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Narcotrafic : le procureur de Marseille alerte sur les connexions franco-belges

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Le procureur de Marseille Nicolas Bessone pose dans son bureau à Marseille le 20 juin 2025.

Photo: MIGUEL MEDINA/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 4 Min.

Les autorités judiciaires françaises viennent de dévoiler un chiffre alarmant : pas moins de cinquante ressortissants belges ont été interpellés ces derniers mois dans le sud de la France pour leur implication présumée dans des réseaux de stupéfiants.
Cette révélation du procureur marseillais Nicolas Bessone, effectuée lors d’un déplacement officiel à Bruxelles, illustre parfaitement l’internationalisation croissante du narcotrafic européen.
Ces arrestations, qui ont eu lieu « dans le grand sud, entre les frontières espagnole et italienne », concernent principalement ce que le magistrat qualifie de « petites mains du trafic ». Parmi les cinquante interpellés, une vingtaine proviennent directement de la capitale belge, témoignant de l’attraction exercée par les marchés français sur les criminels bruxellois.
Quand la violence traverse les frontières
L’évolution la plus préoccupante concerne l’exportation des méthodes violentes caractéristiques du milieu marseillais vers d’autres territoires. Le procureur Bessone a notamment révélé l’arrestation de « deux Belges armés de Kalachnikov, venus pour exécuter un contrat », illustrant la professionnalisation et l’internationalisation des services d’exécution criminelle.
Cette circulation des criminels s’accompagne d’une circulation des pratiques. Les connexions établies entre les narcotrafiquants du quartier bruxellois du Peterbos et ceux des cités phocéennes démontrent l’existence de véritables partenariats transfrontaliers, où savoir-faire et ressources se partagent au mépris des frontières nationales.
Bruxelles dans le viseur : des similitudes inquiétantes
Au terme de sa mission d’observation de deux jours dans la capitale belge, invité par son homologue Julien Moinil, le procureur marseillais a dressé un parallèle saisissant entre les deux métropoles. Les « similitudes » relevées concernent particulièrement l’émergence d’une « ultraviolence assez décomplexée » pour le contrôle territorial des points de vente.
Cette violence se caractérise par l’utilisation systématique d’armes de guerre et par « le rajeunissement des auteurs et des victimes ». Un phénomène qui rappelle douloureusement la situation marseillaise, où cinquante homicides liés au narcotrafic ont été recensés en 2023 seulement.
L’alerte du magistrat français aux autorités belges
Face à cette escalade, Nicolas Bessone n’a pas mâché ses mots lors de son intervention médiatique. « N’hésitez pas à durcir et à adapter votre législation à la hauteur de la menace », a-t-il exhorté les autorités belges, pointant du doigt la nécessité d’une réponse judiciaire proportionnée à l’ampleur du défi.
Le magistrat a également interrogé les choix de société : « Est-ce qu’on estime que c’est cette contre-société qui s’érige en face de l’État qu’on veut pour notre jeunesse ? Il faut des moyens. » Une question qui résonne particulièrement en Belgique, où la capitale a connu plusieurs épisodes de violence armée ces derniers mois.
 « Exportation » des méthodes criminelles marseillaises vers la Belgique
Les faits donnent malheureusement raison aux inquiétudes du procureur français. En février 2025, Bruxelles a été le théâtre d’une « intense série de fusillades » directement liées au narcotrafic, dont au moins une s’est révélée mortelle. Plus récemment, à la mi-août, le parquet bruxellois a recensé deux décès supplémentaires dans le cadre d’une nouvelle vague de violences comptabilisant une vingtaine de fusillades en cinq semaines seulement.
Cette intensification des violences confirme les craintes d’une « exportation » des méthodes criminelles marseillaises vers la Belgique. Un phénomène qui transforme progressivement certains quartiers en zones de non-droit, où l’État peine à maintenir son autorité face à des organisations criminelles de mieux en mieux structurées et équipées.
La coopération judiciaire franco-belge, symbolisée par cette visite de travail, apparaît désormais comme une nécessité absolue pour endiguer un phénomène qui ne connaît plus de frontières.
Avec AFP