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La gouvernance de la France à la dérive : Emmanuel Macron lâché par les siens, Sébastien Lecornu en mission impossible

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Emmanuel Macron et Sébastien Lecornu quittent les lieux après le défilé militaire annuel du Jour de la Bastille sur l'avenue des Champs-Élysées à Paris, le 14 juillet 2025.

Photo: LUDOVIC MARIN/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 5 Min.

La France traverse une tempête politique sans précédent. Mardi, Emmanuel Macron a confié à Sébastien Lecornu une mission périlleuse : mener des « ultimes négociations » avec les forces politiques pour bâtir une nouvelle coalition gouvernementale. Le ministre a jusqu’à mercredi soir pour définir « une plateforme d’action et de stabilité » capable de sortir le pays de l’impasse.
À Matignon, le gouvernement démissionnaire a réuni ses alliés pour concentrer ces discussions de la dernière chance sur deux dossiers brûlants : le budget 2026 et l’avenir de la Nouvelle-Calédonie. Fait notable, Bruno Retailleau, patron des Républicains, brillait par son absence, tandis que Gérard Larcher, président du Sénat, participait aux échanges.
Un refus cinglant de rencontres bilatérales
Sébastien Lecornu a lancé une série de rencontres bilatérales avec l’ensemble des partis politiques. Mais les premiers refus n’ont pas tardé. Le Rassemblement national et La France insoumise ont immédiatement décliné l’invitation, réclamant tous deux la dissolution de l’Assemblée nationale. Un camouflet qui présage des négociations ardues.
Trahisons en cascade : Emmanuel Macron lâché par ses anciens Premiers ministres 
L’isolement du président atteint désormais son propre camp. Édouard Philippe, ancien Premier ministre et président d’Horizons, a franchi le Rubicon en exhortant Emmanuel Macron à quitter l’Élysée avant la fin de son mandat. Le candidat déclaré à la présidentielle réclame « une élection présidentielle anticipée » après l’adoption du budget, dénonçant un État qui ne serait « pas tenu ».
La veille, Gabriel Attal avait déjà pris ses distances avec celui qui fut son mentor politique. L’ancien chef du gouvernement a sèchement déclaré ne « plus comprendre les décisions » du président. Toutefois, devenu patron de Renaissance, Attal a nuancé mardi en rejetant l’hypothèse d’un départ anticipé, craignant que « tout l’équilibre démocratique soit fragilisé ».
Ces défections successives illustrent la déliquescence du bloc présidentiel, incapable de présenter un front uni face à la crise déclenchée par la démission surprise de Sébastien Lecornu, survenue à peine 14 heures après la nomination de son gouvernement.
La gauche divisée, la droite désorientée : un pays à la dérive
Face au chaos, chaque famille politique adopte sa propre stratégie. À gauche, Les Écologistes et La France insoumise appellent à l’unité autour d’un « programme de rupture », visant notamment le Parti socialiste, réticent à renouer avec l’aile radicale.
Le PS d’Olivier Faure a organisé une réunion en visioconférence rassemblant toutes les forces de gauche sauf LFI. Sa revendication : « Nommer à Matignon un Premier ministre qui composera un gouvernement de gauche et écologiste. » Boris Vallaud, chef de file des députés socialistes, a analysé sur France Inter l’incapacité du président à négocier : « Il était incapable de le faire avec son propre bloc central. »
À droite, Bruno Retailleau sème la confusion. Après avoir déclenché la crise en menaçant de quitter le gouvernement pour protester contre sa composition, le ministre de l’Intérieur démissionnaire a tempéré sa position mardi. Il propose désormais que Les Républicains participent à une « cohabitation » avec la macronie, à condition que son parti ne s’y « dilue pas ».
Mais Bruno Retailleau sera-t-il sensible aux sirènes du Rassemblement national ? Jordan Bardella s’est dit « prêt à tendre la main » aux Républicains sur « un accord de gouvernement » en cas de législatives anticipées. Une perspective qui redessinerait complètement le paysage politique français.
Dissolution en vue : Macron joue son va-tout
L’entourage présidentiel laisse entendre que ces nouvelles tractations ne garantissent pas le maintien de Sébastien Lecornu à Matignon, même en cas de compromis. En cas d’échec, le président prendra ses « responsabilités », faisant planer la menace d’une nouvelle dissolution de l’Assemblée.
Un conseiller de l’exécutif estime que Sébastien Lecornu « peut réussir s’il décroche la suspension de la réforme des retraites par exemple », une exigence clé des socialistes. Mais dans l’atmosphère « gazeuse et hautement inflammable » actuelle, rien n’est garanti.
La « colère » du Medef face au décrochage du pays
Face à cette incertitude politique, les milieux économiques s’alarment. Patrick Martin, président du Medef, a exprimé mardi sur Franceinfo sa « colère » devant le décrochage du pays. La France retient son souffle en attendant l’issue de ces 48 heures cruciales qui détermineront son avenir institutionnel.
Avec AFP