Le Royaume-Uni ferme ses portes aux futurs étudiants militaires israéliens

Le bâtiment du ministère britannique de la Défense, le 6 mai 2025 à Londres.
Photo: Carl Court/Getty Images
Le ministère britannique de la Défense a annoncé lundi une mesure controversée : le Royal College of Defence Studies cessera d’accueillir de nouveaux étudiants israéliens dès 2026.
Cette décision, directement liée au conflit en cours dans la bande de Gaza, marque un tournant significatif dans les relations militaires anglo-israéliennes.
Une institution de prestige au cœur de la polémique
Établissement phare sous l’autorité du ministère de la Défense britannique, le Royal College of Defence Studies jouit d’une réputation internationale. Cette école forme l’élite militaire et civile, accueillant des « stratèges et dirigeants des forces armées ainsi que de la haute fonction publique » selon sa présentation officielle. Son programme international attire des étudiants du monde entier, désireux de bénéficier de l’expertise britannique en matière de défense.
L’annonce de cette suspension fait suite à des révélations du Daily Telegraph, contraignant le ministère à clarifier sa position. Bien que les étudiants israéliens actuellement inscrits puissent achever leur cursus, aucune nouvelle admission ne sera autorisée à partir de l’année prochaine.
Les justifications du gouvernement britannique
Dans son communiqué officiel, le ministère de la Défense rappelle sa tradition d’ouverture internationale, soulignant que « les formations militaires britanniques accueillent depuis longtemps du personnel issu d’un large éventail de nations ». L’accent mis sur « le respect du droit international humanitaire » dans tous ces programmes prend une résonance particulière dans le contexte actuel.
Cependant, Londres exprime clairement sa désapprobation face à l’escalade militaire israélienne. « La décision du gouvernement israélien d’intensifier davantage ses opérations militaires à Gaza constitue une erreur », déclare le MoD. Cette position s’accompagne d’un appel pressant à « un cessez-le-feu immédiat, au retour des otages et à l’accroissement de l’aide humanitaire pour la population gazaouie ».
Une présence militaire israélienne limitée mais symbolique
Les chiffres révélés en juin dernier montrent une participation israélienne modeste : « moins de cinq » militaires israéliens suivaient des « cours académiques non liés au combat » au sein de l’établissement. Cette présence réduite rend la mesure d’autant plus symbolique, signalant une volonté politique forte de marquer sa désapprobation.
« Un acte d’autodestruction de la sécurité britannique »
La riposte israélienne ne s’est pas fait attendre. Amir Baram, haut responsable du ministère israélien de la Défense et ancien diplômé de l’institution britannique, a vivement contesté cette décision dans une lettre adressée à ses homologues londoniens. Ses termes sont particulièrement durs : il dénonce un « acte discriminatoire » et une attitude « déloyale envers un allié en guerre ».
Plus alarmant encore, Amir Baram prédit des conséquences sécuritaires : « L’exclusion d’Israël ne représente rien de moins qu’un acte d’autodestruction de la sécurité britannique », met-il en garde. Ces propos révèlent la profondeur du fossé qui se creuse entre les deux nations traditionnellement alliées.
Un contexte de tensions croissantes
Cette suspension s’inscrit dans une série de mesures britanniques critiques envers Israël. Le Royaume-Uni a récemment suspendu plusieurs licences d’exportation d’armes destinées aux opérations gazaouies, tout en maintenant certaines exemptions, notamment pour les composants des chasseurs F-35.
La semaine dernière, Londres avait également interdit aux représentants gouvernementaux israéliens de participer à un salon d’armement majeur dans la capitale britannique. Paradoxalement, 51 entreprises israéliennes du secteur de la défense, incluant le géant Elbit Systems, étaient autorisées à exposer, provoquant des manifestations pro-palestiniennes devant le site.
Un avenir incertain pour les relations bilatérales
Cette décision reflète l’évolution de la position britannique face au conflit israélo-palestinien. Elle illustre la difficile équation à laquelle font face les alliés occidentaux d’Israël : maintenir des relations stratégiques tout en exprimant leur désaccord face aux méthodes employées à Gaza.
L’avenir des relations militaires anglo-israéliennes demeure incertain, cette suspension pouvant préfigurer d’autres mesures restrictives si le conflit perdure.

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