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Injures contre la chanteuse Aya Nakamura : dix militants identitaires condamnés

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La chanteuse française Aya Nakamura arrive avant le Grand Prix d'Italie de Formule 1 sur le circuit Autodromo Nazionale Monza, à Monza, dans le nord de l'Italie, le 7 septembre 2025.

Photo: MARCO BERTORELLO/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 4 Min.

Le tribunal correctionnel de Paris a prononcé mercredi des condamnations pécuniaires contre dix membres d’un mouvement identitaire qui avaient diffusé sur internet l’image d’une banderole aux messages discriminatoires visant la chanteuse Aya Nakamura, dans le contexte de sa participation prévue à l’ouverture des Jeux olympiques parisiens.
Sur treize personnes poursuivies, les sanctions varient selon les individus : deux ont écopé de 3 000 euros d’amende sans sursis, un autre de 3 000 euros dont 1 000 fermes, quatre de 3 000 euros avec 2 000 euros de sursis, et trois de 2 000 euros entièrement assortis de sursis. Trois prévenus ont bénéficié d’un acquittement.
Le tribunal a modifié la qualification pénale initialement retenue, écartant les poursuites pour provocation à la haine réclamées par le ministère public au profit d’une condamnation pour injure publique à caractère discriminatoire, infraction moins sévèrement sanctionnée.
Profil des condamnés
Les treize mis en cause, dont l’âge s’échelonne entre 20 et 31 ans, gravitent autour du collectif « Les Natifs », organisation héritière du mouvement « Génération identitaire » dissous par les autorités en 2021. Ce groupe prône la théorie conspirationniste du « grand remplacement », postulant une substitution démographique programmée des populations européennes autochtones par des migrants extra-européens.
L’artiste visée
Aya Nakamura, de son nom civil Aya Danioko, âgée de 30 ans et ayant grandi à Aulnay-sous-Bois en région parisienne, détient le record mondial d’écoutes pour une chanteuse d’expression française. Sa prestation du 26 juillet 2024 lors de l’inauguration des JO, accompagnée de la Garde républicaine sur le Pont des Arts, a constitué l’un des temps forts les plus regardés de cette cérémonie.
Les faits reprochés
Le 9 mars 2024, suite aux annonces concernant la participation d’Aya Nakamura à la cérémonie olympique, le groupe « Les Natifs » avait publié sur ses plateformes numériques la photographie d’une banderole déployée sur l’île Saint-Louis à Paris. Le message inscrit détournait les paroles du titre « Djadja » de l’artiste : « Y a pas moyen Aya, ici c’est Paris, pas le marché de Bamako », faisant référence à sa ville natale malienne.
Le compte X du mouvement accompagnait cette publication de commentaires déplorant de « remplacer l’élégance française par la vulgarité, africaniser nos chansons populaires et évincer le peuple de souche au profit de l’immigration extra-européenne ».
Positions des parties
Durant les débats judiciaires, le parquet avait sollicité des sanctions allant de quatre mois d’emprisonnement avec sursis à quatre mois fermes, dénonçant « la rhétorique haineuse » des prévenus et « le caractère raciste et discriminatoire » de leurs actes.
L’un des accusés, s’exprimant au nom des « Natifs », avait défendu sa position en invoquant « la question de la liberté d’expression et celle de l’indépendance du système judiciaire ».
Motivation judiciaire
Dans son jugement, la juridiction a considéré que les prévenus n’avaient « pas uniquement pris parti contre une telle initiative mais exprimé un message empreint d’un profond mépris envers la chanteuse française, de peau noire, en la stigmatisant en raison de son origine africaine, message qui rejaillit sur l’ensemble des personnes issues d’une immigration subsaharienne ».
Cependant, les magistrats ont estimé que ces propos ne constituaient pas « une exhortation à la discrimination, à la haine ou à la violence », mais présentaient « toutes les caractéristiques de l’injure publique aggravée ».
Activité du mouvement
Le collectif « Les Natifs » rassemble plus de 11 000 abonnés sur Instagram et près de 20 000 sur X, plateforme où il relaie ses actions militantes. En mars dernier, ses membres avaient notamment recouvert de tissus noirs des portraits de femmes voilées exposés dans la basilique Saint-Denis, en banlieue parisienne.