La menace russe dans l’espace : cri d’alarme du chef du commandement spatial britannique

Le bâtiment du ministère de la défense britannique, le 27 février 2025 à Londres, Angleterre.
Photo: Dan Kitwood/Getty Images
Le major général Paul Tedman, à la tête du commandement spatial britannique, a lancé un cri d’alarme vendredi lors d’un entretien accordé à la BBC. Ses révélations sont sans équivoque : les satellites militaires du Royaume-Uni subissent des tentatives de brouillage russes de façon régulière et systématique. « Nous constatons que nos satellites sont brouillés par les Russes de manière assez constante », a-t-il déclaré, précisant que ces interférences se produisent « chaque semaine ».
Cette situation préoccupante touche l’ensemble de la flotte spatiale militaire britannique, composée de six satellites en orbite. Ces équipements stratégiques, dédiés aux missions de communication et de surveillance, constituent l’épine dorsale des capacités de défense spatiale du royaume. Malgré l’intégration de technologies anti-brouillage sophistiquées, ces dispositifs ne parviennent pas à contrer totalement les attaques électroniques répétées.
Un espionnage spatial intensifié depuis l’Ukraine
Au-delà des tentatives de brouillage, le haut responsable militaire a révélé un autre aspect inquiétant de l’activité russe dans l’espace. Des satellites russes effectuent régulièrement des manœuvres d’approche rapprochée des engins britanniques. « Ils s’intéressent à ce que nous faisons et volent relativement près » de nos satellites, a expliqué le major général Tedman.
Cette surveillance spatiale s’est considérablement intensifiée depuis le déclenchement de l’invasion russe en Ukraine. Le conflit terrestre se double ainsi d’une confrontation orbitale dont l’ampleur ne cesse de croître. Le commandant britannique s’est dit « très inquiet » face à ces menaces persistantes, d’autant que l’espace devient de plus en plus encombré avec des milliers de satellites en activité.
Une course à l’armement spatial qui s’accélère
Les tensions actuelles alimentent les craintes d’une militarisation accrue de l’espace extra-atmosphérique. Les puissances occidentales et leurs adversaires se renvoient mutuellement la responsabilité de cette escalade, qui fait planer le spectre d’une course à l’armement cosmique aux conséquences imprévisibles.
L’Allemagne a récemment franchi un cap symbolique en annonçant un programme de défense spatiale colossal de 35 milliards d’euros. Le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, a directement pointé du doigt Moscou et Pékin, accusant ces deux nations d’avoir « rapidement développé leurs capacités à mener une guerre dans l’espace ».
La Chine en tête technologiquement, la Russie plus agressive
Le major général Tedman a apporté une nuance importante dans l’évaluation des menaces spatiales. Selon son analyse, « les Chinois ont de loin les capacités les plus sophistiquées, mais les Russes ont davantage la volonté d’utiliser leurs systèmes ». Cette distinction souligne la nature différente des défis posés par ces deux puissances rivales.
Face à cette situation, le chef du commandement spatial britannique plaide pour un renforcement substantiel des investissements du Royaume-Uni dans ce domaine stratégique. Une nécessité d’autant plus pressante que les alliances spatiales se structurent. Le mois dernier, Londres et Washington ont effectué leurs premières manœuvres satellites coordonnées dans l’espace.
Des boucliers technologiques en développement
« Nous menons actuellement, avec nos alliés, des opérations orbitales avancées pour protéger et défendre nos intérêts nationaux et militaires communs dans l’espace », a souligné Paul Tedman. Cette coopération transatlantique illustre la prise de conscience de l’importance vitale de l’espace pour la sécurité nationale.
Le ministère britannique de la Défense a annoncé vendredi le développement de capteurs nouvelle génération capables de détecter les lasers utilisés par des adversaires. Ces faisceaux lumineux servent à localiser les satellites, à les aveugler ou à perturber leurs communications. Cette riposte technologique marque une nouvelle étape dans la guerre électronique spatiale, désormais incontournable dans les stratégies de défense moderne.
Avec AFP

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