88 millions d’euros de bijoux volés au Louvre : la présidente Laurence des Cars face aux sénateurs

En coulisses, l’enquête se poursuit activement pour retrouver les quatre malfaiteurs et leur précieux butin, dérobé dans la prestigieuse galerie d’Apollon. Ce vol, commis dans l’un des lieux les plus emblématiques du patrimoine français, a suscité une vive émotion en France comme à l’étranger, provoquant une tempête politico-médiatique sur la sécurité des œuvres du musée.

Initialement qualifiés d’« inestimables » par les autorités, les bijoux dérobés ont désormais une estimation officielle – sans prise en compte de leur valeur patrimoniale. Le préjudice s’élève à « 88 millions d’euros », selon la conservatrice du Louvre.
Une somme « extrêmement spectaculaire » mais qui, selon la procureure de la République de Paris, Laure Beccuau, « n’a rien de parallèle et de comparable au préjudice historique », a-t-elle déclaré mardi sur RTL.

En première ligne depuis dimanche, la ministre de la Culture Rachida Dati laisse aujourd’hui la parole à Laurence des Cars, qui n’a pas encore commenté publiquement le vol. La dirigeante doit être auditionnée à 16h30 (14h30 GMT) par la commission de la culture du Sénat.

Cette séance constituera un moment décisif pour celle qui, en mai 2021, est devenue la première femme à diriger le Louvre, institution de renommée mondiale ayant accueilli neuf millions de visiteurs en 2024, dont 80% d’étrangers.
Selon Le Figaro, Laurence des Cars aurait présenté sa démission après le cambriolage, démission que le président Emmanuel Macron aurait refusée, lui renouvelant son soutien. Sollicité par l’AFP, le Louvre n’a pas souhaité réagir à ces affirmations.

Mercredi, la présidente-directrice devrait être interrogée sur les conditions de sécurité dans la galerie d’Apollon, où sont exposés la collection royale de gemmes et les diamants de la Couronne – quelque 800 pièces au total. Parmi les huit joyaux dérobés, figurent notamment le diadème de l’impératrice Eugénie, orné de près de 2000 diamants, ainsi que le collier de saphirs de Marie-Amélie et d’Hortense de Beauharnais.

Face aux accusations des parlementaires mardi, Rachida Dati a exclu toute « faille de sécurité à l’intérieur » du musée, assurant que « les dispositifs ont fonctionné ». Elle a néanmoins pointé une défaillance sur la voie publique, qui aurait permis aux cambrioleurs d’installer un monte-charge et de pénétrer par une fenêtre.

Candidate à la mairie de Paris aux municipales de mars prochain, la ministre a reconnu que la France avait « sous-estimé pendant trop longtemps la sécurité des œuvres d’art ». Selon elle, « on a plutôt privilégié la sécurité des publics ».

Les syndicats du Louvre, reçus mardi au ministère, ont pour leur part dénoncé la baisse des effectifs dédiés à la surveillance. Dans un pré-rapport consulté par l’AFP, la Cour des comptes critique un « retard dans le déploiement d’équipements destinés à assurer la protection des œuvres ».

Laurence des Cars, figure respectée du monde muséal, a bâti sa carrière sur une expertise reconnue de l’art du XIXe et du début du XXe siècle. Avant de prendre la tête du Louvre, elle présidait les musées d’Orsay et de l’Orangerie, célèbres pour leurs collections impressionnistes et postimpressionnistes, dont les monumentaux Nymphéas de Claude Monet.

En 2007, elle avait été nommée directrice scientifique de l’agence France-Muséums, opérateur chargé du développement du Louvre Abu Dhabi, avant d’être promue au corps des conservateurs généraux du patrimoine en 2011.