Enfants poussés à voler au Trocadéro: jusqu’à six ans et demi de prison requis pour traite d’êtres humains

Photo: THOMAS COEX/AFP via Getty Images
Des peines allant jusqu’à six ans et demi de prison ont été requises jeudi à Paris contre six ressortissants algériens pour traite d’être humains aggravée, soupçonnés d’avoir rendu des mineurs étrangers isolés accros aux psychotropes pour les pousser à voler près de la Tour Eiffel.
La traite d’êtres humains est établie car les prévenus ont bien « provoqué une addiction » chez les enfants et adolescents, les ont « poussés à voler », leur ont « donné des indications sur qui voler » et « ont tiré bénéfice de ces vols », a soutenu la procureure Amélie Monteillet devant le tribunal.
Les peines requises contre ces hommes âgés de 23 à 39 ans vont de cinq à six ans et demi de prison, en fonction de leur degré d’implication. L’homme contre qui la peine la plus lourde a été demandée a été expulsé du box pendant les réquisitions car il s’était levé pour protester avec véhémence contre la peine réclamée.
La procureure a aussi requis deux ans et demi de prison contre un septième homme, jugé pour le trafic de psychotropes mais pas pour la traite.
Des psychotropes pour contraindre les adolescents à commettre des vols
Les six hommes sont accusés d’avoir initié à la drogue et gardé sous emprise de nombreux adolescents isolés, de nationalités marocaine et algérienne, en 2021 et 2022. L’objectif : les faire plonger dans l’addiction pour les contraindre à commettre des vols sur les touristes, en échange de comprimés de Lyrica ou de Rivotril, puissants psychotropes auxquels les mineurs se retrouvent rapidement accros.
Sur les 17 victimes identifiées, 12 sont parties civiles au procès. Aucun de ces mineurs isolés, à l’époque âgés de 7 à 16 ans, n’a souhaité se présenter au procès par peur de représailles.
Avant les réquisitions, leurs avocates avaient tour à tour salué dans leurs plaidoiries le fait que ces jeunes devenus de « véritables zombies », qui avaient pour la plupart été arrêtés à des multiples reprises, soient pour une fois considérés ici comme des victimes plutôt que des voleurs.
« Évidemment que les faits interrogent sur la responsabilité des pouvoirs publics, sur ces enfants laissés livrés à eux même », a dit la procureure, rappelant les « souffrances endurées » par ces jeunes souvent violentés.
La reconnaissance par le tribunal « de leur statut de victime est essentielle », a-t-elle insisté, et conduira à l’avenir « à l’adaptation de leur prise en charge », et à envoyer un message de fermeté et dissuasion aux « exploitants » et « réseaux ».

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