Lourd désaccord chez Les Républicains : Laurent Wauquiez défavorable à une participation au gouvernement, Bruno Retailleau plaide pour

Le 26 avril 2022, le logo du Les Républicains (LR) à Paris.
Photo: BERTRAND GUAY/AFP via Getty Images
Une tension palpable a marqué la réunion des parlementaires de droite ce dimanche. Deux figures majeures des Républicains ont exprimé des positions diamétralement opposées concernant la participation au nouveau gouvernement dirigé par Sébastien Lecornu.
D’un côté, Laurent Wauquiez, chef de file des députés LR, affiche sa réticence. De l’autre, Bruno Retailleau, président du parti et ministre de l’Intérieur sortant, milite ardemment pour un engagement. Cette division illustre les interrogations profondes qui traversent la droite française, tiraillée entre l’opportunité de peser sur les décisions gouvernementales et le risque de se compromettre sans garanties suffisantes.
Laurent Wauquiez tire le signal d’alarme
Le député de Haute-Loire n’a pas mâché ses mots lors de cette réunion cruciale. Selon lui, les critères essentiels justifiant une entrée au gouvernement ne sont tout simplement pas satisfaits. La lettre d’engagement transmise par le Premier ministre à son parti constitue selon lui une réponse décevante aux attentes républicaines.
« Participer, c’est cautionner », a-t-il martelé, refusant catégoriquement de « faire à nouveau un chèque en blanc ». Cette formule percutante vise directement l’expérience récente avec François Bayrou, que Wauquiez considère comme un échec cuisant. L’erreur de décembre dernier, lorsque LR a rejoint le gouvernement centriste sans disposer d’une feuille de route précise, reste gravée dans les mémoires.
Les thématiques de l’immigration, de la sécurité et du travail représentent pour Wauquiez des lignes rouges non négociables. Sur ces sujets fondamentaux pour l’identité politique de la droite, les engagements du nouveau Premier ministre apparaissent insuffisants, voire inexistants.
Bruno Retailleau défend la stratégie de la présence
À l’opposé du spectre, Bruno Retailleau déploie une argumentation pragmatique. Le ministre de l’Intérieur sortant redoute qu’une absence des Républicains au gouvernement ne les désigne comme « responsables du chaos » aux yeux des Français. Cette crainte témoigne d’un calcul politique différent : celui qui privilégie l’influence concrète à la préservation d’une pureté idéologique.
Retailleau peut compter sur des soutiens de poids : le président du Sénat Gérard Larcher et l’eurodéputé François-Xavier Bellamy appuient sa démarche. Pour lui, le poids parlementaire de LR constitue « une garantie » permettant d’infléchir les politiques publiques de l’intérieur.
Un bras de fer sur l’immigration
Les derniers jours ont été marqués par une offensive de Retailleau auprès de Sébastien Lecornu. Le patron des Républicains a tenté d’arracher des concessions substantielles, particulièrement sur le dossier migratoire. Lors d’une visioconférence jeudi avec les parlementaires, son agacement était manifeste : « il n’y a rien de rien », avait-il lancé avec une irritation visible.
Ses exigences portent notamment sur le transfert intégral de la politique des visas au ministère de l’Intérieur, une refonte de l’aide médicale d’État et le rétablissement du délit de séjour irrégulier. Ces demandes structurelles n’ont apparemment pas reçu l’écho espéré.
L’histoire récente pèse sur la décision
Cette situation inédite survient après plusieurs mois d’engagement gouvernemental. La droite a intégré la coalition à l’été 2024, suite à la nomination de Michel Barnier à Matignon, elle-même consécutive à la dissolution de l’Assemblée nationale. Cette expérience, jugée mitigée par Wauquiez, alimente aujourd’hui les débats internes.
La formation politique se trouve désormais à la croisée des chemins, devant trancher entre deux visions stratégiques de son avenir politique.
Avec AFP

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