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Traite et exploitation des êtres humains : une vérité glaçante en France

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Une femme rom et ses enfants mendient place de la Bastille à Paris, le 22 août 2012.

Photo: KENZO TRIBOUILLARD/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 4 Min.

La France continue de faire face à une crise humanitaire silencieuse. L’enquête annuelle publiée récemment par la Mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains (Miprof) révèle des chiffres alarmants : 7 285 personnes ont été victimes d’exploitation ou de traite d’êtres humains en 2024.
Ce bilan, basé sur le repérage d’associations, expose l’ampleur réelle du problème, bien que seuls les deux tiers de ces cas aient pu être pris en charge par les structures spécialisées.
Des femmes en première ligne
Les données de l’enquête confirment que la traite d’êtres humains frappe disproportionnément les femmes. Parmi les 4 823 victimes accompagnées par les 44 associations ayant participé à l’étude, 89 % étaient des femmes. Cette surreprésentation féminine est directement liée à la nature de l’exploitation : 86 % des victimes accompagnées subissaient une exploitation sexuelle, tandis que les autres formes d’exploitation incluaient le travail domestique (11 %), l’utilisation à des fins criminelles (2 %) ou la mendicité forcée (1 %).
L’exploitation des mineurs : un traumatisme précoce
La vulnérabilité des enfants face à ce fléau constitue une préoccupation majeure. Plus d’une victime majeure accompagnée sur deux (52 %) était mineure au moment du début de son exploitation. Ce chiffre souligne comment les réseaux criminels ciblent les plus jeunes, exploitant leur vulnérabilité et leur manque de protection. Particulièrement troublant : près d’un tiers des victimes (31 %) ont été exploitées par un membre de leur famille, dont 44 % par leur conjoint, révélant comment la traite s’enracine parfois dans les structures familiales.
Des réseaux criminels structurés 
L’exploitation ne survient généralement pas en isolation. Les trois quarts des victimes accompagnées ont subi une exploitation organisée dans le cadre de réseaux criminels structurés. Ces organisations criminelles assurent le « transfert » des victimes vers la France dans 72 % des cas, puis les contrôlent étroitement : 66 % sont hébergées par leur exploiteur, dont 27 % directement au domicile de celui-ci. Cette captivité physique et psychologique rend l’évasion extraordinairement difficile.
L’arme chimique : la dépendance forcée
Une stratégie de contrôle particulièrement insidieuse émerge des données : plus de 83 % des victimes d’exploitation sexuelle souffraient d’addictions à des médicaments et/ou des drogues fournis délibérément par leurs exploiteurs. Cette pratique systématique vise à créer une dépendance physique, à briser la volonté des victimes et à les désinhiber. Les associations et professionnels de santé expriment une inquiétude légitime face aux conséquences durables de ces polyconsommations sur la santé de ces personnes.
Des défis persistants en matière d’accompagnement
Si 64 % des victimes ont pu bénéficier d’une prise en charge médicale adaptée, un enjeu majeur subsiste : l’orientation vers un hébergement approprié. Les associations accompagnantes n’ont pu proposer une solution d’hébergement que pour deux tiers de leurs bénéficiaires, ce qui représente un obstacle critique dans le processus de reconstruction et de réinsertion sociale des victimes.
Avec AFP