Opinion
Dans le marécage des relations franco-chinoises: l’infiltration du régime chinois en France

Photo: Lintao Zhang/Getty Images
Quelques mois avant que le virus de Wuhan ne mette la vie de tous entre parenthèses et prépare, en plus du million de morts dans le monde, des centaines de milliers de pertes d’emplois en France, le sujet de la Chine était à l’agenda de l’Assemblée nationale française, à travers les questions posées par la révision de la loi de bioéthique. Dans celles-ci ressortait, saillante, la question des prélèvements forcés d’organes en Chine et de la possible responsabilité de la France : premièrement, a-t-elle oui ou non été associée, à travers des dizaines de partenariats hospitaliers, à la formation des chirurgiens chinois qui aujourd’hui tuent des prisonniers de conscience et s’enrichissent en vendant leurs organes à de riches demandeurs venus du monde entier ? Deuxièmement, ferme-t-elle les yeux sur le voyage en Chine de malades français qui iraient y acheter à prix d’or un organe, en provoquant la mort d’un ou d’une innocente ?
Les deux questions méritaient d’être posées et la clarté d’être faite. Pour le premier point, il eut suffi de corréler les programmes de formation de chirurgiens chinois des 20 dernières années – tous bien précisément archivés dans les registres du ministère de la Santé – et les lieux où, aujourd’hui en Chine, on assassine à tour de bras. Pour le second, d’appliquer la loi existante, qui exige une traçabilité totale du devenir des demandeurs d’organes, et expliquer alors pourquoi et comment plusieurs centaines d’entre eux disparaissent chaque année des listes d’attente des dons d’organes en France.
Pourtant, et malgré une trentaine de propositions déposées par autant de députés et soutenues par un grand nombre de leurs collègues, le gouvernement a bloqué toute évolution de la loi de bioéthique sur ces points. « On ne veut pas savoir », semble-t-il dire. Ou bien on sait déjà.
Sous la pression de tribunes publiées par des parlementaires dans de grands quotidiens nationaux, il – le gouvernement – a fini par lâcher du lest en annonçant qu’il signerait la Convention dite de Compostelle. Cette convention du Conseil de l’Europe pénalise le trafic d’organes humains et les complicités dans celui-ci. On n’aurait pu imaginer, pour un pays comme la France, de signature plus aisément acceptée. Et pourtant, le ministère de la Santé comme celui de la Recherche – et derrière eux bien sûr l’Élysée – ont freiné des quatre fers, pour finalement n’accepter un texte que si profondément modifié qu’il en est devenu inapplicable. La France n’étant pas un pays ciblé par cette Convention, pourquoi tant d’efforts pour bloquer un texte qui n’aurait dû gêner que le régime chinois ?
Des liens d’intérêts haut placés dans le gouvernement français ?
La complaisance française vis-à-vis de la Chine a été une nouvelle fois, et vivement, illustrée sur la période mars-avril 2020 : alors que les masques manquaient déjà sur le territoire et dans les hôpitaux, l’exécutif français gardait un silence de plomb. Il n’y avait plus de matériel de protection des soignants en France alors que, le 17 février, la France avait expédié – solidarité internationale légitime – 17 tonnes de matériel médical en soutien à la Chine. Un mois et demi plus tard, Pékin refusait d’appliquer la réciproque et engageait ce que certains ont pudiquement appelé « la diplomatie des masques ». Des diplomates américains de haut rang croyaient alors savoir que Pékin exigeait de Paris qu’un accord de fourniture d’équipements de 5G soit passé avec Huawei avant de débloquer les autorisations d’export de masques chirurgicaux. Si ce point n’a pas pu être confirmé par d’autres sources, il est par contre établi que des entreprises internationales de matériel médical basées en Chine avaient à cette période déjà produit des centaines de millions de masques, mais n’étaient pas autorisées à les expédier en absence d’accord du gouvernement chinois.
Ce qui aurait dû être un scandale international a été totalement passé sous silence et n’a jamais été abordé publiquement ni par l’Élysée, ni par le ministre de la Santé Olivier Véran. On ne peut s’empêcher de s’interroger sur l’influence du conseiller de M. Véran chargé de la question du Covid-19, Antoine Tesnière. Celui-ci, sans que personne en soit choqué, cumule sa fonction au ministère avec celle de directeur général d’ILumens, une plateforme de formation médicale qui a pour grand client…. le gouvernement chinois. Il co-pilote par ailleurs la « France China Foundation ».
Comment expliquer que, lors de sa récente tournée européenne, le ministre des Affaires étrangères chinois, Wang Yi, ait été reçu par le président de la République ? Le rôle de Wang dans l’appareil d’État chinois étant, malgré son titre, au mieux subalterne, quelques parlementaires ont demandé aux conseillers du Président les raisons de ce traitement de faveur, alors que la visite visait essentiellement à vendre la 5G de Huawei et éteindre les critiques sur l’annexion forcée de Hong Kong. Ils se sont fait vertement réprimander pour ces interrogations tout à fait inappropriées.
Le serpent de mer des instituts Confucius
Parmi les innombrables outils de soft power chinois utilisant le cheval de Troie des échanges culturels pour créer des réseaux d’influence et de corruption, les instituts Confucius occupent un place à part.
Il reste aujourd’hui 520 instituts Confucius actifs dans le monde, beaucoup ayant été forcés de fermer pour incompatibilité avec les valeurs d’ouverture de l’enseignement occidental. Dans les universités nord-américaines, plusieurs décisions de justice leur ont été défavorables du fait de leur agenda plus proche de la propagande que de l’échange culturel : sur le Tibet, sur Taiwan, sur le Xinjiang, sur le mouvement Falun Gong, seule la position officielle de Pékin y peut être transmise, soit une vision étriquée de ce qu’est la culture chinoise.
Espions à gogo et nids d’hirondelles
C’est ce même goût de la stratégie et de la programmation nationale qui fait que 40% des investissements français en Chine ont été centrés sur la ville de Wuhan, plaçant la France en première ligne de la contamination par le Covid-19 du fait de sa longue hésitation à fermer les lignes aériennes ce début d’année car, n’allait-on pas froisser Pékin ? Parmi ces grands groupes industriels français implantés à Wuhan, l’équipementier aéronautique Safran, immédiatement scruté par le régime chinois. Las, la collaboration entre le FBI américain et la DGSI française a heureusement permis de détecter un espionnage massif, à la fois par piratage informatique et par des agents chinois infiltrés.
Dans tous ces exemples, un objectif unique : profiter de la naïveté occidentale pour attirer les entreprises technologiques en Chine ou faire entrer des espions sur des sites stratégiques français. Capter l’information, l’utiliser, puis prendre une position dominante mondiale dans le secteur.
La Bretagne n’est pas la seule concernée, continue l’ouvrage d’investigation… L’amiral Morio de l’Isle a admis au cours d’une audition à l’Assemblée nationale avoir constaté une implantation étrangère « de plus en plus forte autour » des quatre Centres de transmission [CTM] de la Force océanique stratégique [FOST]. Par exemple, dans les environs de celui de Rosnay [Indre], la Chine a installé une université près de l’aéroport de Châteauroux. À cela s’ajoute entre autres l’achat de terrains agricoles à proximité de ce site militaire… là aussi sans opposition ni frein visible du gouvernement français.
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Le stratège militaire chinois Sun Tzu avait expliqué, il y a plus de 2500 ans, que le summum de l’art de la guerre est de soumettre l’ennemi sans verser une goutte de sang. Dans ses relations avec la France aujourd’hui, le régime chinois déploie cette stratégie en manipulant avec une immense efficacité des intérêts privés, une vision surannée de la diplomatie et une grande collection de « tigres en papier », menaces virtuelles censées empêcher l’émergence de toute idée de courage politique. La crise du Covid-19 servira-t-elle de leçon comme on veut nous en convaincre, ou le même fonctionnement continuera-t-il, ancrant toujours davantage l’inféodation nationale ?
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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