Pour « sévices graves et actes de cruauté » sur des chevaux en Normandie : deux ans de prison ferme pour un homme de 23 ans

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Le tribunal correctionnel du Havre a tranché vendredi dans une affaire qui avait profondément choqué la région normande. Un homme de 23 ans écope de quatre années d’emprisonnement, dont deux ferme, pour une série d’actes de barbarie commis sur des équidés entre mai et août derniers.
Cette condamnation pour « sévices graves et actes de cruauté » s’accompagne d’obligations strictes : soins psychiatriques imposés, interdiction définitive de posséder animaux ou armes.
Des actes d’une violence inouïe
Les faits jugés révèlent une cruauté méthodique. Quinze chevaux ont été victimes de ce prédateur nocturne qui sévissait dans les prés et écuries de Seine-Maritime. Lacérations profondes, fractures causées par des coups violents, énucléations : les sévices infligés témoignent d’une violence calculée. Cinq équidés ont succombé à leurs blessures, dont un a dû être euthanasié tant ses souffrances étaient insupportables.
L’enquête a révélé un modus operandi récurrent : des attaques nocturnes répétées, menées avec un arsenal comprenant cutter ensanglanté, massette et même des friandises pour attirer les animaux. L’identification du coupable s’est faite grâce à des traces ADN laissées sur les lieux de ses derniers crimes.
Un profil préoccupant malgré les dénégations
Le parcours du condamné interpelle. Déjà sanctionné à 16 ans pour agression au couteau, ce jeune homme sans lien particulier avec le monde équestre invoque aujourd’hui « pulsions irrépressibles » et « voix » qu’il prétend entendre. Stratégie de défense ou réelle pathologie ?
Le tribunal a tranché après deux expertises psychiatriques concluantes : aucune altération du discernement n’a été retenue. « Il brandit l’étendard de protection de la nécessité de soins et se retranche derrière la pathologie psychiatrique », a dénoncé la procureure Sophie O’Hana, réclamant initialement cinq ans dont trois avec sursis probatoire.
Mobilisation générale contre la barbarie
L’émotion soulevée par cette affaire dépasse les seuls milieux équestres. Une cinquantaine de manifestants ont réclamé la peine maximale devant le palais de justice havrais. Propriétaires victimes, associations de défense animale comme 30 Millions d’Amis et Stéphane Lamart se sont mobilisés en tant que parties civiles.
Cette mobilisation rappelle les heures sombres de 2020, quand une vague de signalements de mutilations équines avait terrorisé les éleveurs français. Si la majorité des cas s’était révélée d’origine naturelle, la psychose était réelle dans cette Normandie qui concentre la plus forte densité d’équidés de France.
Entre justice et inquiétudes
Si la condamnation satisfait partiellement les victimes, des interrogations demeurent. Me Valérie Giard, défenseure du condamné, maintient ses craintes : « Il est malade, dangereux, peut s’attaquer à un codétenu ou surveillant. » Des propos qui résonnent différemment depuis que le tribunal a écarté tout trouble psychiatrique majeur.
L’homme restera incarcéré pour purger sa peine, laissant derrière lui une région meurtrie et des questions sur la prévention de tels actes. Cette condamnation marque certes la fin d’un cauchemar pour les propriétaires normands, mais ouvre aussi le débat sur la prise en charge des profils à risque.
Avec AFP

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