L’Arabie saoudite sous parapluie nucléaire pakistanais : une bombe diplomatique régionale

Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan (à g.), et son homologue pakistanais Ishaq Dar arrivent pour donner une conférence de presse conjointe au ministère des Affaires étrangères à Islamabad, le 16 avril 2024.
Photo: FAROOQ NAEEM/AFP via Getty Images
L’annonce a l’effet d’une bombe diplomatique au Moyen-Orient. L’Arabie saoudite bénéficiera désormais de la protection nucléaire du Pakistan, selon les révélations d’Ali Shihabi, analyste réputé proche de la cour royale saoudienne.
Cette déclaration fait suite à la signature surprise d’un traité de défense mutuelle entre les deux nations alliées, marquant un tournant majeur dans l’équilibre sécuritaire régional.
Un accord nucléaire longtemps préparé dans l’ombre
Contrairement aux apparences, ce rapprochement militaire n’est pas le fruit d’une décision impulsive. Selon Shihabi, cet accord stratégique était en préparation depuis plusieurs années, témoignant d’une planification minutieuse entre Islamabad et Riyad. « Le nucléaire fait partie intégrante de cet accord », a-t-il précisé à l’AFP, soulignant la dimension historique de cette alliance.
Cette coopération s’enracine dans un passé commun : l’Arabie saoudite a massivement financé le programme nucléaire pakistanais et a maintenu son soutien même durant les périodes de sanctions internationales. Aujourd’hui, le royaume récolte les fruits de cet investissement stratégique de long terme.
La riposte saoudienne aux menaces régionales
Le timing de cette annonce n’est pas anodin. L’accord intervient quelques jours après une frappe israélienne contre des dirigeants du Hamas au Qatar, événement qui a provoqué une onde de choc dans les monarchies du Golfe. Ces États, traditionnellement dépendants de la protection américaine, cherchent manifestement à diversifier leurs garanties sécuritaires.
Le ministre pakistanais de la Défense, Khawaja Asif, a confirmé cette nouvelle donne en déclarant à une chaîne locale que le programme nucléaire de son pays serait mobilisé pour défendre l’Arabie saoudite si nécessaire. Une promesse qui redéfinit les rapports de force au Moyen-Orient.
L’équation indienne : entre pragmatisme et inquiétude
Cette alliance nucléaire place l’Inde, grand rival du Pakistan, dans une position délicate. Shihabi se veut rassurant, affirmant que « l’Inde comprendra les besoins sécuritaires de l’Arabie saoudite » et rappelant les « excellentes relations » entre New Delhi et Riyad.
Cette confiance n’est pas dénuée de fondement économique. L’Arabie saoudite demeure un fournisseur pétrolier crucial pour l’Inde, troisième source d’approvisionnement du pays le plus peuplé au monde. Cette interdépendance énergétique pourrait tempérer les tensions géopolitiques naissantes.
Des liens historiques renforcés par la géopolitique
L’alliance pakistano-saoudienne ne date pas d’hier. Plus de 2,5 millions de Pakistanais vivent et travaillent en Arabie saoudite, créant des liens humains et économiques profonds. Le royaume a longtemps soutenu l’économie fragile du Pakistan, investissement qui trouve aujourd’hui sa contrepartie sécuritaire.
Cette coopération s’est également illustrée récemment lors du conflit de mai dernier entre le Pakistan et l’Inde, qui a fait plus de 70 morts. L’Arabie saoudite aurait joué un rôle central dans la désescalade, démontrant son influence croissante dans la gestion des crises régionales.
Un nouveau paradigme sécuritaire
Cet accord marque l’émergence d’un nouveau paradigme sécuritaire au Moyen-Orient. En s’affranchissant partiellement de la dépendance américaine, l’Arabie saoudite diversifie ses alliances et renforce son autonomie stratégique. Pour le Pakistan, cette coopération consolide son statut de puissance nucléaire régionale tout en renforçant ses liens avec un partenaire économique vital.
Cette alliance nucléaire inédite redessine la carte géopolitique régionale, créant de nouveaux équilibres et de nouvelles tensions. Elle témoigne d’un Moyen-Orient en mutation, où les alliances traditionnelles cèdent place à des partenariats pragmatiques dictés par les impératifs sécuritaires du XXIe siècle.
Avec AFP

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