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Lidl : condamnation définitive pour vente d’alcool à un mineur, décédé dans un accident de scooter

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Le logo d'un supermarché Lidl, le 30 mars 2025.

Photo: GABRIEL BOUYS/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 5 Min.

La Cour de cassation a confirmé mardi la condamnation du géant allemand de la distribution, marquant un tournant juridique majeur dans la lutte contre la vente d’alcool aux mineurs en France. La plus haute juridiction française a définitivement tranché : Lidl devra s’acquitter d’une amende de 5.000 euros pour avoir commercialisé de la vodka à Kilian, un adolescent de 16 ans tragiquement décédé en 2021.
Cette décision, rendue après le rejet du pourvoi formé par l’enseigne, constitue selon l’association Addictions France une « jurisprudence fondatrice » aux implications considérables pour la santé publique.
Le drame qui a tout changé
L’affaire remonte au 8 mai 2021, vers 18h15, à Urrugne dans les Pyrénées-Atlantiques. Kilian, présentant un taux d’alcémie de 0,56 gramme par litre sanguin, perd la vie en percutant un pylône avec son scooter, après avoir été heurté par un ami également en état d’ébriété. Plus tôt dans l’après-midi, vers 13 heures, les deux adolescents avaient acquis deux bouteilles de vodka dans un magasin Lidl, sans que leur minorité ne soit vérifiée.
L’ami de Kilian, jugé devant un tribunal pour enfants, a été reconnu coupable d’homicide involontaire. Quant à la mère de la victime, elle a engagé des poursuites contre l’enseigne, non par vengeance, mais dans l’espoir que la mort de son fils serve à prévenir de futurs drames similaires.
 Une négligence caractérisée selon la justice
La Cour de cassation a souligné la violation flagrante de l’article L. 3342-1 du code de la santé publique, qui interdit formellement la vente d’alcool aux mineurs et oblige les vendeurs à exiger une preuve de majorité. L’enquête a révélé que l’employé présent en caisse n’avait reçu aucune consigne pour effectuer systématiquement ces vérifications d’âge.
Cette défaillance caractérise, selon les magistrats, « la violation, en connaissance de cause » de la réglementation en vigueur. Lidl n’avait manifestement pas adopté les mesures nécessaires pour empêcher de telles transactions illégales, démontrant une négligence dans l’application des obligations légales.
Un fléau largement répandu
Cette condamnation intervient dans un contexte alarmant révélé par Addictions France. Selon une enquête menée en juillet dernier dans trois métropoles de l’Ouest français, près de 90% des supermarchés enfreignent la législation en vendant de l’alcool aux mineurs. Sur 90 établissements testés appartenant aux principales enseignes nationales (Auchan, Leclerc, Carrefour, Intermarché, Monoprix, etc.), 86% ont effectué des ventes illégales à des adolescents.
Ces chiffres catastrophiques illustrent l’ampleur d’un problème systémique qui dépasse largement le cas isolé de Lidl. L’association réclame depuis longtemps des « sanctions réellement dissuasives » et un renforcement des contrôles étatiques pour faire respecter la loi.
Des répercussions juridiques durables
Outre l’amende principale, Lidl devra verser 2.500 euros à l’Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie pour les frais de justice. Plus significativement, cette décision établit un précédent juridique qui pourra être invoqué dans d’autres contentieux similaires.
Addictions France y voit un « soulagement » et une « victoire importante pour la santé publique », tout en adressant ses pensées à Kilian et à sa famille. L’association appelle désormais tous les débitants de boissons – bars, épiceries, supermarchés – à tirer les enseignements de cette affaire en instaurant des procédures de vérification d’identité simples mais systématiques.
Un signal fort pour l’avenir
Cette condamnation définitive envoie un message clair au secteur de la grande distribution : la vente d’alcool aux mineurs ne sera plus tolérée et entraînera des sanctions pécuniaires et judiciaires. Elle s’inscrit dans une démarche plus large de protection de la jeunesse contre les méfaits de l’alcool, particulièrement préoccupants chez les adolescents.
La Fédération du commerce et de la distribution, sollicitée pour réagir à cette décision, n’a pas souhaité commenter. Lidl, de son côté, reste également silencieux face aux conséquences de cette jurisprudence qui marquera durablement le paysage juridique français en matière de prévention des addictions chez les mineurs.
Avec AFP