L’Élysée sort de sa réserve : « Les attaques et menaces de mort » contre les magistrats « sont inadmissibles », dénonce Emmanuel Macron

La façade et des grilles d'entrée du Palais de l'Elysée, le 11 décembre 2024.
Photo: AMAURY CORNU/Hans Lucas/AFP via Getty Images
Emmanuel Macron a fermement condamné dimanche sur les réseaux sociaux les intimidations visant plusieurs membres de la magistrature française. Cette prise de position intervient dans un contexte particulièrement tendu, après que la présidente du tribunal ayant prononcé la condamnation de Nicolas Sarkozy dans le dossier libyen a été la cible de messages de menaces.
Le locataire de l’Élysée n’a pas mâché ses mots : ces attaques, qu’elles soient anciennes ou récentes, sont « inadmissibles ». Une déclaration publique qui fait suite à plusieurs jours de polémique sur son mutisme présumé.
Une réaction sous pression
Cette intervention présidentielle fait directement écho aux critiques du Syndicat de la magistrature. L’organisation syndicale, positionnée à gauche de l’échiquier politique, avait vertement reproché le silence « assourdissant » du chef de l’État. Un reproche d’autant plus cinglant que la Constitution confie explicitement au président de la République la mission de garantir l’indépendance de l’institution judiciaire, selon son article 64.
Face à cette pression croissante, Emmanuel Macron a annoncé avoir saisi sans délai le ministre de la Justice et le ministre de l’Intérieur. L’objectif affiché : identifier rapidement les auteurs de ces menaces pour les traduire en justice dans les meilleurs délais.
L’État de droit en première ligne
Dans son message, le président a tenu à rappeler un principe fondamental : si les jugements peuvent légitimement faire l’objet de commentaires ou de critiques dans l’espace public, ces débats doivent impérativement se dérouler dans le respect des personnes.
« L’État de droit constitue le socle de notre démocratie », a martelé Emmanuel Macron, soulignant que l’indépendance et l’impartialité de la justice, ainsi que la protection de ceux qui la rendent, représentent des « piliers essentiels » de notre système démocratique.
Une double enquête en cours suite aux « messages menaçants »
Le parquet de Paris a déclenché vendredi l’ouverture de deux procédures d’investigation suite aux « messages menaçants » reçus par la magistrate ayant annoncé jeudi la peine de Nicolas Sarkozy : cinq années d’emprisonnement avec incarcération à venir dans l’affaire du financement présumé libyen de sa campagne présidentielle de 2007.
Gérald Darmanin, ministre de la Justice démissionnaire, avait déjà exprimé sa réprobation totale quelques jours auparavant. Il avait qualifié ces intimidations et menaces de mort d' »absolument insupportables en démocratie », condamnant ces actes « sans aucune réserve ».
La protection des juges en question
Cette affaire met en lumière la vulnérabilité croissante des magistrats dans l’exercice de leurs fonctions, particulièrement lorsqu’ils sont amenés à statuer sur des dossiers médiatisés impliquant des personnalités politiques de premier plan. La question de la protection des juges face aux pressions et aux menaces devient ainsi un enjeu majeur pour la préservation de l’indépendance judiciaire en France.
Avec AFP

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