Coquille Saint-Jacques : l’or blanc du Bessin se porte bien

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Photo: STEFANO RELLANDINI/AFP via Getty Images
« La plus belle année de ma vie, comme chaque année », Jean-Marc Daubert accueille « en chaussons » au beau milieu de la nuit, sur son chalutier L’Espérance ,accosté à Port-en-Bessin-Huppain (Calvados) pour la dernière pêche à la coquille Saint-Jacques d’une énième saison extraordinaire.
Arrêtée vendredi dans le gisement le plus prolifique au monde, la baie de Seine, la pêche à la coquille a encore battu des records avec 13.500 tonnes pêchées en Manche Est du 14 novembre au 16 mars, pour toutes les criées normandes de Dieppe à Granville. C’est 15% de plus que l’an passé selon le comité des pêches, alors que les criées ne représentent que 40% du volume débarqué. « C’est vraiment la jachère qui multiplie la ressource, le réchauffement climatique sans doute aussi » assure le « patron » de L’Espérance en quittant le port de nuit avec une trentaine d’autres chalutiers.
La jachère, c’est une zone tournante d’interdiction de pêche mise en place en collaboration entre l’Ifremer et les pêcheurs. La baie de Seine, de Barfleur au Cap d’Antifer, est divisée en quatre tranches, dont une est fermée chaque année depuis 2016 pour permettre aux bivalves de mieux se reproduire.
Une bonne gestion des ressources garantit une pêche de qualité
La récolte ne cesse de progresser depuis près de dix ans, et Eric Foucher, chercheur à la station Ifremer de Port-en-Bessin, sait pourquoi : c’est lui qui a mis en place la gestion de cette ressource. « La pêche est limitée en nombre de navires, 220 licences pour la baie, dans le temps, quelques mois, quelques jours par semaine, quelques heures par jour », poursuit le chercheur interrogé par l’AFP. Les dragues aussi : « Depuis 2020, les anneaux font 97 millimètres contre 92 auparavant, les coquilles de moins de deux ans restent désormais au fond pour se reproduire ».
L’idée des jachères fut soufflée à l’homme par l’océan. « En 2011-2012, la baie a été fermée à cause d’une toxine, l’ASP (Amnesic Shellfish Poisoning, NDLR) » rappelle M. Foucher, l’ « année d’après, il y avait plus de coquilles, et plus grosses ». Une zone est depuis mise en jachère chaque année, permettant une plus grande densité de coquilles au fond de l’eau, et donc une meilleure reproduction, qui entraîne… une plus grande densité : « en 2005, il y avait une coquille tous les 5 m2, en 2022 il y en avait une par m2, voire trois ou quatre par endroits ».

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