »
L’un des axes majeurs du projet est la mobilité universitaire. La vice-présidente de la Commission, Dubravka Šuica, a détaillé les ambitions du programme, évoquant la volonté de « connecter les jeunes » à travers le continent. « Nous allons également intensifier les partenariats de talents avec le Maroc, la Tunisie et l’Égypte, et faciliter la délivrance de visas, en particulier pour les étudiants », a-t-elle annoncé lors d’une conférence de presse, ainsi que le rapporte Le Figaro.
L’objectif est aussi de promouvoir des voies de migration légale et qualifiée, « pour répondre aux besoins de main-d’œuvre de l’Europe », a encore précisé la vice-présidente de la Commission, une façon d’endiguer la migration irrégulière.
Dans un contexte de relations franco-algériennes tendues
Dans le même temps, l’Union européenne cherche à apaiser les tensions diplomatiques liées à sa gestion des flux migratoires, notamment après une polémique nationale concernant l’octroi de 8 351 visas étudiants à des ressortissants algériens, notent nos confrères.
Cette démarche s’inscrit également dans un contexte de relations franco-algériennes tendues : l’Algérie refuse de rapatrier ses ressortissants jugés dangereux ou condamnés, et l’écrivain Boualem Sansal ainsi que le journaliste Christophe Gleizes restent détenus malgré les appels du Quai d’Orsay.
Plus largement, en cherchant à rapprocher les jeunesses arabes et européennes, le Vieux Continent entend aussi contrer l’influence d’acteurs tiers. « Nous avons beaucoup à offrir à ces pays en termes de partenariat égalitaire. Nous sommes intéressés par une coopération dans les domaines de l’énergie, de la connectivité et des matières premières essentielles », a déclaré Kaja Kallas. « Notre proposition est bien plus positive que celle des autres acteurs géopolitiques, mais nous devons vraiment y travailler », a-t-elle ajouté, faisant allusion à la concurrence de la Chine et de la Russie dans la région, selon Politico.