Maria Corina Machado
Remise du prix Nobel à Oslo : l’exfiltration spectaculaire de Maria Corina Machado avec l’aide de Whashington
L'opposante vénézuélienne Maria Corina Machado, lauréate du prix Nobel de la paix, a révélé jeudi les détails de son exfiltration hors du Venezuela pour rejoindre Oslo. Cachée depuis près d'un an dans son pays, la dirigante de 58 ans a bénéficié d'un soutien américain crucial pour sa fuite.

La lauréate du prix Nobel de la paix Maria Corina Machado salue depuis le balcon du Grand Hôtel d'Oslo, en Norvège, aux premières heures du 11 décembre 2025.
Photo: Odd ANDERSEN / AFP via Getty Images
L’opposante vénézuélienne Maria Corina Machado, lauréate du prix Nobel de la paix, a révélé jeudi les détails de son exfiltration hors du Venezuela pour rejoindre Oslo. Cachée depuis près d’un an dans son pays, la dirigante de 58 ans a bénéficié d’un soutien américain crucial pour sa fuite.
« Nous avons reçu un soutien du gouvernement américain pour arriver ici », a-t-elle confié lors d’une conférence de presse dans la capitale norvégienne.
Selon le Wall Street Journal, l’opération a débuté lundi après-midi : déguisée et portant une perruque, Machado a quitté la banlieue de Caracas où elle se terrait depuis août 2024. Direction : un village de pêcheurs côtier.
Une traversée périlleuse de la mer des Caraïbes
Mardi, l’opposante s’est lancée dans une dangereuse traversée maritime vers Curaçao. L’armée américaine, alertée de l’opération, a supervisé le périple. À son arrivée, un expert en exfiltration mandaté par l’administration Trump l’attendait.
Un vol privé l’a ensuite conduite mercredi jusqu’à Oslo, trop tard toutefois pour recevoir son prix en personne. C’est sa fille Ana Corina qui a accepté la distinction à sa place, lisant un discours préparé par sa mère.
« Tous ces hommes et ces femmes ont risqué leur vie pour que je puisse être ici aujourd’hui », a déclaré Machado avec émotion. « Un jour, je pourrai vous raconter, car je ne veux certainement pas les mettre en danger maintenant. »
Un Nobel dédié à Donald Trump
Récompensée en octobre pour son combat en faveur de la démocratie vénézuélienne, Machado avait dédié son prix Nobel au président américain Donald Trump quelques heures après l’annonce.
Cette proximité avec Trump lui vaut des critiques, notamment concernant son soutien au déploiement militaire américain dans les Caraïbes. Depuis août, une imposante flottille navale américaine patrouille dans la région, officiellement pour lutter contre le narcotrafic, provoquant 87 morts selon les sources.
« Je crois que chaque pays a le droit de se défendre. Dans notre cas, je pense que les actions du président Trump ont été décisives pour en arriver là où nous en sommes aujourd’hui, à savoir un régime (vénézuélien, ndlr) plus faible que jamais », a-t-elle justifié jeudi.
Le retour, une autre mission périlleuse
Malgré les risques considérables, l’opposante s’est engagée à regagner le Venezuela. Au pays, la justice la recherche pour « conspiration, incitation à la haine et terrorisme ».
« Je suis venue pour recevoir le prix au nom du peuple vénézuélien et je le ramènerai au Venezuela au moment adéquat », a-t-elle affirmé au Parlement norvégien. « Je ne dirai pas quand ni comment cela se fera mais je ferai tout (mon) possible pour pouvoir rentrer et aussi mettre fin à cette tyrannie très bientôt. »
Benedicte Bull, spécialiste de l’Amérique latine à l’Université d’Oslo, analyse la situation : « Elle risque d’être arrêtée si elle rentre, même si les autorités ont fait preuve de plus de retenue avec elle qu’avec beaucoup d’autres parce qu’une arrestation aurait une portée symbolique très forte. »
Une crise diplomatique qui s’intensifie
La réapparition de Machado intervient dans un contexte de tensions extrêmes entre Caracas et Washington. Le président Nicolas Maduro accuse les États-Unis de vouloir le renverser pour s’emparer des ressources pétrolières du pays. Mercredi, Donald Trump a annoncé la saisie d’un pétrolier au large des côtes vénézuéliennes.
La dernière apparition publique de l’opposante remontait au 9 janvier lors d’une manifestation à Caracas. Elle était entrée en clandestinité après avoir été empêchée de participer à l’élection présidentielle de 2024.
Les États-Unis, l’Union européenne et de nombreux pays latino-américains refusent de reconnaître la réélection de Nicolas Maduro pour un troisième mandat. L’opposition revendique la victoire de son candidat Edmundo Gonzalez Urrutia, également présent à Oslo et aujourd’hui en exil.
« Pour avoir la démocratie, nous devons être prêts à nous battre pour la liberté », a déclaré Ana Corina Machado mercredi, portant la voix de sa mère devant l’assemblée norvégienne.
Avec AFP

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