Sébastien Lecornu annonce une « amélioration de la retraite des femmes » en 2026

Une jeune femme avec sa pancarte lors du défilé dans les rues de la ville à l'appel des syndicats de l'intersyndicale et du mouvement « Tout bloquer ». à Pau, département des Pyrénées-Atlantiques, le 18 septembre 2025.
Photo: QUENTIN TOP/Hans Lucas/AFP via Getty Images
Dans un courrier adressé mardi soir aux partenaires sociaux et révélé mercredi par Le Monde, le Premier ministre Sébastien Lecornu s’est engagé à inscrire des mesures d’amélioration des retraites des femmes au projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026. Cette annonce fait suite aux travaux du « conclave » sur les retraites, ces discussions qui ont tenté pendant quatre mois d’amender la réforme controversée de 2023.
« Certaines mesures issues du conclave sur les retraites, notamment celle relative à l’amélioration de la retraite des femmes, feront l’objet d’une inscription au PLFSS pour 2026 », indique le chef du gouvernement, sans toutefois préciser le contenu exact de ces dispositions. Le Premier ministre exprime également sa volonté de « poursuivre les échanges autour des enjeux de pénibilité et d’usure professionnelle », ces sujets épineux qui ont cristallisé les tensions entre patronat et syndicats durant les négociations.
Des propositions chiffrées issues du conclave
Les mesures évoquées par Sébastien Lecornu devraient s’inspirer des pistes explorées lors du conclave, qui s’est conclu en juin sans parvenir à un accord. Parmi les propositions formulées figure un mécanisme visant à rendre plus favorable le calcul des pensions pour les mères de famille. Concrètement, il s’agirait de retenir les 24 meilleures années de carrière pour les femmes ayant eu un enfant, et les 23 meilleures années pour celles ayant eu deux enfants ou plus, contre 25 années actuellement pour l’ensemble des assurés.
Une seconde mesure concernerait le dispositif « carrière longue », qui permet aux personnes ayant commencé à travailler jeunes de partir avant l’âge légal de 64 ans. Les femmes bénéficiant de trimestres supplémentaires liés à la maternité pourraient en comptabiliser deux dans ce dispositif. Selon les estimations du conclave, chacune de ces deux mesures représenterait un coût de 200 millions d’euros à l’horizon 2030.
« Un hors sujet complet » pour la CGT
La réaction syndicale ne s’est pas fait attendre. Sur RTL mercredi matin, Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, a vertement critiqué l’initiative du Premier ministre. Pour la dirigeante syndicale, ce courrier constitue « un hors sujet complet » qui « ne répond à aucune de nos exigences sur les retraites » et « ne nous donne aucune réponse à nos questions » concernant le budget.
Sophie Binet a réaffirmé la position de sa centrale : l’abrogation pure et simple de la réforme des retraites de 2023 reste l’objectif. Sur le volet de l’assurance chômage, autre dossier évoqué par Sébastien Lecornu dans son courrier, la secrétaire générale de la CGT s’est montrée tout aussi critique. Le chef du gouvernement souhaite « poursuivre les discussions, notamment autour des ruptures conventionnelles », mais « ne nous dit toujours pas qu’il abandonne la réforme de l’assurance chômage que son prédécesseur voulait nous imposer », a déploré Mme Binet.
Un conclave qui a accouché d’un échec
Les négociations menées de février à juin avaient rassemblé le patronat (Medef, CPME) et trois organisations syndicales (CFDT, CFTC et CFE-CGC). Elles se sont achevées sur un constat d’échec, principalement en raison de désaccords profonds sur la prise en compte de la pénibilité et de l’usure professionnelle. Le Medef s’est montré particulièrement inflexible sur le maintien de l’âge légal de départ à 64 ans, rendant impossible toute avancée significative.
La CFDT ferme la porte à de nouvelles discussions
Sébastien Lecornu avait un temps envisagé de « réactiver le conclave », selon la presse. Mais la CFDT, première organisation syndicale française, a opposé une fin de non-recevoir catégorique. Début septembre, la centrale avait clairement indiqué sa position : « La CFDT a négocié loyalement pendant six mois pour corriger la dernière réforme. Le Medef a préféré l’échec. La seule voie possible pour la CFDT est désormais de suspendre la réforme et de renvoyer les choix futurs à 2027 ». Cette déclaration sonne comme un coup d’arrêt définitif aux velléités de reprise du dialogue sur les bases actuelles.
Avec AFP

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