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Protection de l'enfance

L’Europe déclare la guerre aux substances toxiques dans les jouets

L'Union européenne franchit un cap décisif dans la protection de l'enfance. Mardi dernier, le Parlement européen a voté l'adoption d'une réglementation historique qui interdira d'ici 2030 la présence de polluants éternels et de perturbateurs endocriniens dans les jouets vendus sur le territoire européen.

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Drapeau de l'Union Européenne.

Photo: MARTIN BERTRAND/Hans Lucas/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 3 Min.

Cette nouvelle législation cible particulièrement deux catégories de composés chimiques redoutables. D’une part, les perturbateurs endocriniens, qui interfèrent avec le système hormonal des plus jeunes. D’autre part, les PFAS (substances per- et polyfluoroalkylées), ces fameux « polluants éternels » ainsi nommés en raison de leur persistance extraordinaire dans l’environnement.

L’industrie du jouet doit revoir sa copie

Marion Walsmann, députée européenne allemande du groupe PPE et rapporteure du texte, n’a pas caché sa satisfaction : « L’Europe envoie un signal clair : la sécurité ne doit pas être laissée au hasard ». Cette prise de position marque une rupture avec les pratiques actuelles de l’industrie du jouet.

Un calendrier serré pour les fabricants

Les industriels disposent désormais d’un délai de quatre ans et demi pour se mettre en conformité. À partir de cette échéance, tout jouet contenant intentionnellement des PFAS ou les bisphénols les plus dangereux sera strictement interdit à la commercialisation au sein des vingt-sept États membres.
Cette période transitoire permettra aux fabricants de repenser leurs processus de production et d’identifier des alternatives chimiques plus sûres. Un changement de paradigme nécessaire mais exigeant pour une industrie habituée à ces composés bon marché.

Le passeport numérique : traçabilité maximale

L’innovation majeure de cette réglementation réside dans l’introduction obligatoire d’un passeport numérique pour chaque jouet. Ce document électronique, facilement accessible, attestera de la conformité du produit aux nouvelles normes de sécurité européennes.
Les contrôles douaniers seront également renforcés pour bloquer l’entrée de produits non conformes, notamment ceux provenant du commerce en ligne international, secteur particulièrement difficile à réguler jusqu’à présent.

Des évaluations de sécurité renforcées

Avant toute mise sur le marché, les fabricants devront désormais soumettre leurs produits à une évaluation complète couvrant l’ensemble des risques : chimiques, physiques, mécaniques et électriques. Cette approche globale vise à éliminer tous les dangers potentiels, pas seulement les risques chimiques.

Pourquoi les PFAS inquiètent-ils autant ?

Utilisés massivement depuis les années 1950 pour leurs propriétés imperméabilisantes et antiadhésives, les PFAS se comptent par milliers. Leur stabilité chimique exceptionnelle explique leur surnom de « polluants éternels » : une fois libérés dans la nature, ils contaminent durablement les eaux et les sols.
Selon l’Agence européenne des produits chimiques, cette contamination est désormais « fréquente » à travers tout le continent, soulevant des préoccupations croissantes pour la santé humaine et les écosystèmes.

« Une victoire pour tous »

Pour Marion Walsmann, ce texte représente « une victoire pour tous : les consommateurs, les fabricants et l’avenir de nos enfants ». En modernisant la directive de 2009 devenue obsolète face au développement du e-commerce et des technologies numériques, l’Europe se positionne en pionnière mondiale de la protection infantile.
Cette réglementation, fruit d’un compromis entre le Parlement, la Commission et les États membres négocié en avril dernier, témoigne d’une volonté politique commune de placer la santé des enfants au-dessus des intérêts économiques immédiats.
Avec AFP