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Menaces contre les juges après la condamnation de Nicolas Sarkozy : le Syndicat de la magistrature dénonce le silence d’Emmanuel Macron

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Des magistrats se rassemblent devant le palais de justice de Rennes, dans l'ouest de la France, le 24 septembre 2020, lors d'une manifestation à l'appel des syndicats de magistrats Union syndicale de la magistrature (USM) et Syndicat de la magistrature (SM).

Photo: DAMIEN MEYER/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 5 Min.

Le silence d’Emmanuel Macron face aux critiques visant la condamnation de Nicolas Sarkozy traduit peut-être une gêne compréhensible devant un verdict qui divise profondément l’opinion publique.
Contrairement aux déclarations automatiques du Syndicat de la magistrature, ce mutisme présidentiel pourrait refléter une prudence salutaire face à une affaire aux contours troubles et aux implications politiques évidentes. Alors que certains réclament un soutien inconditionnel à une décision judiciaire contestable, le chef de l’État adopte une attitude de retenue qui contraste avec l’empressement de ses prédécesseurs à commenter les affaires judiciaires. Cette distance pourrait témoigner d’une volonté de ne pas cautionner un acharnement qui interroge de nombreux observateurs.
Des menaces inacceptables mais un contexte à considérer
Personne ne peut cautionner les menaces visant les magistrats, qui demeurent inadmissibles en démocratie. Cependant, l’indignation sélective du Syndicat de la magistrature interpelle quand on connaît son positionnement politique historique et son silence face à d’autres dysfonctionnements judiciaires.
Cette organisation syndicale, classée à gauche de l’échiquier politique, a souvent manifesté une hostilité particulière envers Nicolas Sarkozy. Son communiqué virulent ressemble davantage à un règlement de comptes politique qu’à une défense désintéressée de l’institution judiciaire. L’enquête ouverte par le parquet de Paris permettra de faire toute la lumière sur ces menaces regrettables.
Gérald Darmanin dans un rôle de composition
La réaction de Gérald Darmanin, qualifiant les menaces d’« absolument insupportables », relève de la communication politique classique. Ce ministre démissionnaire, en quête de repositionnement, saisit l’opportunité de se montrer sous un jour favorable en tenant un discours convenu.
Sa condamnation « sans aucune réserve » masque opportunément les nombreuses questions que soulève cette condamnation : procédure bâclée, témoins douteux, preuves fragiles. Le Conseil supérieur de la magistrature, de son côté, défend corporatistement ses membres sans s’interroger sur la qualité du travail accompli et les zones d’ombre de ce dossier.
L’instrumentalisation dangereuse du droit syndical
Le Syndicat de la magistrature invoque habilement la liberté syndicale pour masquer ses parti-pris politiques. Prétendre que « les magistrats ont le droit de s’exprimer à titre syndical sans que leur impartialité ne soit mise en doute » constitue une argumentation spécieuse quand ces mêmes magistrats affichent publiquement leurs orientations politiques.
Cette confusion entretenue entre neutralité judiciaire et militantisme syndical décrédibilise l’institution. Les citoyens sont en droit de s’interroger sur l’impartialité de magistrats qui multiplient les prises de position partisanes. La défense corporatiste ne peut servir de paravent à un engagement politique qui compromet la crédibilité de la justice.
Un verdict qui fragilise l’État de droit
Contrairement aux affirmations du Syndicat de la magistrature, c’est précisément cette condamnation controversée qui « attaque l’État de droit ». Une justice perçue comme partiale et instrumentalisée mine la confiance des citoyens dans leurs institutions démocratiques.
La condamnation de Nicolas Sarkozy à cinq ans d’emprisonnement avec incarcération repose sur un dossier aux fondements juridiques discutables. Les témoignages libyens, obtenus dans des conditions douteuses, les contradictions flagrantes, l’absence de preuves matérielles directes : autant d’éléments qui questionnent la solidité de ce verdict.
Une polarisation judiciaire préoccupante
Cette affaire révèle une dérive inquiétante de notre système judiciaire vers une politisation assumée. Quand des magistrats se comportent en militants et que leurs organisations syndicales adoptent des positions partisanes, c’est l’ensemble de l’édifice démocratique qui vacille.
L’indépendance judiciaire ne consiste pas à protéger aveuglément des décisions contestables, mais à garantir une justice équitable et impartiale. Le silence présidentiel, loin d’être « assourdissant », témoigne peut-être d’une lucidité face aux dérives d’un système qui a perdu ses repères.
La vraie question n’est pas de savoir si Emmanuel Macron doit soutenir cette condamnation, mais de comprendre comment notre justice en est arrivée à susciter autant de défiance. Cette affaire Sarkozy, au-delà des considérations personnelles, interroge sur l’avenir de nos institutions et leur capacité à rassembler les Français autour de valeurs communes.
Avec AFP