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Contes et moraleLe conte « Le Sarrasin » de Hans Christian Andersen
À travers la voix d’un vieux saule et l’arrogance d’un sarrasin, Hans Christian Andersen rappelle que la sagesse consiste parfois à s’incliner. Un récit où la tempête devient juge de l’âme.
Dans un conte de Hans Christian Andersen, un plant de sarrasin découvre la valeur de l'humilité.
Photo: RobbieIanMorrison/CC BY 4.0
Le conte Le Sarrasin de Hans Christian Andersen personnifie ce à quoi ressemble une vanité déplacée. L’auteur illustre la façon dont un orgueil mal placé devient dangereux : il pousse à se voir de manière irrationnelle ou démesurée, et à se croire supérieur aux autres.
Un fermier possède un champ où poussent du seigle, du blé, de l’avoine et du sarrasin. À côté du champ se dresse un très vieux saule, fendu en son milieu, d’où s’échappent des touffes d’herbe et des rameaux de mûrier. L’arbre observe affectueusement les cultures.
Toutes les plantes prospèrent. L’avoine est particulièrement belle avec ses fleurs jaunes qui, une fois mûres, ressemblent à de petits canaris posés sur une branche. Plus les épis gonflent, plus ils inclinent la tête dans un geste d’humilité respectueuse.
Une fleur de sarrasin. (STRONGlk7/CC BY-SA 3.0)
Au milieu de ce foisonnement de plantes, de fleurs et d’amies, le sarrasin refuse pourtant de courber la tête. Il se dresse aussi droit que possible. Il dit au saule : « Je suis au moins aussi riche que l’avoine […] et d’ailleurs bien plus séduisant. Mes fleurs sont aussi jolies que des fleurs de pommier. C’est un plaisir de me contempler, moi et mes compagnons. Vieux saule, connais-tu quelque chose de plus beau que nous ? »
Le saule hoche ses branches, laissant entendre qu’il connaît effectivement quelque chose ou quelqu’un de bien plus beau. Mais le sarrasin, gonflé d’orgueil, ignore ce signe. Il le traite de stupide et de laid, convaincu d’être supérieur à toutes les autres plantes du champ.
La démesure
Bientôt, un violent orage traverse la région et s’approche du champ, menaçant toutes les plantes. Voyant la tempête arriver, le blé, l’avoine, le seigle et le saule inclinent humblement la tête pour s’y préparer. Le sarrasin, lui, refuse obstinément.
Dans un conte de Hans Christian Andersen, un plant de sarrasin découvre la valeur de l’humilité. (RobbieIanMorrison/CC BY 4.0)
Les autres plantes le supplient de baisser la tête. Le saule l’avertit encore : « Ne regarde pas l’éclair quand le nuage éclate. Même les êtres humains n’osent pas le faire, car au cœur de l’éclair on peut regarder directement dans le ciel de Dieu […] Que nous arriverait-il, à nous simples plantes du champ, si nous osions faire une telle chose ? »
Toute cette sagesse ne trouve aucun écho. Le sarrasin se raidit davantage, gonflé de fierté. Il se croit supérieur et affirme que, peut-être, il verra Dieu.
La tempête s’approche, de plus en plus violente, jusqu’à recouvrir le champ et toutes ses cultures. Le vent, la pluie, le tonnerre et de terribles éclairs s’abattent. Le sarrasin tourne son visage droit vers la tempête, à son grand détriment.
Ce récit montre aux enfants combien l’orgueil malvenu peut être dommageable et jusqu’où il peut faire chuter. L’orgueil démesuré conduit souvent à penser qu’on peut s’élever bien plus qu’il n’est réellement possible, et qu’on vaut bien plus qu’il n’en est. Hélas, cette illusion rencontre tôt ou tard une réalité brutale et humiliante.
Les enfants peuvent retenir de l’histoire du sarrasin que l’orgueil précède la chute. L’humilité irrigue le jardin de l’âme : elle fait éclore des fleurs conscientes de leur propre beauté, tout en sachant admirer la merveille et la splendeur qui les entourent.
Kate Vidimos est diplômée en 2020 de la faculté des arts libres de l'université de Dallas, où elle a obtenu une licence d'anglais. Elle prévoit de poursuivre toutes les formes de narration (en particulier le cinéma) et travaille actuellement à la finition et à l'illustration d'un livre pour enfants
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