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Dégradation de la note de la France : l’exécutif sous le feu des critiques

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Fitch Ratings Ltd, l'agence de notation financière internationale, le 15 mai 2025.

Photo: RICCARDO MILANI/Hans Lucas/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 5 Min.

La décision de l’agence de notation Fitch d’abaisser vendredi soir la note souveraine de la France de AA- à A+ a provoqué samedi un tollé dans la classe politique française.
Les leaders d’opposition ont unanimement dénoncé la gestion économique du pouvoir en place, mais avec des analyses divergentes sur les causes de cette dégradation historique.
Le RN et LFI convergent contre le « macronisme »
Marine Le Pen a livré samedi l’une de ses attaques les plus virulentes contre l’exécutif, fustigeant « l’incompétence toxique » du macronisme qui a « ruiné la France ». Pour la présidente du Rassemblement national, cette dégradation illustre l’échec d’un système qui n’offre aux Français que « le matraquage fiscal, le sacrifice des acquis sociaux et les coups de rabot pour éponger leur incurie budgétaire ».
Dans un message sur X particulièrement dur, elle estime que le pays « n’a plus de temps à perdre avec des politiciens prisonniers de leur propre lâcheté » et accuse le « Système » d’avoir « soigneusement maquillé » cette incompétence « sous les apparences d’une arrogante expertise pour mieux ruiner la France et empêcher le Rassemblement national de redresser notre pays ». Sa conclusion est sans appel : « Il ne faut pas changer de méthode mais rompre avec le macronisme. »
Étonnante convergence, Jean-Luc Mélenchon partage ce diagnostic en appelant lui aussi à « en finir avec la Macronie et ses politiques nuisibles pour la France et son peuple ». Le leader de La France Insoumise pointe toutefois une responsabilité plus spécifique en accusant François Bayrou d’avoir « dévalorisé la France comme Premier ministre pendant quinze jours ». Il reproche à l’ancien chef du gouvernement ses « discours alarmistes sur l’état des finances publiques » qui auraient contribué à ternir l’image du pays auprès des marchés financiers.
Bruno Retailleau élargit la perspective historique
Le président des Républicains et ministre démissionnaire de l’Intérieur Bruno Retailleau propose une lecture plus large de la crise. Pour lui, cette dégradation vient « sanctionner non seulement l’instabilité chronique voulue par les ingénieurs du chaos mais aussi des décennies d’errance budgétaire et de politiques social-étatistes ».
Cette analyse dépasse donc le seul mandat d’Emmanuel Macron pour englober une critique structurelle des politiques publiques françaises. Retailleau en profite pour attaquer préventivement le Parti socialiste, estimant que « ce que proposent les socialistes ne fera que tout aggraver », alors même que le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu mise sur une entente avec le PS pour faire adopter le budget 2026 à l’Assemblée nationale, où il ne dispose d’aucune majorité.
Les raisons invoquées par Fitch et l’amertume de François Bayrou
L’agence américaine a justifié sa décision par « la chute du gouvernement lors d’un vote de confiance », y voyant l’illustration de « la fragmentation et la polarisation croissante de la politique intérieure » française. Cette instabilité chronique « affaiblit la capacité du système politique à mettre en œuvre une consolidation budgétaire d’ampleur », rendant selon Fitch improbable l’objectif gouvernemental de ramener le déficit public sous la barre des 3% du PIB d’ici 2029.
François Bayrou, dont le gouvernement a été renversé lundi dernier sur la question budgétaire, a réagi avec amertume en pointant une « responsabilité collective ». « Un pays que ses élites conduisent à refuser la vérité est condamné à en payer le prix », a-t-il simplement écrit sur X, assumant implicitement sa part de responsabilité dans cette séquence.
Cette crise révèle l’impasse politique française : face à des défis budgétaires majeurs, chaque camp préfère pointer les responsabilités adverses plutôt que de chercher des compromis pour rassurer les marchés et restaurer la crédibilité financière du pays.
Avec AFP