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La croissance chinoise pourrait ralentir pour atteindre 2 %
Un marché immobilier atone et un système de protection sociale fragile rendent la construction d’un marché intérieur solide « très difficile », a estimé un professeur d’économie.

Des employées travaillent sur une chaîne de production chez Anhui Jingjiu Silk Co., à Fuyang, province de l’Anhui, dans l’est de la Chine, le 20 octobre 2025.
Photo: STR/AFP via Getty Images
Au milieu de sa guerre commerciale avec les États-Unis, la Chine aurait de la chance si son économie parvenait à croître de 2 % à 3 % au cours des prochaines années, selon un ancien chef économiste du Fonds monétaire international (FMI).
« Depuis longtemps, l’effort s’est trop concentré sur les infrastructures et les exportations, et tout indique que cela continue », a déclaré Kenneth Rogoff à propos de l’économie chinoise.
Dans la plupart des pays, la consommation représente au moins 60 % du revenu national, mais en Chine elle est « bien en deçà de 50 % », a-t-il indiqué à Epoch Times. « C’est une source majeure de demande qui fait défaut. »
Les élites du Parti communiste chinois ont promis de renforcer la demande intérieure et d’améliorer le niveau de vie des Chinois à l’issue de quatre jours de réunions qui se sont achevées le 23 octobre.
Le compte rendu officiel de ce rassemblement, appelé quatrième plénum, a livré peu de détails sur la manière dont Pékin compte atteindre cet objectif, se contentant d’annoncer que la direction chinoise s’engageait à « bâtir un marché intérieur robuste et à accélérer la mise en place d’un nouveau mode de développement ».
« Comment comptent-ils s’y prendre ? C’est, à mon sens, la vraie question. »
M. Rogoff a souligné que la léthargie du marché immobilier chinois et la fragilité du système de protection sociale rendent l’ambition de bâtir un marché intérieur solide « très difficile ».
En septembre, les prix des logements neufs ont reculé à leur rythme le plus rapide en onze mois, en baisse de 0,4 % par rapport au mois précédent, selon les données officielles publiées.
« Le logement représente peut-être 80 % du patrimoine de la famille chinoise moyenne », a rappelé M. Rogoff. « Les ménages s’inquiètent donc d’avoir perdu autant d’argent, ce qui rend difficile la relance de leurs dépenses. »
Autre frein à la construction d’un marché intérieur robuste, selon M. Rogoff : l’absence d’un système complet de retraite et d’assurance santé dans le pays.
« La Chine subit encore l’héritage de la politique de l’enfant unique », a-t-il poursuivi. « Un enfant doit s’occuper de deux parents, et peut-être de ses propres enfants, d’où la nécessité d’épargner. Les migrants qui s’installent en ville doivent financer eux-mêmes l’éducation de leurs enfants. Ils doivent donc épargner pour cela. »
« Les soins de santé restent assez rudimentaires », a-t-il ajouté. Comme les familles doivent épargner pour se soigner, « il est très difficile d’inciter à la consommation ».
M. Rogoff, aujourd’hui professeur d’économie internationale à l’université Harvard, affirme que la direction chinoise doit élaborer une nouvelle stratégie centrée sur le soutien à la demande intérieure.
« À défaut, la Chine risque d’être prise dans ce qu’on appelle parfois le piège du revenu intermédiaire, lorsque des pays atteignent un certain niveau de revenu — dans le cas chinois, on peut parler de niveau intermédiaire — mais ne parviennent jamais à aller plus loin. »

Des habitants se rendent à leur appartement dans la communauté Yanyuan pour personnes âgées, en périphérie de Pékin, le 5 décembre 2018. (Greg Baker/AFP via Getty Images)
Lors du conclave de la semaine dernière, la direction chinoise a réaffirmé son objectif de devenir un pays « modérément développé » d’ici 2035, ce qui reviendrait à doubler la taille de l’économie par rapport à 2020.
Malgré l’optimisme affiché à Pékin, M. Rogoff a prédit que la croissance de la Chine continuerait de ralentir.
L’économie du pays « s’en sortira bien si elle croît de 2 % à 3 % par an », a-t-il estimé.
La deuxième économie mondiale a progressé à son rythme trimestriel le plus faible en un an sur la période juillet–septembre, avec une hausse de 4,8 % sur un an, selon les données officielles.
Un porte-parole du Bureau national des statistiques, lors de la publication des chiffres le 20 octobre, a invoqué « un environnement extérieur complexe et sévère » et les pressions liées à la restructuration économique pour expliquer cette faiblesse. Il a toutefois adopté un ton confiant, ajoutant qu’« il existe encore de nombreuses conditions favorables pour atteindre l’objectif de croissance annuel ».
M. Rogoff, qui a été chef économiste du FMI de 2001 à 2003, a également indiqué qu’il ne s’attend pas à ce que les statistiques publiées par le régime, avançant 5 % ou 6 % de croissance, reflètent pleinement la réalité de l’économie chinoise.
« Les chiffres officiels peuvent indiquer cela, mais une comptabilité fidèle montrerait, à mon sens, un ralentissement de la croissance chinoise », a-t-il conclu.
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