Avent, Saint-Nicolas, Noël en Allemagne : ces belles traditions chrétiennes à transmettre à vos enfants
Le temps de l'Avent en Allemagne allie coutumes ancestrales et culture moderne de Noël. Couronne de l'Avent, saint Nicolas et Père Fouettard, sonneries des tours et messes Rorate marquent cette période de traditions et de recueillement. Parallèlement, la pression consumériste et les préparatifs créent une tension entre quête de paix, traditions et organisation stressante du quotidien.
Vive le vent (Jingle Bells) à chaque coin de stand, ouverture des marchés de Noël partout. Guirlandes lumineuses, l’odeur du vin chaud, des étoiles à la cannelle, de l’orangeat, diffusion de chants de Noël locaux et américains ainsi que de coûteuses sculptures sur bois de l’Erzgebirge saxon (région des monts métallifères) – le temps de l’Avent a définitivement commencé en Allemagne, après que déjà depuis la mi-septembre les pains d’épices et autres spécialités de Noël ont été proposés dans les magasins d’alimentation.
Le pré-Noël, c’est le temps de l’Avent (4 semaines avant Noël). Il commence avec le 1ᵉʳ dimanche de l’Avent et se termine cette année le 21 décembre avec le quatrième dimanche de l’Avent. Traditionnellement, cette période de fin d’année est associée au recueillement en famille, bien qu’assez souvent une pression d’attentes se crée : acheter des cadeaux pour la veillée de Noël, préparer des repas particulièrement bons.
Dans de nombreuses familles, on prépare des petits gâteaux et des stollens de Noël, le plus souvent par les mères, qui sont de toute façon déjà accaparées par le quotidien. Ainsi, cette période supposée calme peut aussi devenir pour certaines un test de résistance au stress.
La couronne de l’Avent : seulement 186 ans d’existence
Avent, du latin adventus (arrivée), désigne les quatre semaines avant Noël, durant lesquelles les chrétiens se préparent à la fête de la naissance de Jésus. Dans les siècles passés, ces semaines n’étaient pas associées aux pâtisseries sucrées, mais constituaient un temps de jeûne et de pénitence.
Cette tradition a été transmise depuis le 11e siècle, mais n’est aujourd’hui presque plus pratiquée. Sous l’impression de la détresse de la Première Guerre mondiale, l’Église catholique décida en 1917 de ne plus exiger le jeûne de l’Avent des fidèles.
Symbole du temps de l’arrivée, la couronne de l’Avent, tressée de branches de conifères. Chacun des quatre dimanches, une bougie propre est plantée sur la couronne et allumée. La couronne de l’Avent allemande typique avec ses quatre bougies n’existe pas depuis si longtemps. L’inventeur de cette tradition est considéré comme étant Johann Hinrich Wichern, qui au 19ᵉ siècle fonda la Maison Rauhe à Hambourg, un foyer pour enfants difficiles à éduquer et devenus délinquants.
En 1839, Johann Hinrich Wichern installa dans la salle de prière de son foyer la première couronne de l’Avent. Contrairement à aujourd’hui, il plantait pour chaque jour ouvrable jusqu’à la veille de Noël une bougie rouge sur la couronne. Les quatre dimanches de l’Avent, il les marquait avec des bougies blanches. Johann Hinrich Wichern voulait ainsi réjouir les enfants et rendre sensiblement perceptible le temps de préparation à la fête de Noël. La Maison Rauhe existe encore aujourd’hui en tant que fondation.
Saint Nicolas et le Père Fouettard
Dans le temps de l’Avent tombe également le 6 décembre. Selon la tradition chrétienne, le soir du 6 décembre, saint Nicolas vient avec un grand sac dans les familles et apporte des cadeaux pour les enfants. La coutume remonte à l’évêque Nicolas de Myre au 3ᵉ siècle.
Au Moyen Âge, Nicolas reçut en Allemagne un aide, le père Fouettard, qui devait punir avec une verge les enfants désobéissants. Le personnage porte des noms différents selon les régions. Au Rhin moyen, il s’appelle Nickel ou Pelznickel, en Rhénanie Hans Muff. Knecht Ruprecht connut sa plus grande notoriété au 19ᵉ siècle, également grâce au poème de Theodor Storm Le Père Fouettard (Knecht Ruprecht), dans lequel il est lié à l’Enfant Jésus :
« Et comme je vagabondais ainsi à travers la forêt sombre, on m’appela d’une voix claire : « Père Fouettard, cria-t-on, vieux compagnon, lève les jambes et dépêche-toi vite. As-tu donc aussi ta verge avec toi ? Je dis : la verge, elle est ici, mais seulement pour les enfants, les mauvais, elle les frappe sur la partie, la bonne. »
Aujourd’hui, les châtiments corporels sur les enfants sont punissables et ne sont plus pratiqués. L’origine de Ruprecht n’est pas claire, une théorie voit des parallèles avec des figures germaniques et slaves comme Dame Perchta.
St Nicolas en France
Les fêtes de la Saint-Nicolas en France se concentrent principalement dans le nord-est, notamment en Lorraine (Nancy, Metz, Épinal), en Alsace, mais aussi dans le Nord, à Boulogne-sur-Mer, avec des défilés, processions et marchés du dernier week-end de novembre au 6 décembre.
Principales villes et traditions françaises
À Nancy, où la fête de Saint-Nicolas est classée parmi les plus grandes célébrations de France. Les festivités débutent fin novembre avec des illuminations, un grand défilé de chars le samedi (place Carnot à Stanislas), un feu d’artifice, des villages de Saint-Nicolas (marchés), un mapping vidéo sur la légende du saint et des pains d’épices distribués en forme de saint Nicolas, des chocolats…
À Épinal, un cortège de 60 chars illumine les rues, accompagné d’un marché gourmand et d’un village festif.
Metz propose un défilé passant par la place d’Armes, des spectacles et un feu d’artifice le premier week-end de décembre.
En Alsace, Mulhouse, Colmar et Strasbourg organisent également des cortèges traditionnels. Saint-Nicolas arrive en bateau ou à pied, distribuant clémentines, pains d’épices et manneles (ou manalas) lors de parades.
À Boulogne-sur-Mer, une arrivée maritime par bateau à vapeur précède une parade avec artisanat et food trucks.
En Franche-Comté, à Besançon et Montbéliard, St-Nicolas passe également le 6 décembre pour rendre visite aux enfants sages accompagné de son âne et du Père Fouettard. En Franche-Comté comme dans certaines régions allemandes, le Père Fouettard est parfois représenté sous les traits d’une vieille femme mi-fée, mi-sorcière.
Coutumes familiales
Les enfants déposent une boisson et une carotte pour l’âne de Saint-Nicolas la veille du 6 décembre ; le Père Fouettard accompagne souvent le saint pour les dissiper. Ces fêtes, inspirées de la légende de l’évêque de Myre (patron des enfants), mêlent gastronomie (chocolats, friandises) et animations familiales.
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Luther et l’Enfant Jésus
Le réformateur Martin Luther voulait abolir la vénération des saints, y compris celle de Nicolas. Comme contre-projet protestant, il créa l’Enfant Jésus, qui devait apporter les présents à Noël. Plus tard, des interdictions pour les distributions de cadeaux de Nicolas furent même édictées, comme l’explique l’Église évangélique d’Allemagne.
Sonneries de l’Avent depuis tours et créneaux
Également influencée par le protestantisme est la sonnerie de l’Avent ou sonnerie des tours. Par des sonneries de trompettes, Jésus est symboliquement appelé à descendre sur terre.
À Potsdam, les sonneurs font de la musique les dimanches de l’Avent depuis des balcons de la Humboldtstrasse et au musée de Potsdam. À Worms sur le Rhin, la sonnerie des tours a lieu le 4e dimanche de l’Avent entre la cathédrale impériale et l’église Magnus.
À Chemnitz, des chorales de trombones jouent depuis le 15e siècle sur le balcon de l’ancien hôtel de ville. À Königstein, il y a le 3e dimanche de l’Avent une sonnerie festive des tours depuis l’église Sainte-Marie. Les personnes intéressées peuvent découvrir dans leur ville des concerts similaires de cuivres durant le temps de l’Avent.
Messes Rorate : des offices au petit matin
Ceux qui aiment l’atmosphère mystique et chrétienne peuvent se renseigner dans les paroisses catholiques sur les messes Rorate. Ces offices particuliers ont lieu entre 4 et 6 heures à la lueur des bougies.
Rorate signifie « répandez ou distillez ». Son introït reprend d’abord les paroles du prophète Isaïe (45, 48) : Rorate coeli desuper et nubes pluant justum. (Cieux, répandez votre rosée, que les nuées fassent pleuvoir la justice.)
« Cieux, faites venir le Juste comme une rosée ; qu’il descende des nuées comme une pluie bienfaisante : que la terre s’entrouvre et donne naissance au Sauveur. »
« Rosée des hauteurs célestes, salut que nous implorons, Seigneur, aie pitié. Lumière qui éclaire la nuit, consolation du monde perdu, Christ, aie pitié de nous. Viens du trône céleste, Jésus, Fils de l’homme, Seigneur, aie pitié de nous. »