Au moins 75 blessés lors de violentes manifestations au Pérou
Copier le lien
Des manifestants s'affrontent avec les forces de l'ordre lors d'une manifestation contre le président par intérim du Pérou, José Jeri, le 15 octobre 2025 à Lima.
Selon le nouveau président péruvien, au moins 75 personnes ont été blessées lors de violentes manifestations à Lima, dont 55 policiers.
Après la destitution de la présidente péruvienne Dina Boluarte la semaine dernière, le président par intérim José Jeri a nommé un nouveau cabinet. Le 14 octobre, M. Jeri a nommé Ernesto Álvarez, ancien président de la Cour constitutionnelle, au poste de chef du gouvernement.
Il a nommé au poste de ministre de l’Intérieur le général de police à la retraite Vicente Tiburcio, chargé de mener la « guerre contre le crime ». Dans les années 1990, Vicente Tiburcio avait combattu l’organisation guérillera maoïste Sentier lumineux, classée comme organisation terroriste par le gouvernement péruvien.
Entre 1980 et 2000, environ 70.000 personnes ont perdu la vie dans le conflit qui opposait les groupes Sentier lumineux et Mouvement révolutionnaire Tupac Amaru.
Le gouvernement péruvien a expliqué que M. Tiburcio avait été nommé ministre de l’Intérieur en raison de son expérience dans la lutte contre « le crime organisé, le trafic de drogue et le terrorisme ».
José Jeri a annoncé qu’il allait lutter contre la vague d’extorsions et de meurtres qui sévit au Pérou depuis plusieurs années. Il a mis en garde les chefs de gangs : « S’ils continuent à contrôler nos rues depuis les prisons, nous agirons avec plus de détermination. » Tout ce qui doit être changé sera changé. « Vous êtes prévenus », a-t-il ajouté.
Le président péruvien Jose Jeri pose après une réunion au palais du gouvernement à Lima le 14 octobre 2025 avec les principaux maires des districts de Lima. (Connie France/AFP via Getty Images)
Manifestations : au moins 75 blessés, dont 55 policiers
Des milliers de manifestants se sont rassemblés le 15 octobre près du bâtiment du Congrès à Lima. À Arequipa, Cusco, Puno et dans d’autres villes péruviennes, des personnes sont également descendues dans la rue pour manifester contre le gouvernement.
Il y a eu « un niveau élevé de violence, de dégradation de biens publics et d’attaques contre des policiers », a déclaré le commandant de police Óscar Arriola à la station de radio RPP. Trois manifestants ont été arrêtés.
Le président par intérim Jerí a condamné la violence d’un « petit groupe » de manifestants qui aurait infiltré une « manifestation pacifique »
Lors d’une manifestation contre le président par intérim du Pérou, Jose Jeri, le 15 octobre 2025 à Lima. (Connie France/AFP via Getty Images)
Selon M.Jerí, au moins 75 personnes ont été blessées lors des manifestations parfois violentes qui ont eu lieu à Lima, la capitale du Pérou. Parmi les blessés, 55 sont des policiers et les 20 autres sont des civils, a-t-il précisé mercredi (heure locale) sur le service en ligne sur X.
Au cours des derniers mois, les crimes violents tels que les extorsions et les meurtres commis par le crime organisé ont considérablement augmenté au Pérou, et de nombreux citoyens ont exprimé leur mécontentement lors de manifestations.
Le 13 octobre, les transporteurs ont presque entièrement paralysé la capitale Lima. Jeudi, des tueurs à gages ont blessé quatre musiciens et un vendeur lors d’un concert dans le sud de la ville.
Des policiers antiémeutes tiennent leurs boucliers recouverts de peinture projetée par des manifestants lors d’une manifestation contre le président par intérim du Pérou, José Jeri, à Lima, le 15 octobre 2025. (Connie France/AFP via Getty Images)
Avant la destitution de Mme Boluarte, divers groupes sociaux avaient appelé à manifester afin d’exprimer leur mécontentement à l’égard de la classe politique.
« Moralement inapte » : le Parlement destitue Boluarte
Le Pérou traverse actuellement une crise politique profonde. Dina Boluarte a été destituée de ses fonctions par le Parlement péruvien le 10 octobre — 118 des 130 députés ont voté en faveur de sa destitution.
Dina Boluarte était « moralement inapte de manière permanente » à diriger le pays, selon l’une des motions de destitution déposées contre elle. La chef de l’État désormais destituée avait pris ses fonctions le 7 décembre 2022, succédant au chef de l’État de gauche Pedro Castillo, également destitué et emprisonné.
Comme l’a rapporté un journaliste de l’agence de presse AFP, une centaine de personnes se sont rassemblées devant le bâtiment du Parlement dans la capitale Lima. Lorsque le résultat du vote a été annoncé, elles ont éclaté de joie.
Des centaines de morts causées par la police sous le régime de Dina Boluarte
La présidence de Mme Boluarte a été marquée par des manifestations massives que la police a réprimées violemment. Selon les organisations de défense des droits humains, ces événements ont causé la mort de centaines de personnes. Le parquet mène actuellement une enquête à ce sujet ainsi que sur deux autres crimes présumés commis à son encontre.
Le gouvernement de transition restera en fonction jusqu’aux élections législatives et présidentielles prévues en avril 2026. Sur les dix-neuf membres du gouvernement, quatre sont des femmes.