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Trafic d’enfants : la Suède veut à son tour interdire les adoptions en provenance de pays tiers

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Wang Huaixue tient un bébé à l'orphelinat Wang Jiayu, dans la province de l'Anhui, en Chine, le 9 juillet 2006. (China Photos/Getty Images)

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Durée de lecture: 5 Min.

Une commission gouvernementale suédoise a recommandé l’arrêt de toutes les adoptions internationales après qu’une enquête a révélé des trafics d’enfants s’étalant sur plusieurs dizaines d’années et impliquant les autorités et les agences d’adoption sur place.
Le 2 juin, lors d’une conférence de presse à Stockholm, la ministre des Affaires sociales, Camilla Waltersson Gronvall, a déclaré à l’édition suédoise d’Epoch Times : « Il existe des cas effroyables d’absence cruelle d’informations, et même des cas d’enfants tout simplement enlevés à leurs parents [biologiques]. »
« Nous avons eu un niveau de confiance déraisonnable envers les gouvernements des pays d’origine des enfants adoptés en Suède. »
Selon Human Rights Watch, environ 60.000 personnes ont été adoptées en Suède. Le phénomène a commencé avec des enfants originaires de Corée du Sud dans les années 1950, puis s’est étendu à la Chine, au Chili, à l’Éthiopie, à l’Inde, au Sri Lanka et à la Thaïlande, pour atteindre un pic au milieu des années 1970-1980. Au début des années 2000, les chiffres ont commencé à diminuer régulièrement.
Alors que les inquiétudes grandissent quant à la possibilité que des enfants adoptés aient été retirés illégalement à leurs parents biologiques, la commission a découvert des cas confirmés de trafic d’enfants s’étalant des années 1970 aux années 2000.
Anna Singer, professeure de droit civil et responsable de l’enquête, a déclaré à Epoch Times que cette pratique « est en train de disparaître d’elle-même ».
« L’année dernière, 54 enfants ont été adoptés en Suède [depuis l’étranger]. De nombreux pays ont cessé de proposer des enfants à l’adoption internationale. »
« Les agences d’adoption ne constituent pas une solution durable pour répondre aux besoins de ces enfants », a-t-elle ajouté. « Il est préférable d’essayer d’améliorer les conditions de vie des pays d’origine. L’adoption internationale a peut-être contribué à ralentir ces efforts. »
La Chine pointée du doigt
Le rapport final en deux volumes publié le 2 juin – résultat d’une enquête qui a débuté en 2021 – indique que les organisations d’adoption suédoises « ont pris de grands risques en opérant en Chine, le pays étant fermé et offrant des possibilités de transparence très limitées tout au long de cette période ».
Il montre que tous les enfants adoptés en Chine étaient décrits comme abandonnés et n’avaient aucun historique, ce qui rendait difficile, voire impossible, d’évaluer si les adoptions étaient dans l’intérêt supérieur de l’enfant.
« Les autorités chinoises ont confirmé qu’au moins quatre adoptions en Suède étaient liées à un réseau de trafic d’enfants au Hunan, révélé en 2005. Mais il n’est pas impossible qu’il y ait eu davantage de cas de trafic d’enfants en Chine », peut-on lire.
Des incitations financières facilitaient ces situations : les orphelinats chinois recevaient une compensation de 3000 à 5000 euros par enfant placé en adoption internationale. L’autorité de contrôle suédoise a été en mesure de constater que les orphelinats dépendaient de ces frais pour leur fontionnement.
La plupart des adoptions ont eu lieu entre 2000 et 2010. La Chine est l’un des rares pays à avoir autorisé l’adoption de jeunes enfants par des parents adoptifs célibataires.
Le rapport indique également que les sociétés d’adoption suédoises n’ont pas été en mesure de garantir que les enfants proposés à l’adoption passaient par les voix légales ou que le processus était dans l’intérêt supérieur de l’enfant.
Dans de nombreux cas, les documents signés par les parents biologiques manquaient, même lorsque ces derniers étaient connus. Les dossiers manquaient souvent d’informations essentielles qui pourraient permettre aux personnes adoptées de connaître leurs origines.
« En fin de compte, c’est l’État suédois qui a failli à son devoir de protéger les droits des enfants dans le cadre d’adoptions internationales. Cela signifie que l’État doit assumer la responsabilité de ce qui s’est passé et prendre des mesures pour que cela ne se reproduise plus », indique le rapport.
Les Pays-Bas ont, eux aussi, annoncé en décembre dernier qu’ils élimineraient progressivement les adoptions internationales au cours des six prochaines années, après qu’un rapport officiel de 2021 a révélé que des enfants avaient été volés ou achetés à leurs parents biologiques, certains cas remontant jusqu’aux années 1960.
La Suisse a annoncé en janvier qu’elle prévoyait également de mettre fin aux adoptions internationales, face à des inquiétudes similaires en matière d’abus.
Roger Sahlström a contribué à la rédaction de cet article.
Avec Reuters et l’Associated Press
Owen Evans est un journaliste britannique qui couvre un large éventail de sujets nationaux, avec un intérêt particulier pour les libertés civiles et la liberté d'expression.

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