La mairie de Malakoff défie la justice : 150 euros par jour d’astreinte pour son drapeau palestinien

La maire de Malakoff Jacqueline Belhomme (2ème à g.) et le sénateur Ian Brossat (3ème à dr.) du Parti communiste français (PCF), à Paris le 21 septembre 2025.
Photo: BERTRAND GUAY/AFP via Getty Images
La commune de Malakoff (Hauts-de-Seine) se retrouve au cœur d’une polémique judiciaire après avoir refusé de retirer le drapeau palestinien de sa mairie. Le tribunal administratif de Cergy-Pontoise a frappé fort lundi en imposant une astreinte quotidienne de 150 euros à la municipalité, effective jusqu’au retrait complet de l’emblème litigieux.
L’affaire prend ses racines vendredi dernier, lorsque la mairie de Malakoff décide d’arborer fièrement le drapeau palestinien sur son fronton. Ce geste symbolique visait à manifester le soutien de la commune à une éventuelle reconnaissance française d’un État palestinien. Cependant, cette initiative n’a pas tardé à provoquer la réaction du préfet des Hauts-de-Seine, qui a immédiatement saisi la justice administrative.
L’escalade : de l’injonction à l’astreinte financière
Samedi, le tribunal administratif de Cergy-Pontoise avait déjà rendu un premier verdict, ordonnant le retrait immédiat du drapeau sans assortir sa décision d’une pénalité financière. Mais face à la résistance affichée de Jacqueline Belhomme, maire communiste de Malakoff, qui annonçait ne céder qu’au mardi suivant, la situation s’est durcie.
Le préfet n’a pas hésité à repartir à l’offensive dès dimanche, réclamant cette fois une astreinte drastique de 5 000 euros par jour. Si le tribunal a finalement opté pour un montant plus modéré de 150 euros quotidiens, le message reste clair : la désobéissance a un prix.
La mairie riposte et défend ses convictions
Loin de se laisser intimider, la municipalité de Malakoff a immédiatement annoncé son intention de porter l’affaire devant le Conseil d’État. Dans un communiqué officiel, la ville justifie sa démarche par la défense de « la libre administration des communes » et de « la libre expression démocratique », transformant ce conflit local en débat sur l’autonomie municipale.
Un mouvement d’ampleur national
Cette bataille juridique s’inscrit dans un mouvement d’ampleur nationale. Selon les données du ministère de l’Intérieur, pas moins de 52 communes françaises avaient simultanément hissé le drapeau palestinien lundi à midi. Cette mobilisation coordonnée illustre l’engagement de nombreuses collectivités locales sur la question palestinienne.
La réponse ferme du gouvernement
Face à cette vague de contestation, le ministère de l’Intérieur a réagi avec fermeté. Des instructions claires ont été transmises à tous les préfets pour faire cesser ces pavoisements jugés contraires aux principes fondamentaux de l’administration française. Trois arguments majeurs sont avancés : le respect de la neutralité du service public, la non-ingérence dans la politique internationale française, et la prévention de potentiels « troubles graves » à l’ordre public.
Le périmètre des prises de position municipales en question
Cette affaire révèle les tensions entre engagement politique local et contraintes légales nationales. Elle questionne également les limites de l’expression politique des collectivités territoriales face aux orientations diplomatiques de l’État. L’issue de ce bras de fer juridique pourrait créer un précédent significatif pour l’avenir des prises de position municipales sur les questions internationales.
Avec AFP

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